Environ une personne sur trois développera un zona au cours de sa vie. Voici ce qu’il faut savoir pour se prémunir efficacement contre cette maladie susceptible d’affecter notre qualité de vie.
«Le zona est la réactivation du virus de la varicelle, qui est demeuré latent et qui attend juste un affaiblissement du système immunitaire pour se réactiver», explique Chantal Sauvageau, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive à l’INSPQ et chercheuse en vaccination au Centre de recherche du CHU de Québec–Université Laval.
Sommes-nous plus à risque en vieillissant? Hélas, oui. «Le facteur de risque principal, c’est l’âge. On n’y échappe pas! À partir de 50 ans, notre risque augmente de façon importante, car notre système immunitaire s’affaiblit.»
Les personnes immunosupprimées sont aussi plus à risque de souffrir d’un zona.
Les symptômes à surveiller
Les rougeurs et les cloques typiques du zona ne sont pas toujours les premiers symptômes à se manifester.
«Souvent, le zona va commencer par une sensation de picotement ou de démangeaison. Les gens vont se plaindre que leur peau est plus sensible au toucher qu’avant. Ça peut aussi être une douleur de type brûlure ou décharge électrique. Ces sensations durent généralement de deux à trois jours», indique Camille Raby, pharmacienne-propriétaire affiliée à Proxim, à Ferme-Neuve.
Vient ensuite une éruption cutanée douloureuse qui s’étale sur un côté du corps et dure de 10 à 14 jours. Les zones les plus fréquemment touchées sont le thorax, le cou et les yeux (les paupières, le globe oculaire et le nerf optique).
«Le gros enjeu, c’est la douleur qui y est associée. Elle peut perdurer pendant des mois, voire des années… Ce sont des douleurs neuropathiques qui rendent les parties touchées très sensibles. Les gens peuvent avoir du mal à tolérer un soutien-gorge ou une chemise, par exemple», ajoute la Dre Sauvageau.
Vivement un traitement!
Les personnes qui constatent l’apparition des premiers symptômes du zona gagnent à réagir rapidement, que ce soit en contactant leur médecin ou en se rendant à la pharmacie.
«Le pharmacien peut prescrire des antiviraux si la condition est claire, indique Camille Raby. Il y a toutefois des limitations: si le zona est au visage, par exemple, ça prend une référence médicale. Il faut commencer à prendre des antiviraux dans les 72 heures suivant l’apparition des premiers symptômes, sans quoi ça n’en vaut pas la peine.»
Aussi, le pharmacien peut recommander des traitements de soutien pour contrer les symptômes du zona, comme des compresses humides pour apaiser les démangeaisons et l’inconfort ou des analgésiques.
«Ce type de douleur neuropathique est difficile à soulager avec les médicaments habituels», précis toutefois la Dre Sauvageau.
Opération vaccination
Au Québec, Shingrix est utilisé pour contrer le zona. Il s’agit d’un vaccin inactivé dont le taux d’efficacité est supérieur à 80% chez les aînés. «Environ 20% des personnes vaccinées développeront tout de même un zona, mais dans 80% des cas, les symptômes seront atténués», spécifie la Dre Sauvageau.
Le vaccin, dont les deux doses sont administrées à un intervalle minimum de huit semaines, peut provoquer des effets secondaires lors de l’injection. «Il peut y avoir une sensation de brûlure qui s’estompe en quelques secondes», mentionne Camille Raby.
Chantal Sauvageau, pour sa part, conseille de ne pas prévoir d’activités trop exigeantes au lendemain de l’injection. «On peut s’attendre à des effets secondaires bénins, mais désagréables. Dans les 48 heures suivant l’administration du vaccin, la majorité des gens se plaignent d’une sensation de fatigue et d’une douleur au bras. Ça mobilise le système immunitaire.»
Le vaccin est recommandé aux personnes de 50 ans et plus. Le prix du vaccin varie d’un endroit à l’autre, mais on peut s’attendre à défrayer entre 150$ et 175$ la dose. «Ça peut valoir la peine de magasiner», indique la Dre Sauvageau.
À noter: certaines assurances privées couvrent le prix du vaccin. De plus, le vaccin Shingrix est offert gratuitement aux personnes âgées de 75 ans et plus et aux personnes immunosupprimées.
Où peut-on recevoir le vaccin? Sur rendez-vous dans les pharmacies qui offrent le service de vaccination ou encore dans les centres de vaccination publics.
Zona et démence: un lien possible?
Plusieurs médias sérieux ont rapporté les conclusions de récentes études faisant état d’une réduction de la démence chez les personnes ayant reçu le vaccin contre le zona. Cependant, le vaccin étudié n’est pas celui qu’on administre au Canada et les hypothèses pour expliquer ce phénomène sont encore nombreuses.
«La question demeure entière sur le mécanisme sous-jacent, explique la Dre Sauvageau. Certaines études ont montré que le zona pouvait augmenter le risque de démence. Si on diminue le risque de zona avec la vaccination, il y aura forcément une baisse des risques de démence. Mais c’est un lien indirect : la causalité ne peut pas être affirmée. Ce sont de super pistes, mais je pense qu’il faut rester nuancé et faire d’autres études.»