Quand bébé complique la relation avec votre bru

Quand bébé complique la relation avec votre bru

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStockphoto.com

Quand Marie-Julie a accouché, il y a six mois, Claire, sa belle-mère, s’est amenée chez elle avec ses valises. «J’ai élevé cinq enfants, dit-elle. Je sais ce que c’est. Je voulais simplement lui permettre de se reposer pendant que je m’occuperais du bébé. Malheureusement, ça n’a pas du tout fonctionné comme je l’imaginais. Quand je suis retournée chez moi à la fin de la semaine, on se parlait à peine…»

La version de Marie-Julie? «J’aurais aimé me retrouver seule avec mon chum et mon bébé. Prendre le temps de le découvrir, de le minoucher, de m’occuper de lui. Je sais que ma belle-mère ne voulait pas mal faire, mais… elle était de trop. J’aurais aimé qu’elle me demande mon avis, mais elle a pris l’initiative. Je ne sais pas comment lui dire ce que je ressens sans la blesser…»

La relation belle-mère/belle-fille ne va pas toujours de soi. Et il ne faut surtout pas compter sur la naissance d’un enfant pour améliorer les rapports. Rappelez-vous que c’est une période où les émotions sont à fleur de peau pour la nouvelle maman. Et, même en toute bonne foi, il est facile de vous mettre les pieds dans les plats! Pour maintenir une relation cordiale avec votre belle-fille ou, à tout le moins, pour ne pas la détériorer, il y a des choses à faire et d’autres à éviter. Voici donc huit situations qui risquent de jeter de l’huile sur le feu… et des pistes de solutions pour y remédier.

«Ah! c’est le portrait tout craché de son père!»

Mieux vaut éviter ce genre de remarque. «Cela peut être blessant pour celle qui a porté l’enfant pendant neuf mois, soutient la psychologue Lise Sénécal. C’est sûr qu’elle aime le père de l’enfant et qu’elle est contente qu’il lui ressemble, si c’est le cas. Mais, en même temps, c’est comme si on lui enlevait toute responsabilité! Il est plus diplomate de complimenter la mère en disant simplement: “Quel beau bébé tu as fait!” Ainsi, on se rapproche d’elle positivement et, surtout, on ne risque pas que nos paroles soient mal interprétées.»

Situations à éviter

Vous tenez absolument à aller passer du temps chez votre belle-fille, question de lui donner un coup de pouce.

Votre proposition part d’une bonne intention, soit. Mais il vaudrait mieux attendre que votre belle-fille elle-même en fasse la demande. Sinon, abstenez-vous. Par contre, cela ne doit pas vous empêcher de proposer votre aide. Dites-lui seulement: «Qu’est-ce qui te rendrait vraiment service? Que j’aille passer quelques heures chez toi chaque jour? Que je te mitonne des plats congelés? Que je vienne chercher le grand frère ou la grande sœur?» Bref, il y a plein de façons de soulager une nouvelle maman. Il suffit de lui donner le choix.

Par ailleurs, ne vous offusquez pas de voir sa mère très présente après la naissance. Rien de plus normal. C’est connu: les filles sont naturellement plus proches de leur mère que de leur belle-mère. Donc, si elle propose à sa mère plutôt qu’à vous d’aller passer quelques jours chez elle, n’y voyez rien de personnel.

Depuis sa naissance, vous venez voir bébé à tous les jours, ou presque.

La nouvelle maman a besoin de temps pour elle, pour son bébé, pour son couple. Elle n’a assurément ni le goût, ni le temps, ni l’énergie pour mettre chaque jour un peu d’ordre dans la maison (elle a son orgueil!) ou pour entretenir une conversation pendant quelques heures. «D’abord, on n’arrive pas à l’improviste, insiste Lise Sénécal. On téléphone d’abord. Et si notre belle-fille répond qu’elle préférerait recevoir notre visite un autre jour, eh bien!, c’est correct. Il n’y a pas lieu de s’en offusquer ou de se sentir rejetée. Elle peut avoir simplement le goût de passer du temps seule avec son bébé, de faire la sieste pendant son dodo ou de profiter d’un peu de silence et d’intimité.»

Elle hésite? Sans doute qu’elle ne sait pas comment vous dire non sans vous blesser. Comprenez le message sous-jacent et demandez-lui simplement à quel moment vous pouvez venir la visiter au cours de la semaine. Elle appréciera grandement cette délicatesse de votre part et sera plus enthousiaste quand vous passerez chez elle.

