Devrait-on ou non prendre son envol vers la Floride cet hiver? Avant de décider, une réflexion s’impose… et une bonne dose de patience.
Richard Martel attendait la mi-octobre pour savoir s’il pourrait voyager aux États-Unis avec sa conjointe. Depuis dix ans, le couple de Saint-Hubert passe entre cinq et six mois par hiver dans son condo de Hallandale, en Floride. «Nous l’avons acheté durant la crise financière, quand les prix avaient baissé, sinon on n’y serait jamais allés. On a hâte d’y retourner!»
Les voyageurs qui font le pied de grue en attendant le départ (ou non) pour le Sud comme Richard sont nombreux. Selon l’Association canadienne des snowbirds, environ 700 000 Canadiens passent chaque hiver au moins un mois en Floride. Pour les propriétaires de condos, les départs commencent dès le mois d’octobre. Les locataires, eux, partent plus souvent après les fêtes. Mais pour tous, la situation risque d’être différente cette année.
Chez eux en Floride
À Hallandale, nos deux tourtereaux vivent réellement la moitié de leur vie dans leur édifice à condominiums, dédié aux 55 ans et plus. Ils ont même créé des liens solides avec les autres résidents, dont 85 % viennent du Québec et le reste, de l’Ontario. «Quand on est là-bas, on est chez nous, affirme Richard Martel. C’est notre deuxième résidence. Nous y avons des amis, plus ici qu’au Québec! Comme on fait partie de l’association de condo, on parle aux autres membres, qui vivent les mêmes choses que nous.» Richard Martel s’est investi dans sa vie floridienne. Il a même créé le site internet lestubins.com afin de concentrer les informations nécessaires aux snowbirds, de même que le groupe Facebook Les Tubins de la Floride, regroupant 3 700 membres.
Au mois de mars, il se trouvait à Hallandale quand le gouvernement du Canada a recommandé aux Canadiens en voyage à l’étranger de rentrer au pays. «Nous avions suivi avec intérêt le problème vécu sur un bateau de croisière au Japon.» Des milliers de croisiéristes avaient alors été confinés à bord d’un paquebot au large de Tokyo, certains cloîtrés dans leur cabine, ne pouvant rentrer chez eux avant la fin de la quarantaine.
Retour précipité au Québec
À cette époque, tous les résidents de l’édifice à condos, dont plusieurs restent en général jusqu’à la fin du mois d’avril, sont rentrés chez eux. Pour leur part, Richard et sa conjointe sont revenus au Québec en voiture le 13 mars. «Habituellement, le trajet dure trois jours. Là, on est revenus en seulement deux.» New York et New Jersey se préparant alors au confinement, les possibilités de restauration en cours de route étaient réduites. «En Pennsylvanie, les haltes routières étaient fermées et celles de l’État de New York, quasiment désertes.»
Six mois plus tard, le couple rêve de retrouver son deuxième chez-soi. Même son de cloche chez tous les autres résidents, rapporte Richard. Mais dans les conversations du groupe Facebook et dans son réseau d’amis, il entend peu de snowbirds se dire prêts à se rendre en Floride tout de suite. Malgré leur hâte, la santé passe avant tout.
Direction la Floride si…
«Si les conditions favorables sont au rendez-vous», répond Richard Martel. Il faut d’abord que les États-Unis rouvrent leurs frontières aux Canadiens arrivant pour un voyage non essentiel. À l’heure actuelle, ce n’est pas le cas. Le gouvernement du Canada recommande pour sa part d’éviter tout voyage non essentiel à l’étranger. Cela dit, même si les frontières devaient rouvrir, il faut se rappeler que le gouvernement américain pourrait de nouveau les fermer dans le but de contenir une seconde vague de la pandémie. Les snowbirds qui se trouveraient alors de l’autre côté devront avoir un plan pour revenir rapidement. Si le trajet se fait en voiture, il vaudra mieux l’équiper avec les essentiels (nourriture, masques, médicaments, gel hydroalcoolique). À retenir aussi que le retour pourrait bien s’effectuer en avion. Les personnes restées le plus longtemps possible en Floride au printemps dernier, voulant pour la plupart utiliser la résidence louée jusqu’au bout de la période réservée, ont été obligées de délaisser leur voiture, les frontières terrestres étant fermées. «À ce jour, plusieurs cherchent encore une solution pour rapatrier leur auto au Québec.» Un pensez-y-bien.
