Ostéoporose: mes os, j’y vois!

Ostéoporose: mes os, j’y vois!

Par Marie-Josée Roy

Crédit photo: Owen Beard via Unsplash

La pandémie peut avoir bousculé nos bonnes habitudes si on souffre d’ostéoporose, mais il n’est jamais trop tard pour reprendre le contrôle de la situation et soulager notre condition. 

Au printemps dernier, pendant le confinement, Marielle Bouchard, atteinte d’ostéoporose, n’a pu consulter son physiothérapeute, comme elle le fait habituellement quand la douleur devient trop grande. «Ses exercices m’ont beaucoup manqué», confie l’octogénaire qui, pour les remplacer, a accompli certaines tâches à la maison, comme faire son lit chaque jour et faire le ménage. «Dans ma situation, c’est déjà beaucoup de parvenir à faire ça.» 

Marielle n’est pas la seule dans son cas. Selon l’Institut national de santé publique du Québec (2015-2016), environ 25 % des Québécois âgés de 65 ans et plus ont reçu un diagnostic d’ostéoporose. Cette maladie du squelette entraîne une diminution de la masse osseuse et un risque plus élevé de fractures. Comme elle requiert mille précautions, on gagne à rester vigilant si on veut maintenir sa qualité de vie… et ne pas se retrouver à l’hôpital en temps de pandémie!

 

Faire l’inventaire de son armoire à pharmacie

Comme la plupart des médicaments pour l’ostéoporose doivent être pris de façon hebdomadaire, mieux vaut les avoir en tout temps sous la main. Crise sanitaire ou pas, on se doit d’observer une certaine régularité, soutient Patrick Nguyen, pharmacien au CHUM spécialisé en gériatrie. «Arrêter de prendre un médicament n’est pas recommandé.» Pour éviter d’être à court, on s’assure d’avoir une réserve à la maison. Mais pas plus d’un mois. Sinon, le pharmacien pourrait nous opposer un refus. «On risque de priver un autre patient de son médicament en raison des problèmes d’approvisionnement susceptibles de survenir, surtout en période de pandémie. Patrick Nguyen rappelle en outre que les pharmacies offrent un service de livraison, même en période de confinement. «Il y a parfois des délais, mais on peut commander à l’avance.» 

On a omis de renouveler une prescription ou notre médicament habituel est en rupture de stock? En général, un léger retard n’a rien de catastrophique. Parmi les médicaments les plus populaires pouvant contrer les effets de l’ostéoporose figurent les bisphosphonates. Ils comprennent l’alendronate (Fosamax®) et le risédronate (Actonel®), qui se prennent par voie orale, et le zolédronate (Aclasta®), administré par intraveineuse une fois par année. «Ces médicaments se fixent sur l’os et empêchent les cellules qui grugent les os de faire leur travail, explique le pharmacien. Quand la cellule qui défait l’os l’absorbe, elle meurt. Ce n’est pas problématique d’arrêter ce traitement quelques semaines en cas d’urgence. Notre risque de fracture ne sera pas plus élevé.» 

Par contre, il en est autrement du dénosumab (Prolia®), un médicament à s’injecter deux fois par année et qui a pour effet d’endormir les cellules responsables de la détérioration des os. «On a remarqué chez ceux qui cessent de prendre le médicament que les cellules grugeant les os étaient plus actives entre six mois et un an plus tard. Le risque de fracture devient alors plus élevé.» Mieux vaut donc ne pas excéder quelques semaines de retard.

En tout temps, si on a besoin d’une injection, d’une consultation ou autre, mais qu’on n’arrive pas à joindre notre médecin, on peut passer par Rendez-vous santé Québec et Bonjour-santé, des sites qui nous mettront en contact avec notre médecin de famille ou avec un autre professionnel de la santé. Une téléconsultation ou un rendez-vous téléphonique sera ensuite planifié. La mise en contact avec le médecin de famille (lorsque ce dernier est inscrit au service) est gratuite sur les deux sites.

