Porter des boîtiers ou des gouttières à l’âge adulte? Pourquoi pas! Il n’est jamais trop tard pour corriger des dents espacées, avancées, désalignées ou qui se chevauchent.
Plusieurs personnes pensent à tort que les traitements orthodontiques ne sont réservés qu’aux enfants et aux adolescents. Or, le Dr Normand Bach, orthodontiste et directeur du département de santé buccale de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal, est formel: il n’y a aucune limite d’âge pour réaligner des dents. «Ma cliente la plus âgée a 74 ans», confie-t-il d’emblée.
Lyne Chagnon, elle, avait 68 ans lorsqu’elle a pris sa décision d’amorcer un traitement d’orthodontie: «J’avais remarqué que mes dents s’étaient désalignées, et ce, en l’espace d’environ 18 mois, raconte-t-elle. J’avais peur de développer des problèmes de mastication si cela continuait. J’avais commencé aussi à cacher mes dents quand on me photographiait. Ça me dérangeait. J’ai donc consulté un orthodontiste qui m’a recommandé le port de gouttières. Un an plus tard, j’ai presque terminé mon traitement. Et je suis enchantée du résultat! On me complimente souvent sur ma dentition, maintenant.»
Pas qu’une affaire de coquetterie
De nos jours, l’impact social et professionnel d’un joli sourire est indéniable. C’est pourquoi la plupart des gens consultent en orthodontie souvent par souci d’esthétique. «De nombreuses personnes sont complexées par leurs dents, parfois au point de ne plus sourire, assure le chirurgien-dentiste Benoît Carrier. Une fois les enfants partis, souvent plus à l’aise financièrement, plusieurs adultes décident de nous consulter, espérant enfin afficher le sourire rêvé. Des dents impeccables rehaussent la confiance et l’estime de soi.»
Les bénéfices de l’orthodontie vont toutefois au-delà de l’aspect esthétique. «Des dents désalignées ou qui se chevauchent peuvent accélérer l’usure des dents, le déchaussement et la détérioration des gencives, de même qu’engendrer des difficultés de mastication pouvant nuire à la digestion, explique le Dr Bach. De plus, elles sont difficiles à nettoyer, ce qui augmente la possibilité de caries et de maladies gingivales. Elles peuvent même nuire à l’élocution et occasionner des maux de tête ou des douleurs aux mâchoires. En redonnant une occlusion optimale, c’est-à-dire où les dents supérieures et inférieures s’emboîtent bien ensemble, on diminue les risques de complications, on améliore le fonctionnement des dents et des mâchoires et on favorise la santé buccodentaire. L’orthodontie permet également, dans certains cas, d’améliorer des problèmes liés au ronflement, au bruxisme ou à l’apnée du sommeil.»
Plus on vieillit, plus c’est important de porter une attention particulière à nos dents. Après 50 ans, on est davantage susceptible de ressentir les effets du vieillissement. L’usure des dents s’accentue, ce qui les rend fragiles et sensibles. Et le risque de perte osseuse autour de celles-ci et de maladies gingivales et parodontales – les causes premières de la chute des dents – s’accroît. Une bonne occlusion et une hygiène dentaire adéquate peuvent nous mettre à l’abri de ces problèmes.
L’idée d’amorcer un traitement d’orthodontie fait son chemin? Il faut savoir que ce dernier peut être prescrits et administré non seulement par un orthodontiste, le spécialiste de la correction des malocclusions, mais aussi par un dentiste généraliste formé pour ça. Les cas complexes exigent toutefois l’expertise d’un orthodontiste.
Mais avant de se lancer, il est important de comprendre qu’il faut vraiment s’engager à prendre soin de sa bouche et de ses dents. «La santé buccodentaire a un impact sur la réussite du traitement orthodontique, soutient le Dr Carrier. C’est pourquoi un examen dentaire complet est indispensable avant de débuter l’orthodontie, mais aussi pendant le traitement, pour s’assurer qu’il n’y a pas de caries ni de maladies parodontales.»
Quelle avenue choisir?
Les appareils orthodontiques actuels sont plus discrets, confortables et efficaces que les gros boîtiers métalliques d’autrefois. Cela dit, deux options de traitement sont offertes aux personnes qui désirent reconstruire leur sourire.
Les broches
«Elles se composent de petits boîtiers, métalliques ou transparents, collés au centre de chaque dent et reliés entre eux par des fils métalliques appliquant une légère pression sur les dents afin de les déplacer progressivement jusqu’à la position désirée», explique le Dr Normand Bach.
Dans la même catégorie, on retrouve les broches linguales. «Le principe est le même que pour les broches traditionnelles, mais on les pose derrière les dents afin qu’elles soient invisibles, indique le Dr Carrier. Chaque boîtier est fabriqué sur mesure grâce à la technologie informatisée 3D. L’orthodontie linguale est particulièrement appréciée des personnes de 50 à 60 ans.»
