C’est le cas de l’omnipraticienne Marie-Dominique Beaulieu, professeure au département de médecine familiale de l’Université de Montréal et titulaire de la chaire Dr Sadok Besrour en médecine familiale du centre de recherche du CHUM.
Être «médecin de famille», ou généraliste, a perdu de son lustre. «C’est un métier dévalorisé qui n’attire plus la jeune relève, déplore Marie-Dominique Beaulieu. Le travail est devenu complexe, la bureaucratie très lourde, si bien que, en faculté de médecine, des sièges réservés aux futurs médecins de famille restent vides.» Ajoutez à cette désaffection le départ à la retraite de nombreux médecins et vous avez là ce qu’il faut pour rentrer bredouille de vos recherches!
Est-ce à dire que vous ne trouverez jamais de médecin de famille? Non. Une première étude a permis à la Dre Beaulieu de découvrir que la situation n’est pas désespérée. Et elle en entreprend une deuxième d’envergure (de 3 000 à 4 000 patients, des médecins et des cliniques de toutes les tailles) qui devrait donner d’autres résultats d’ici 1 à 3 ans.
Travail d’équipe
Première découverte: les cliniques plus petites, qui fonctionnent avec une dizaine de médecins, réussissent mieux à donner accessibilité et continuité, deux critères fondamentaux pour parler de bons soins. Bien mieux, en tout cas, que les mégacliniques, probablement moins conviviales. Y parviennent également mieux les cliniques où une infirmière sur place ou d’autres professionnels de la santé sont capables de prodiguer conseils et soins. «L’époque où le médecin de famille tentait seul de tout faire et de tout régler dans son bureau est révolue, croit Marie-Dominique Beaulieu. Le travail d’équipe est en train de prendre la relève.»
C’est justement pourquoi les GMF (groupe de médecine familiale) ont un tel succès. Les infirmières libèrent le médecin, qui peut prendre de temps à autre de nouveaux patients. «Cela nous indique que la manière dont nous sommes en train de réorganiser les soins de première ligne est probablement la bonne», croit l’omnipraticienne. Ses recherches veulent justement montrer aux médecins que, en s’organisant autrement (meilleure gestion des rendez-vous, partage des tâches, nombre d’infirmières optimal, travail de groupe, etc.), on augmente sa satisfaction au travail et on sert mieux la population.
Trouver la perle rare…
Les trucs pour trouver la perle rare…
Les médecins de famille ont un quota de patients. Autour de 1 500 individus s’ils ne font que du bureau. Davantage, oubliez l’accessibilité et la continuité des soins. C’est pourquoi tant d’entre eux refusent d’en prendre de nouveaux.
L’une des portes d’entrée constitue la famille immédiate. Conjoint(e) et enfants peuvent être acceptés par le médecin de l’un des membres de la famille. Par ailleurs, si vous êtes très malade, l’hôpital contactera le bureau de coordination régionale pour qu’il vous aide à trouver un médecin de famille.
Si vous éprouvez des problèmes de santé, mais pas trop graves, allez, autant que possible, dans la même clinique sans rendez-vous ou au même CLSC. «Au moins, faute de voir le même médecin, votre dossier reste sur place, ce qui facilite la coordination des soins, précise la Dre Beaulieu. L’un des médecins du groupe finira peut-être par vous prendre sous son aile vu votre fidélité.»
À Montréal et Québec, il existe un mécanisme supplémentaire pour trouver un médecin de famille: les cliniques réseau (plusieurs regroupées en réseau). Elles sont identifiées comme telles par les agences de santé. Un appel à Info Santé, et vous y serez dirigé en cas d’urgence. Si vous avez quelque chose de sérieux qui exige un suivi, la clinique réseau a aussi le mandat de vous aider à trouver un médecin traitant.
Il est bon de savoir que le code de déontologie du médecin l’oblige à bien soigner votre problème de santé. Si celui-ci ne peut se régler à l’intérieur d’une seule visite, il a l’obligation de vous revoir ou de s’assurer qu’un collègue le fera.
On ne peut s’en passer!
Est-ce si important d’avoir un médecin de famille ? Oui. «Il est prouvé que les personnes qui ont accès à une source régulière de soins de médecine générale de première ligne se portent mieux que ceux qui utilisent toujours des soins ponctuels, par exemple dans des cliniques sans rendez-vous», indique Marie-Dominique Beaulieu. Le médecin de famille coordonne les soins. Il ouvre plus facilement et plus vite la porte des spécialistes pour ses patients. Il évite les examens diagnostiques dédoublés, réduit les visites à l’urgence, contribue à une utilisation plus judicieuse des médicaments, suit ses patients jusqu’à ce qu’ils se rétablissent. Alors, qui pourrait s’en passer?
Mise à jour: septembre 2008
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