Myopie, hypermétropie et astigmatisme: un laser sans lame
«L’oeil fonctionne à la manière d’un appareil photo: la cornée et le cristallin assurent la mise au point de l’image, tandis que la rétine capture l’image comme la pellicule d’une caméra, indique le Dr Steven Carrier, président de l’Association des optométristes du Québec. Mais pour qu’on puisse voir clairement, l’image doit être focalisée de façon précise sur la rétine. Sinon, il en résultera un problème de réfraction, comme une myopie, une hypermétropie ou un astigmatisme.» Ces problèmes découlent principalement d’une mauvaise courbure de la cornée, qu’il est possible de corriger par la chirurgie.
Au Québec, environ 95% des interventions sont réalisés avec la technique Lasik. «Cette correction de la vision se fait en deux étapes, explique le Dr Marc Mullie, chirurgien à la Clinique Laservue. On anesthésie l’oeil avec des gouttes, puis on découpe et soulève une fine lamelle (capot ou flap) de la cornée. En lieu et place du microkératome, l’instrument à lame utilisé conventionnellement, de plus en plus de chirurgiens se servent d’un laser femtoseconde, sans lame, à la coupe beaucoup plus fine et précise. Cette méthode minimise les risques de complica¬tions associés à la lame, tout en gardant le tissu cornéen plus lisse, plus uniforme et plus stable. Elle diminue également le taux de retouche de 5% à 1%. Par la suite, on sculpte la cornée avec un laser à excimère pour en modifier la courbure en retirant de fines couches de tissu cornéen. En cas de myopie, la courbure sera aplatie. On la rendra plus bombée chez les hypermétropes. Et aplatie à certains endroits, bombée à d’autres pour les astigmates.» Une fois remise en place après la correction, la lamelle adhère immédiatement à la surface de l’oeil. L’intervention com¬plète (les deux yeux) dure une quinzaine de minutes.
Quand le trouble de la vision est trop sévère pour une chirurgie au laser, d’autres techniques prennent le relais. En cas d’hypermétropie importante, le chirurgien enlèvera le cristallin et le remplacera par une lentille intraoculaire monofocale ou multifocale. Pour rectifier une forte myopie, il implantera une lentille phaque entre le cristallin et l’iris, sans toutefois retirer le cristallin.
Vision d’avenir
Le laser a révolutionné l’ophtalmologie! Au cours des dernières années, de nouvelles technologies ont été adoptées, dont ce laser femtoseconde qui permet des interventions de plus en plus sécuritaires et rapides. «Nous verrons bientôt apparaître des lentilles intraoculaires multifocales avec des dioptries encore plus précises pour assurer une meilleure vision postopératoire, affirme le Dr Gagné. On mise aussi beaucoup sur un gel oculaire imitant le fonctionnement et l’élasticité du cristallin, qui pourrait éventuellement remplacer les lentilles et permettre des incisions encore plus microscopiques.» Ce n’est donc qu’un début!
Presbytie: les lentilles multifocales
À partir de la quarantaine, le cristallin perd son élasticité et durcit graduellement, empêchant l’oeil de focaliser sur les objets rapprochés. On doit alors éloigner ces derniers pour les voir plus nettement. Étonnamment, les myopes semblent moins touchés que les autres par la presbytie. «Comme la lumière est focalisée devant la rétine, ces personnes voient bien de près sans lunettes mais pas de loin», commente le Dr Carrier. Pour corriger simultanément la vision de loin et de près, on remplace le cristallin par des lentilles intraoculaires artificielles. Le chirurgien pratique une micro-incision dans la cornée, puis pulvérise le cristallin avec un instrument à ultrasons afin de pouvoir l’aspirer hors de l’oeil. Suit l’implantation de la lentille intraoculaire artificielle.
Technique conventionnelle, la monovision consiste à corriger un oeil pour voir de loin et à garder une légère myopie dans l’autre pour voir de près. «C’est un compromis, précise le Dr Mullie. La vision n’est pas parfaite, mais on peut voir sans lunettes. Cette intervention diminue toutefois la perception des profondeurs et des contrastes, ce qui réduit la vision intermédiaire. Elle n’est donc pas tolérée par ceux qui travaillent à l’ordinateur par exemple.»
