Jean est heureux depuis sa chirurgie cardiaque. Mais il n’est pas enchanté de la cicatrice laissée par l’intervention. Une balafre longue, large, rougeâtre et boursouflée au centre de sa poitrine. Rien à voir avec les discrètes lignes qu’arbore sa conjointe depuis un redrapage mammaire. L’ennui, c’est qu’il est à peu près impossible de prédire les résultats d’une cicatrisation. D’ailleurs, en ce domaine, nous sommes plutôt inégaux. Certains individus cicatrisent mieux que d’autres.
«Plusieurs facteurs influent sur la qualité d’une cicatrice, explique le Dr Éric Bensimon, chirurgien plastique et président de l’Association des plasticiens du Québec. D’abord, il y a l’hérédité. Si dans votre famille on cicatrise mal, vous risquez aussi d’avoir des cicatrices disgracieuses. Certaines zones du corps cicatrisent également moins bien que d’autres, et ce, chez une même personne, en raison des nombreuses tensions auxquelles les tissus cicatriciels sont soumis quotidiennement. C’est le cas notamment des genoux, des coudes, des épaules, du haut du dos et du thorax. L’orientation de l’incision compte aussi. L’incision réalisée dans le pli naturel de la peau génère moins de tensions et cicatrise mieux que celle qui lui est perpendiculaire. Et la technique pour refermer une plaie a un certain impact. Quand c’est possible, on fait des points de suture sous la peau afin d’éliminer le fameux “chemin de fer” où les points apparaissent de part et d’autre de la cicatrice. On s’assure également de refermer la plaie avec le moins de tension possible pour prévenir la formation d’un bourrelet.»
Autre facteur: l’obésité. Une cicatrice sera habituellement plus petite sur une personne mince que sur une personne obèse. Chez cette dernière, il y aura forcément une grande tension sur la cicatrice, qui s’élargira et s’allongera au fil du temps. Sans compter la prédisposition raciale à la cicatrisation. «Plus la peau est foncée, plus il y a de risques d’avoir une mauvaise cicatrice, soutient le Dr Bensimon. C’est le cas des personnes à la peau noire, mais aussi des Asiatiques, des Méditerranéens et des Orientaux.»
Il n’en reste pas moins que les choses ont beaucoup changé ces dernières années. Il n’y a pas si longtemps encore, les chirurgiens pratiquaient une longue incision afin d’accéder facilement aux organes. Aujourd’hui, bon nombre de techniques opératoires – pensons seulement à la chirurgie par endoscopie – permettent de couper juste ce qu’il faut et de limiter les dégâts. De plus, les chirurgiens se préoccupent davantage de l’aspect esthétique. Encourageant! Conseil: prenez le temps de discuter avec votre chirurgien. Après tout, la cicatrice, c’est vous qui allez la porter. Et longtemps!
Les anomalies à surveiller
La cicatrisation est un processus naturel de guérison de l’organisme. «Lorsqu’il y a lésion du derme à la suite d’une opération, d’une blessure ou d’autre chose, le corps met aussitôt en branle un processus de régénération des tissus, raconte le Dr Éric Bensimon. Une armée de cellules migrent alors vers la zone endommagée. Certaines vont déposer des plaquettes pour arrêter le saignement, d’autres vont “nettoyer” les berges de l’incision des corps étrangers et des tissus morts pour combattre l’infection, et d’autres encore vont fabriquer des fibres de collagène pour combler la lésion. Urgence oblige, le collagène est initialement superposé de façon anarchique. Puis, dans l’année qui suit, l’organisme va fignoler le travail en réorganisant leur disposition. La cicatrice rouge, plus ou moins dure et boursouflée au départ, s’affinera, s’aplanira et pâlira.»
