L’Inde c’est la richesse de la spiritualité de trois grandes religions, l’hindouisme, le bouddhisme et l’islam. C’est aussi des architectures hallucinantes, un fourmillement humain devant lesquels les Occidentaux se sentent souvent spectateurs. Ce pays se déroule devant les yeux des voyageurs comme un film impressionnant, un road movie qu’ils ne comprennent pas toujours, mais qui leur laisse des souvenirs impérissables.
Du Bengale occidental au Sikkim
Même si les distances sont longues, l’expérience de la route indienne n’est pas à dédaigner, puisqu’elle fournit une vue panoramique sur la vie indienne. Dans ce pays peuplé d’un milliard d’êtres humains, le paysage, c’est aussi cette humanité grouillante que l’on aperçoit sur la rue et sur les routes indiennes. Les pittoresques routes de montagne qui relient Bagdogra et Darjeeling, défoncées par les pluies abondantes, grimpent en serpentant dans un paysage splendide. Les chauffeurs jouent du klaxon dans les tournants. Des panneaux d’un humour douteux invitent à la prudence : «Enjoy your ride. Do not commit suicide.» «Give blood to the blood bank, not to the road.» En allant vers Gangkok, la route traverse des forêts de pins, des fermes d’orchidées et des plantations de thé. Des grappes de maisons s’accrochent aux falaises. Des hommes transportent des matériaux de construction dans des paniers accrochés dans leur dos qui tiennent par une sangle autour de leur tête.
Varanasi, ville sacrée
À Varanasi, où tout Hindou rêve d’aller un jour, le spectacle de la rue est désarmant. Mendiants et malades errent dans le dédale de ruelles envahies de déchets, de bouses de vaches, de crottes de chien et d’eaux douteuses. Cependant les rituels, qui se déroulent sur les ghâts (grand escalier pratiqué sur les rives escarpées d’un fleuve) au bord du Gange, le soir, quand les brahmanes rendent hommage au fleuve sacré, ou le matin, dans la tendre lumière du lever du soleil, au cours de manifestations plus privées comme les ablutions et les crémations, sont d’une poignante vérité.
Bruyante Delhi
Dans la très belle lumière matinale, des familles se réveillent sur la rue dans la poussière des terre-pleins, à l’ombre de l’hôtel Intercontinental et de la World Trade Tower.
Plus tard, la circulation devient complètement farfelue et le chaos règne dans cette ville où les ronds-points se conquièrent dans un assourdissant concert de klaxons. Des odeurs nauséabondes se mêlent aux parfums de cuisine. Les autobus crasseux sont bondés. Des vaches paissent au milieu des boulevards ou sur les trottoirs ombragés. Parfois, un petit troupeau de vaches avançant quatre par quatre bloque une artère importante à l’heure de pointe.
De Delhi à Agra
De Delhi à Agra
Le morne paysage de plaine n’est pas le principal attrait de la route achalandée qui va de Delhi à Agra sur ces quelque 200 km qui se parcourent difficilement en moins de 4 heures. Des femmes et des enfants frappent à la fenêtre de la voiture en réclamant de quoi manger. Sur la route il faut parfois s’arrêter pour acquitter des droits de passage. Pendant que les chauffeurs se chargent des formalités, les voitures sont assaillies par des mendiants, des montreurs d’ours, des dresseurs de singes vendeurs de bière et des charmeurs de serpents. Surprenant! Inquiétant, même, surtout que les glaces des voitures non climatisées sont ouvertes… Plusieurs feux de circulation sont hors d’usage.
Sur ce ruban de bitume chaotique et anarchique, affublé du nom pompeux d’autoroute, mais criblé de nids de poule et ponctué de dos d’âne, la voiture double des vélos, des piétons transportant de lourdes charges, des planches de bois, des feuilles de contreplaqué ou des briques, des rickshaws, des camions poussifs, des rouleaux compresseurs, des scooters sur lesquels s’entassent souvent trois passagers, dont une femme en sari assise en amazone, des poules, des troupeaux de chèvres, des tracteurs et des dromadaires chargés d’immenses poches de moulée pour animaux… Les bidonvilles se succèdent. Huttes de briques ou de bouse de vache, recouvertes de bâches de plastique ou de tôle ondulée.
Un peu avant d’arriver à Agra, la ville du Taj Mahal, on passe Mathura, où serait né Krishna. Au bout de cette route interminable et bouleversante, il y a Fatehpur Sikri Sikandra, le mausolée d’Itimad-ud-Daulah surnommé le mini Taj, et Agra, son Fort Rouge, et le Taj Mahal, extravagant hymne à l’amour d’un tout-puissant empereur moghol pour son épouse favorite, qui détonne dans l’écrin de la petite vie indienne.
Dépaysant à souhait, l’Inde! On en rapporte une vue impressionniste mêlant images fortes, odeurs et bruits… Comment planifier ce voyage hors du temps ? Pour Louise Roy, qui connaît bien le pays, le nord est incontournable. «Il faut compter au moins une douzaine de jours pour le voir. La plupart des gens qui vont en Inde y restent au moins trois semaines. Ça permet de compléter avec Khajuraho, Bombay, Madras, ou Calcutta.» Avant le départ, c’est une bonne idée de lire sur la destination et d’assister à des conférences et des films qui présentent l’Inde. «Il faut surtout s’intéresser à l’hindouisme si l’on veut comprendre l’Inde», précise Louise Roy.
Précautions et conseils
- S’informer à l’avance des vaccins requis.
- Ne jamais boire l’eau du robinet. Acheter de l’eau embouteillée et s’assurer que la bouteille n’a pas été ouverte. Boire beaucoup d’eau pour éviter la déshydratation.
- Se munir de savon antibactérien sans eau et l’utiliser souvent pour se laver les mains.
- Porter de bonnes chaussures de marche. On n’aime pas marcher en petites sandales dans la bouse de vache et autres déchets plus ou moins identifiables…
- S’habiller modestement, mais éviter les jupes trop longues qui risquent de traîner dans lesdits déchets… Les hommes comme les femmes devraient éviter les bermudas.
- Glisser une lampe de poche dans sa trousse de toilette. C’est utile pour se repérer dans une chambre d’hôtel inconnue en cas de coupure de courant.
- Ceux qui voyagent en solo et qui ne connaissent pas bien les hôtels où ils vont descendre devraient apporter un drap à glisser dans un lit pas toujours très propre, un diffuseur d’antimoustiques et une bougie parfumée dans un contenant de métal pour chasser les odeurs douteuses d’une chambre mal aérée.
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