Même en temps de pandémie, Yvon Trottier, un curé à la retraite, veille au mieux-être des aînés de sa communauté.
En avril dernier, Yvon Trottier a reçu par la poste une médaille du gouverneur général. «En quel honneur, on me remet ça?» s’est demandé le septuagénaire, surpris. Après avoir fait le tour du quartier pour percer le mystère, il a appris que c’est la municipalité de Fortierville, où ce natif de Deschaillons vit et a rempli ses fonctions de prêtre de 1986 à 1995 («Je fêterai l’an prochain mes 50 ans de prêtrise!»), qui avait soumis sa candidature, fière de son curé généreux et dévoué. En raison de la pandémie, l’occasion a été soulignée sans tambour ni trompette. Seulement une photo prise sur la galerie de la maison du brave curé. Mais pour lui, l’honneur était immense. Surtout qu’il venait de gens avec qui il a travaillé pendant de longues années pour le bien de la population. «Je ne m’attendais pas du tout à ça! Ça me touche et ça donne du sens à mes actions. Mais ce que je fais, c’est pour les autres. Ça me fait plaisir de le faire.»
Au cœur de sa communauté
Monsieur le curé, comme l’appellent affectueusement ses concitoyens, a passé toute sa vie à aider les jeunes et les familles, en les soutenant dans les moments difficiles et en mettant sur pied différents projets de bienfaisance communautaires. Pendant plus de 40 ans, il a aussi travaillé auprès des aînés. «J’étais le cadet d’une famille de sept garçons, mes parents m’ont eu sur le tard. Je me suis toujours senti très proche d’eux malgré la différence d’âge. Je suis très à l’aise avec les gens plus âgés que moi. J’ai pris goût à travailler avec eux, à être proche d’eux.» Depuis sa retraite, en 2014, il continue de veiller sur eux en tant que bénévole au Centre d’hébergement Fortierville. Chaque semaine, il y célèbre la messe. Il fait aussi la lecture à un auditoire des plus attentifs. «Plusieurs résidents, qui autrefois étaient d’avides lecteurs, ne peuvent plus lire. Cette activité leur permet d’être transportés par la lecture. Pour certains, les histoires évoquent de vieux souvenirs. Ils se mettent alors à parler du passé. Ces moments de partage sont toujours précieux.»
Un chapelet de gestes salutaires
Notre prêtre bénévole offre aussi aux résidents de ce CHSLD un service de soins spirituels, pour les soutenir et les réconforter, en plus de séances de massothérapie. «Beaucoup sont en fauteuil roulant et ont des douleurs. Ça leur fait du bien.» Depuis le mois de mars, M. Trottier se désole de ne pouvoir se rendre sur place. «Ça me manque.» Heureusement, il peut compter sur sa grande complice, Lucie Bouvet, technicienne en loisirs à la résidence. Ensemble, la paire n’est pas à court d’initiatives pour remettre d’aplomb et divertir leurs vieux amis. Ainsi, tous les jeudis soirs, Lucie fait le tour des chambres avec sa tablette afin que le prêtre puisse parler aux résidents et leur souhaiter le bonsoir. La première fois, ils étaient surpris, se souvient celui-ci. «Ils étaient tellement contents! Après notre jasette, je leur ai dit, maintenant, passez une bonne nuit. Et eux m’ont répondu: “Oui, Monsieur le Curé!”» Celui-ci est aussi très heureux de revoir son pote, un résident confiné à un fauteuil roulant en raison de sa paraplégie, avec lequel il s’est lié d’amitié. «Il ne parle pas, mais me fait des clins d’œil pour me signifier qu’il a saisi ce que je viens de lui dire.»
Le curé de la bonne humeur
En attendant de retrouver ses amis de la résidence (où, bonne nouvelle, il n’y a à ce jour aucun cas de COVID-19), M. Trottier vaque à diverses occupations. «Je ne connais pas ça, m’ennuyer!» Il célèbre des messes sur Facebook, lit, perfectionne son anglais et appelle ses belles-sœurs: «Tous mes frères sont décédés.» Il songe aussi à des façons de rendre plus agréable la vie de ses chers résidents. «La leçon à retenir de la crise est qu’il faut aller de l’avant et toujours chercher à améliorer la qualité de vie de nos aînés.» À cet égard, il fourmille d’idées. Comme celle de monter une pièce de théâtre à la résidence. Ou d’égayer la vie de ses compagnons par l’humour. «J’ai suivi une formation en rigolothérapie. Quand on rit ensemble, ça renforce nos liens de complicité. Et ça guérit bien des bobos!», termine monsieur le curé… en partant d’un rire joyeux.
Ces portraits sont réalisés dans le cadre de notre action On jase-tu? qui vise à briser l’isolement social. Merci à nos partenaires de leur appui: Quebecor | Les Résidences Soleil – Groupe Savoie | Laflamme et Associés | L’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic | McCafé
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