Partir l’esprit tranquille
Avant d’organiser un voyage, mieux vaut vérifier si notre assureur nous couvre contre la COVID-19. La Croix Bleue du Québec et Medipac Assurance Voyage offrent désormais ce genre de couverture, disant faire confiance aux snowbirds pour respecter la distanciation physique et le port du masque. Bien entendu, ces entreprises invitent leurs clients à respecter les avis des gouvernements sur les voyages non essentiels à l’étranger. En effet, ils ne seront pas dédommagés s’ils ignorent un appel leur enjoignant de rentrer au pays dans un délai requis. Ils ne seront pas non plus assurables s’ils présentent des symptômes de la COVID-19 ou s’ils ont été diagnostiqués avant de quitter le Québec. Les deux assureurs proposent également des avenants à leurs contrats standard. Medipac offre d’augmenter la couverture d’assurance de deux à cinq millions de dollars contre un supplément de 59 $. La Croix Bleue ajoute un avenant spécifique à la COVID-19, sans frais.
Dans tous les cas, les snowbirds doivent prendre contact avec leur compagnie d’assurance avant de partir. «C’est aux voyageurs d’avoir une conversation avec leur assureur, car beaucoup de rumeurs circulent, et il existe tellement de clauses!», recommande Debbie Cabana, directrice marketing, médias sociaux et relations publiques chez Transat Voyages. Chacun devrait détailler son itinéraire de voyage avec son assureur afin d’être certain d’avoir une bonne couverture tout au long du séjour.
Connaître les consignes
Outre attendre la réouverture des frontières et souscrire une assurance adéquate, il faut vérifier que la pandémie a suffisamment diminué son activité en Floride. «Le mot d’ordre est préparation», souligne Debbie Cabana. Avant le départ, il est très important de bien s’informer sur notre destination si on ne veut pas que nos vacances au soleil se transforment en séjour à l’hôpital. Et même si la Floride offre de bons soins médicaux – et qu’une assurance prenait ces frais à sa charge –, «on préfère être soigné chez nous», ajoute Richard Martel. C’est pourquoi lui-même consultera régulièrement dès la mi-octobre le site du Soleil de la Floride. Le média floridien francophone publie sur une base quotidienne les chiffres locaux de la pandémie, ce qui lui permettra de connaître le taux de contamination là-bas. Cela dit, même une amélioration de la situation sanitaire de Hallandale et des environs pourrait ne pas suffire à convaincre le couple de partir dès l’automne. «Si on ne veut pas prendre de risque, on ira seulement après les fêtes.»
Louer, mais à qui?
Heureusement, les conséquences financières d’un hiver sans Floride sont généralement peu importantes. «Quand on détient un actif immobilier en Floride, en plus d’une résidence au Québec, on n’attend pas après un revenu de location», constate la planificatrice financière Sandy Lachapelle. Cette dernière observe que l’achat d’un condo au soleil se fait le plus souvent sans hypothèque. «Cela ne représente pas un problème majeur, acquiesce Richard Martel. Mais les dépenses courantes restent même s’il est inoccupé.» Il faut continuer à payer pour l’entretien et la surveillance, comme chaque année.
C’est la raison pour laquelle certains propriétaires sont tentés de mettre leur unité en location dans le but de récupérer les frais de condo et d’assurance. «Toutes les associations de propriétaires de condominiums ne donnent néanmoins pas leur accord à cette pratique», prévient le Floridien à temps partiel. L’association de propriétaires à laquelle lui-même appartient le permet. «Mais y aura-t-il des gens prêts à louer? Si nous n’y allons pas en raison de la pandémie, d’autres iront-ils? Ce n’est pas certain.»
Les snowbirds propriétaires de maisons font face aux mêmes contraintes: qui voudra louer leur demeure en temps de pandémie? Par contre, s’ils trouvent preneur, il leur faudra ajouter le revenu de location, net des frais encourus, auprès du fisc canadien. Un crédit d’impôt leur sera alors accordé en contrepartie du prélèvement à la source effectué par le fisc en Floride. «Il peut y avoir un solde d’impôt à payer, mais généralement cela annule l’impôt à payer au Canada», explique Sandy Lachapelle.
Bien plus que l’impact financier d’une année à payer son condo sans occupation, c’est un hiver sans Floride qui fait frissonner les snowbirds. «Aujourd’hui, c’est l’incertitude totale, confie Richard Martel. J’aimerais bien retourner là-bas, mais je n’ose même pas y penser. Je n’ai pas d’activités pour passer le temps au Québec durant l’hiver.» Cela dit, s’il doit rester ici, il pourrait alors vivre les fêtes avec ses enfants et ses petits-enfants. «Ce serait le côté positif de l’affaire!» Pour plus d’infos: Gouvernement du Canada à voyage.gc.ca/voyager, gouvernement des États-Unis à fr.visittheusa.ca/info/alertes-voyageurs, Les Tubins de la Floride à lestubins.com et Le Soleil de la Floride à lesoleildelafloride.com.
de quand date cet article s.v.p.? Je n’ai pas vu la date… je m’en excuse ça pourrait être mon erreur….
Bonjour Carole, l’article a été mis en ligne le 10 novembre 2020.
-L’équipe Bel Âge