Encore aujourd’hui, les broches classiques sont les plus populaires. Elles sont plus résistantes, économiques et efficaces que les autres modèles. Et elles conviennent à tous les types de problèmes orthodontiques. Elles sont cependant moins esthétiques. Avec des broches, le nettoyage et le brossage des dents exigent une certaine dextérité, car les attaches retiennent les particules d’aliments, ce qui peut mener à une décalcification ou à des caries. De plus, elles demandent une période d’adaptation – environ de une à deux semaines avec des broches standards et de trois semaines avec des broches linguales – pour mastiquer et parler sans difficulté.
Aussi, certains aliments durs et collants, comme la gomme à mâcher, les jujubes, les bonbons durs et le maïs, sont déconseillés durant le traitement pour ne pas endommager ou décoller les boîtiers.
Les gouttières
Ce système, dont le plus connu est Invisalign, utilise une série de gouttières transparentes – semblables à celles portées pour blanchir les dents – conçues sur mesure à partir d’une empreinte numérique 3D qui cartographie les déplacements précis des dents. Chaque gouttière correspond à une étape du traitement. Comme elles sont amovibles, elles peuvent être retirées pour manger, boire et se brosser les dents, ce qui élimine les restrictions alimentaires et facilite l’hygiène dentaire. Fabriquées d’un plastique souple, elles diminuent le risque d’irritation buccale.
Elles ont aussi l’avantage de passer quasi inaperçues. Cependant, les possibilités de correction sont plus limitées qu’avec les broches traditionnelles. Elles exigent aussi une période d’adaptation de quelques jours pour s’habituer à leur présence. Elles peuvent également causer une sensibilité les premiers jours. Chacune des gouttières doit être remplacée généralement aux deux semaines jusqu’à l’étape finale. Enfin, il faut être discipliné, car elles doivent être portées au moins 20 heures par jour pour que le traitement réussisse.
«Entre les deux options, le choix dépend de la complexité du cas, mais aussi des besoins individuels et des préférences du patient, déclare le Dr Carrier. Par exemple, certains patients veulent des appareils discrets, tandis que d’autres préfèrent ne pas avoir à se préoccuper de les enlever et de les remettre.»
Engagement en temps et en argent
Un traitement d’orthodontie s’étend généralement de huit mois à trois ans, selon le Dr Bach. Des suivis sont nécessaires, habituellement à toutes les six à douze semaines.
Côté financier, redresser des dents a un coût. Difficile toutefois d’établir un prix, car les dentistes et les orthodontistes peuvent fixer leurs propres tarifs. La durée, la difficulté du cas et le choix du modèle influencent également le prix. En général, les broches en métal sont plus abordables que les broches blanches et les gouttières, tandis que les broches linguales sont les plus chères.
On peut s’attendre à débourser de 6000$ à 12 000$ pour un traitement orthodontique. Et il faut prévoir de 2000$ à 3000$ de plus pour des broches linguales. Des plans de paiement sont généralement proposés et les assurances personnelles peuvent couvrir une partie des frais.
L’après-traitement
Une fois les gouttières ou les boîtiers enlevés, on pourrait s’attendre à ce que les dents restent bien droites. Hélas, les tissus de soutien des dents continuent de bouger.
«Les dents ont une mémoire, signale le Dr Bach. Elles ont tendance à vouloir reprendre leur position ini- tiale. Pour conserver la stabilité des dents, on prescrit un appareil de rétention, une fois le traitement terminé. Ce dispositif dentaire peut être fixe ou amovible. L’appareil fixe consiste à coller un léger fil de rétention derrière les dents, alorsque l’appareil amovible, habituellement porté la nuit, est moulé pour recouvrir les dents.»
L’appareil de rétention doit être porté à vie si on ne veut pas devoir recourir à nouveau à l’orthodontie, une condition qu’acceptent volontiers les gens… qui ont longtemps rêvé de sourire à belles dents.
Les 3 questions les plus posées en matière d’orthodontie
1. Est-ce douloureux?
Selon le Dr Normand Bach, les gens peuvent ressentir un inconfort dû à la pression sur les dents au début du traitement et après les rendez-vous d’ajustement, mais rarement une douleur importante. Pendant les premiers jours, les broches peuvent aussi entraîner une irritation causée par la friction sur les lèvres, les joues et la langue. C’est normal et temporaire.
2. Peut-on corriger uniquement les dents supérieures ou inférieures?
«Dans la majorité des cas, on traite les dents du haut et du bas en même temps pour qu’elles s’alignent bien ensemble, explique le Dr Carrier. Mais dans certains cas, il est possible de faire une correction seulement sur les dents supérieures ou inférieures.»
3. Les appareils dentaires conviennent-ils à tous?
Il existe peu de contre-indications au traitement d’orthodontie. Parmi celles-ci: des dents et des gencives en mauvais état, la prise de médicaments pouvant empêcher ou retarder les mouvements des dents, le déchaussement des dents et une maladie non contrôlée comme le diabète.