Mieux vaut donc faire l’essai de verres de contact reproduisant ce type de vision avant de se lancer dans l’opération. Ou se renseigner sur les lentilles intraoculaires multifocales. «Cette nouvelle génération de lentilles permet de retrouver une vision fonctionnelle à toutes les distances: de près, à distance intermédiaire et de loin, assure le Dr Sébastien Gagné, ophtalmologiste à l’Institut de l’oeil des Laurentides. Comme elles causent parfois des problèmes de vision nocturne (halos et reflets), elles ne sont toutefois pas indiquées si on doit conduire souvent la nuit.
Cataracte: les lentilles intraoculaires
La cataracte survient quand le cristallin s’opacifie, empêchant la transmission de la lumière. Il en résulte une vision floue ou trouble (comme si on voyait à travers une vitre givrée), une sensibilité accrue à la lumière intense ou aux éblouissements et un affadissement des couleurs. «Le vieillissement en est la principale cause, souligne le Dr Gagné, même si d’autres facteurs accélèrent sa formation, comme le diabète, les médicaments à base de cortisone, l’hérédité, une maladie de l’oeil et de nombreuses expositions aux UV sans protection.»
L’extraction chirurgicale de la cataracte, qui vise à enlever et à remplacer le cristallin durci par une lentille intraoculaire, la traite de façon permanente. «L’opération se pratique sous anesthésie topique, c’est-à-dire à l’aide de gouttes ophtalmiques anesthésiantes, indique le Dr Gagné. On commence par une micro-incision sur la cornée à l’aide du laser femtoseconde, puis on crée une ouverture sur la capsule pour accéder à la cataracte. On fragmente ensuite celle-ci en plusieurs petits morceaux à l’aide d’un instrument à ultrasons, avant de l’aspirer par une petite incision autoscellante. Une fois la cataracte retirée, une lentille intraoculaire flexible, pliée dans un injecteur, est insérée dans la capsule pour remplacer le cristallin.» L’intervention dure tout au plus une quinzaine de minutes. La plupart du temps, le chirurgien opère un oeil à la fois, à quelques semaines d’intervalle. En plus de corriger la cataracte, il est possible, grâce à un choix de lentilles ciblées, de traiter du même coup la myopie, l’hypermétropie, la presbytie et l’astigmatisme.
Contre-indications et risques
«Même si la plupart des gens sont de bons candidats, la correction au laser ne convient pas à tout le monde», rappelle le Dr Mullie. Quelques contre-indications: inflammation chronique de l’oeil, problèmes rétiniens, sécheresse oculaire sévère, diabète ou hypertension non contrôlés, lésions à la cornée… D’où l’importance de l’évaluation préopératoire avec l’ophtalmologiste. Durant cette rencontre, il fera une analyse détaillée de la santé des yeux, des besoins visuels et des attentes pour déterminer si on est admissible à ce type de chirurgie. Ce processus limite également les risques de complications et optimise les résultats. Bonne nouvelle, il n’y a pas d’âge pour subir une correction de la vue. «J’ai déjà opéré des sexagénaires avec d’excellents résultats!» rapporte le Dr Mullie.
Une intervention de ce genre ne va toutefois pas sans risque. «Toute chirurgie en comporte, même si les avancées technologiques ont permis de diminuer considérablement l’éventualité de complications postopératoires», souligne le Dr Gagné. Autre bémol, bien que les effets du laser soient permanents, la chirurgie n’élimine pas le vieillissement naturel de l’oeil, responsable de la presbytie. Notre vision pourrait donc évoluer après l’opération et nécessiter une nouvelle correction. Côté convalescence, on peut généralement reprendre ses activités normales 24 heures après une correction de la myopie, de l’hypermétropie, de l’astigmatisme ou de la presbytie. Après une chirurgie de la cataracte, il faut toutefois éviter de forcer et de se pencher pendant une semaine, autrement, on devrait prendre un congé de cette durée, selon les tâches exigées par notre travail.
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