Cela dit, il ne faut pas, non plus l’abandonner. «On aurait tort de se fier uniquement à des impressions, rappelle Ruth Solomon Scherzer, psychologue et professeure au département de psychologie de l’Université de Montréal. Il faut éviter de faire de la projection en disant par exemple: “Quand j’ai accouché, je ne voulais pas que ma belle-mère vienne; je suis donc certaine qu’elle ne veut pas que j’y aille tout de suite.” Pour le savoir vraiment, il n’y a pas 36 solutions: il faut questionner la principale intéressée!

Vous arrivez les bras toujours chargés de cadeaux.

«J’ai souvent remarqué que les grands-parents qui manquent de temps sont portés à surcharger le bébé et les parents de cadeaux, note Lise Sénécal. Malheureusement, ce n’est pas nécessairement ce que les parents souhaitent ou ce dont ils ont besoin. Ils préféreraient bien souvent avoir quelques heures libres, le samedi après-midi, pour faire leurs courses par exemple.» Sans compter que les parents ont peut-être envie de choisir eux-mêmes les vêtements et les jouets de leur bébé. Leur proposer une aide financière est parfois préférable. Par ailleurs, il faut faire bien attention de ne pas heurter les valeurs familiales du couple. En effet, plusieurs parents ne prônent pas la surconsommation enfantine.

Autres situations à éviter

Vous n’avez d’yeux que pour le nouveau-né.

En négligeant les parents, vous risquez de provoquer des sentiments ambigus chez eux: jalousie, colère, exaspération. Alors, essayez de modérer vos pulsions de nouvelle grand-maman! Prenez quelques minutes pour vous intéresser d’abord à eux, à ce qu’ils font. Et, bien sûr, ne délaissez surtout pas vos autres petits-enfants au profit du nouveau rejeton!

«Moi, dans mon temps, je faisais ça de telle façon.»

Attention!, vous pourriez connaître un conflit de générations lié aux modes et aux nombreuses tendances qui prévalent tour à tour en éducation. Pour l’éviter, mieux vaut miser sur la subtilité. Dites: «Aujourd’hui, à quel âge les mamans commencent-elles à donner de la purée?» plutôt que: «Comment ça se fait qu’il ne mange pas encore? Dans mon temps… C’est pour ça qu’il ne fait pas ses nuits!»

«Sans s’immiscer dans l’éducation des petits-enfants, une belle-mère peut tout de même offrir occasionnellement son aide à une belle-fille en difficulté en demandant par exemple: “Veux-tu un petit truc pour ça? Il a bien marché avec mes enfants”, souligne Ruth Solomon Scherzer. Certaines mamans sont en effet gênées de demander conseil par peur d’être jugée incompétente.

Vous comparez vos petits-enfants: «C’est drôle, mais Pierrot se traînait à 5 mois» ou encore «Les enfants de Martine ont tous eu leur première dent avant 6 mois».Bannissez les comparaisons. Le développement est propre à chaque enfant et ne relève aucunement du parent. Bref, ce n’est pas parce qu’un tout-petit se développe plus vite qu’un autre que son parent est meilleur pour ça, et vice versa.

Aussitôt que bébé pleure, vous le prenez dans vos bras.

Il serait plus sage de dire à la maman: «J’ai un cœur de grand-maman. Je ne suis pas capable de l’entendre pleurer. Si tu le permets, je vais le bercer pour tenter de le consoler.» En général, elle sera soulagée par votre proposition. Mais si elle refuse, respectez sa décision.

«Il faut essayer d’entretenir une relation cordiale avec sa belle-fille et de l’accepter dans ses différences, dit Mme Sénécal. Qu’on le veuille ou non, une belle-fille sera toujours différente. Il ne faut donc pas s’attendre à ce qu’elle véhicule exactement les mêmes valeurs, qu’elle affiche les mêmes goûts, qu’elle cuisine de la même façon ou qu’elle élève ses enfants dans le même moule que nous.»

Dernier conseil: si vous avez une critique à faire, ne prenez surtout pas votre fils comme arbitre. Faites-la directement à la personne concernée. Sinon, votre fils se sentira en conflit de loyauté entre sa mère et sa femme. Or, le plus souvent, il finira par donner raison à sa conjointe. Et vous risquez éventuellement d’être mise à l’écart, ce qui serait dommage pour tout le monde. Vous pourrez ainsi profiter à plein de ce merveilleux nouveau rôle que la vie vous offre!

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