Mais c’est connu: rien n’est parfait. Si la plupart des cicatrices finissent par s’atténuer sensiblement, il y a hélas des exceptions. Il arrive en effet que le processus de cicatrisation déraille: les cellules produisent trop de collagène et le corps ne parvient pas à gérer ce surplus. «Il existe deux types d’anomalies cicatricielles: la cicatrice hypertrophique et la cicatrice chéloïde, indique le Dr Bensimon. La cicatrice hypertrophique prend l’apparence d’un cordon ou d’un bourrelet épais et rougeâtre. Elle ne dépasse pas les limites de la lésion et finit par pâlir et s’aplatir légèrement avec le temps. La chéloïde est, pour sa part, une cicatrice hypertrophique qui progresse au-delà du cadre de la plaie ou de l’incision et forme des excroissances.»
Les cicatrices d’acné, quant à elles, font un peu bande à part. Selon l’Association canadienne de dermatologie, elles se divisent en quatre types. D’abord, les cicatrices en «pic à glace» qui produisent des trous profonds dans la peau. Ensuite, les cicatrices «bourrelets» au rebord peu accentué qui forment une petite vague. Puis les cicatrices «déprimées» au rebord prononcé qui donnent à la peau un aspect martelé. Et, finalement, les cicatrices chéloïdes.
Les traitements des cicatrices
Qu’on se le dise: il est possible de corriger et d’améliorer l’apparence des cicatrices, mais il est impossible de les éliminer tout à fait. Plusieurs avenues s’offrent à vous. Vous devez vous faire opérer? Même si aucun spécialiste ne peut garantir une cicatrice parfaite, rien n’interdit de mettre toutes les chances de votre côté afin de prévenir l’apparition d’une cicatrice hypertrophique. Plus on intervient rapidement, plus on limite les dégâts. «Dès que la cicatrice commence à boursoufler, on y injecte de la cortisone pour ralentir la formation de tissu cicatriciel et atténuer le relief», mentionne Éric Bensimon. Également, si vous avez tendance à mal cicatriser ou que votre cicatrice risque d’être soumise à une tension excessive, le médecin peut vous recommander le port d’un pansement de rapprochement qui aidera la cicatrice à se consolider et à mieux résister à la traction. Il existe aussi des vêtements compressifs qui, en comprimant les tissus, empêchent la cicatrice de trop grossir pendant le processus de guérison. Seul hic: ils doivent être portés pendant plusieurs semaines, voire quelques mois.
Vitamine E et silicone
Par ailleurs, environ un mois après l’intervention, vous pouvez entamer l’application quotidienne – et pour plusieurs mois – de vitamine E sur votre cicatrice, en massant énergiquement de cinq à dix minutes pour l’assouplir et niveler les «bosses». Ce conseil est aussi valable pour une blessure ou une brûlure. Les pansements et les gels à base de silicone (Dermatix, Kelo-cote, etc.) sont également efficaces.
Les techniques chirurgicales
Rien à faire, votre cicatrice reste apparente et inesthétique? Des techniques chirurgicales peuvent alors être proposées. La première consiste à enlever la cicatrice d’origine, à injecter un peu de cortisone dans les nouvelles berges de peau et à refermer la plaie pour en faire une autre qui pourrait être plus fine et plus régulière. La seconde, employée dans le cas d’une cicatrice chéloïde, consiste à opérer la cicatrice, puis à donner rapidement une faible dose de radiothérapie. L’irradiation ralentit le processus de cicatrisation. Mais parfois, les cicatrices ne sont ni hypertrophiques ni chéloïdes, mais, au fil des ans, elles se sont élargies et la peau s’est amincie. Rassurez-vous: elles peuvent aussi bénéficier d’une correction chirurgicale.