 

Miser sur la prévention

Pour éviter un séjour à l’hôpital à cause d’une fracture, la prudence est de mise. Avant toute chose, on s’assure que notre lieu de résidence est sécuritaire et désencombré. «Il faut faire en sorte de ne rien laisser traîner, ne pas avoir d’objets au sol. Porter des chaussures est souhaitable, surtout si nos planchers sont glissants, comme ceux en bois franc», prévient Guillaume Bastarache, kinésiologue pour la Fondation Virage. Pendant la saison froide, on prend évidemment garde aux trottoirs transformés en patinoires. Les promenades à l’extérieur sont conseillées uniquement quand la température le permet. Pour faire le plein de vitamine D, Patrick Nguyen recommande de miser sur les suppléments. «Une personne atteinte d’ostéoporose doit absorber au moins 800 unités de vitamine D par jour. Par le biais de l’alimentation, c’est presque impossible. Les gens concernés devraient donc se faire prescrire de la vitamine D, et ce, qu’il s’exposent ou non au soleil.» En cas de sorties extérieures limitées, on garde le moral en restant socialement actif, dans le respect des mesures sanitaires, bien sûr, en maintenant le contact avec nos proches, par le biais du téléphone ou de la vidéo, et en pratiquant autant que possible nos loisirs préférés. 

 

En mouvement!

Même en période de pandémie, l’activité physique est un incontournable, pour la santé physique et mentale. «Dès qu’on bouge, on met de la tension sur nos muscles, ce qui se répercute sur nos os, confirme Guillaume Bastarache. On leur envoie le message de se renforcer. En pratiquant une activité physique, on améliore aussi notre équilibre, ce qui diminue les risques de chute.» L’expert conseille notamment de miser sur des exercices de renforcement musculaire et d’équilibre. Même en l’absence d’appareils sophistiqués, il est possible de parvenir à des résultats satisfaisants. «L’outil par excellence pour continuer à faire de la musculation est la bande élastique. Elle permet d’exécuter des exercices très variés. Elle ne pèse rien et se range n’importe où, ce qui est très pratique.» Si on n’a pas l’habitude de s’entraîner à la maison, on demande conseil aux différents spécialistes qui nous suivent. Ils sont en mesure de nous suggérer des programmes adaptés à nos besoins et à nos capacités. Une rencontre en personne n’est pas possible? Un rendez-vous téléphonique ou une téléconsultation pourrait suffire à nous mettre sur la bonne voie. «Les spécialistes sont en mesure de concevoir un programme personnalisé offrant à la fois des exercices de renforcement musculaire et d’équilibre, poursuit le kinésiologue. Sous supervision professionnelle, on peut aussi envisager d’intégrer des exercices avec impact léger.» En s’exerçant prudemment, on s’assure de maintenir la santé de nos os… et de garder le moral. Pour plus d’infos: Ostéoporose Canada à osteoporosecanada.ca ou au 1 800 977-1778, Rendez-vous santé Québec à rvsq.gouv.qc.ca ou au 1 800 561-9749 et Bonjour-santé à bonjour-sante.ca ou au 1 855 860-8753.

 

Pour s’activer en toute sécurité

Je demande conseil. Avant de se lancer, on demande à notre médecin si le type d’entraînement souhaité convient à nos besoins. Il peut émettre ses recommandations pour nous aider à garder la forme sans risques de blessures. 

Je joue de prudence. Si on prévoit s’entraîner à la maison, on organise notre espace de façon sécuritaire. «L’idéal est d’avoir un environnement bien éclairé et aéré avec des supports au mur ou des appuis, comme une chaise ou un meuble solide sur lesquels on peut s’appuyer», conseille Guillaume Bastarache. Bien entendu, on évite de faire des exercices près d’un escalier.

Je ne m’entraîne pas seul. Le kinésiologue recommande, si possible, de s’entraîner quand il y a quelqu’un à la maison. «C’est important, surtout si on n’a pas l’habitude des entraînements. Au début, cela représente un certain stress pour le corps. En cas de malaise ou de chute, on ne veut pas être seul.»

Je pratique la marche sur place. Une autre façon de bouger à l’intérieur: la marche sur place. «Ça peut sembler banal, mais ça fait travailler aussi bien qu’une marche à l’extérieur.» En regardant par la fenêtre, on se croit presque dehors…

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