La dermabrasion
Pour les anciennes cicatrices d’acné ou de varicelle et, parfois même, certaines cicatrices hypertrophiques, il y a la dermabrasion. La méthode consiste à «sabler» délicatement la peau, couche par couche, afin d’aplanir sa surface et de la rendre ainsi plus lisse. Elle se fait par peeling chimique et, plus souvent encore, par laser. «Pour atténuer la rougeur fréquemment associée aux cicatrices, le laser à colorant pulsé (VBeam Perfecta) est très efficace, soutient la Dre Michèle Ohayon, dermatologue à la Clinique de dermatologie esthétique de Montréal. Mais pour améliorer l’apparence des cicatrices atrophiques (plus creuses que le niveau de la peau), le Laser Profractional est tout indiqué. En plus, il stimule la production de collagène, ce qui facilite la guérison. Quelques séances sont cependant requises. Une autre possibilité: les agents de comblement. On les injecte sous la cicatrice pour remplir les creux et donner à la peau un aspect plus uniforme.» L’amélioration sera plus ou moins importante selon la profondeur de la cicatrice.
Le camouflage des cicatrices
Vous n’êtes pas chaud à l’idée de subir une nouvelle intervention chirurgicale ou une dermabrasion? Il vous reste alors deux solutions pour atténuer les rougeurs et les marques laissées par votre cicatrice: la pigmentation esthétique réparatrice et le maquillage correctif.
«La pigmentation esthétique réparatrice camoufle les cicatrices en leur redonnant une couleur plus naturelle, explique Céline Bonhomme, présidente de Perform’Art, concepteur et fabricant d’appareils et de produits liés à la pigmentation. En fait, c’est la même technique que celle du maquillage semi-permanent. On repère la couleur la plus proche de celle de la peau, et on la reproduit par mouvements de balayage sur la cicatrice. Il faut compter au moins deux séances pour obtenir un résultat intéressant.»
Attention toutefois: la couleur s’estompe au fil du temps. Il faudra donc sans doute répéter l’opération. Le maquillage correctif propose, pour sa part, des produits spécialement conçus pour bien couvrir les défauts cutanés et les cicatrices. Il convient autant aux hommes qu’aux femmes. Offert dans certaines cliniques dermatologiques.
Six questions sur les cicatrices
Est-ce que toutes les plaies forment systématiquement une cicatrice?
Non. Si vous vous brûlez superficiellement, si vous avez une lésion sur les muqueuses ou si vous vous faites une ampoule, l’organisme guérira sans produire de cicatrice. La peau avoisinante se contractera peu à peu et refermera la plaie. Dans le cas d’une incision chirurgicale ou encore d’une brûlure ou d’une coupure importante, le mécanisme de contraction ne suffit pas à la réparation, car le derme est touché. Le processus de cicatrisation prend alors la relève, ce qui laissera inévitablement une cicatrice plus ou moins perceptible.
Le fait de gratter la «gale» peut-il nuire à la guérison?
Si cela provoque un saignement, il y aura forcément un nouveau dommage à la peau, ce qui peut retarder le processus de guérison. De plus, en provoquant la formation de nouveaux tissus cicatriciels, vous risquez d’avoir une cicatrice encore plus apparente. La croûte tombera d’elle-même quand la peau en dessous sera guérie. Soyez patient.
Pourquoi les cicatrises piquent-elles?
Parce que la circulation sanguine est très abondante dans cette région pendant la guérison.
Pourquoi les poils ne repoussent-ils pas sur une cicatrice?
Parce que la cicatrice est différente de la peau. Elle se compose de collagène dans lequel il n’y a ni follicule pileux ni glande. Les poils repousseront seulement si les follicules n’ont pas été détruits lors du traumatisme.
Est-ce vrai qu’une cicatrice rougit facilement au soleil?
Oui. Le soleil peut aussi provoquer une hyperpigmentation permanente. Mieux vaut protéger votre cicatrice avec un écran solaire à indice élevé.
Est-ce que le tabac nuit réellement à la cicatrisation?
Oui. La nicotine ralentit notamment la circulation sanguine, ce qui empêche certaines cellules de se rendre au site de la cicatrice et d’accomplir leur tâche. Un des risques: voir la cicatrice s’ouvrir parce que les cellules n’ont pas pu déposer autant de collagène qu’elles auraient dû.
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