À partir d’un certain âge, plusieurs femmes se voient prescrire des suppléments de calcium et de vitamine D pour contrer l’ostéoporose. Le Détecteur de rumeurs s’interroge sur le bien-fondé de cette recommandation.
Qu’est-ce que l’ostéoporose?
Le calcium est impliqué dans plusieurs processus du corps humain, dont l’entretien du squelette, la régulation de la sécrétion des hormones, la transmission des influx nerveux et l’activité vasculaire, comme le rappelaient des chercheurs américains et chinois dans un article qui, en 2018, effectuait une revue de la littérature sur les suppléments de calcium.
Si la quantité de calcium dans le sang diminue, celui des os est relâché pour le remplacer. C’est ce qui provoque une baisse de la densité osseuse. Les os deviennent ainsi fragiles, ce qui augmente le risque de fractures. On parle alors d’ostéoporose.
L’utilisation de suppléments de calcium est donc une pratique répandue pour tenter de maintenir la densité osseuse. Et c’est parce que la vitamine D facilite l’absorption du calcium que de tels suppléments sont, eux aussi, souvent recommandés.
Que disent les études?
En 2018, des chercheurs de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni ont analysé 81 études contrôlées et randomisées, menées auprès de 54 000 personnes pour évaluer l’effet des suppléments de la vitamine D sur la santé musculo-squelettique. Leur conclusion: ces suppléments n’influencent pas significativement la densité osseuse et ne préviennent pas les fractures.
Les suppléments de vitamine D à eux seuls ne sont pas suffisants pour améliorer la densité osseuse chez les adultes en santé, confirmaient en 2022 des scientifiques américains qui s’intéressaient à la prévention et au traitement de l’ostéoporose.
Quant au calcium, seul ou en combinaison avec la vitamine D, les résultats sont moins clairs. En 2015, l’analyse de 8 études menées auprès de 30 970 participants avait montré que ces suppléments diminuaient le risque de fracture chez les adultes d’âge « moyen à avancé ». Cependant, selon une autre méta-analyse publiée en 2017, les suppléments de calcium ne seraient pas associés à une réduction des fractures chez les personnes qui ne sont pas hospitalisées.
Selon l’équipe américano-chinoise qui avait publié sa revue de la littérature scientifique en 2018, ces résultats contradictoires pourraient être dus à des doses de calcium qui varient d’une étude à l’autre.
De plus, l’effet des suppléments pourrait être inégal d’une population à l’autre. Par exemple, les suppléments de calcium et de vitamine D n’auraient pas d’effet sur la densité osseuse des femmes en préménopause, concluait en 2023 le collectif à but non lucratif Cochrane, qui réalise des revues systématiques de la littérature scientifique en santé. Par ailleurs, peu d’études ont été réalisées chez les hommes, selon les chercheurs américains et chinois.
Enfin, le calcium dans les aliments semble mieux absorbé que celui provenant des suppléments. En 2023, Ostéoporose Canada estimait d’ailleurs, dans une mise à jour de ses « lignes directrices », que chez les personnes qui ont un régime alimentaire équilibré et qui ne prennent pas de médicaments contre l’ostéoporose, les suppléments de calcium ou de vitamine D ont peu d’effets sur le risque de fractures.
Y a-t-il des risques?
En raison de ces bénéfices discutables, les chercheurs américains et chinois se demandaient en 2018 s’il est sécuritaire de prescrire des suppléments à tout le monde. En fait, selon l’équipe américaine de 2022, un excès de calcium n’a pas d’effets positifs pour la santé et peut même causer des problèmes.
Par exemple, les suppléments de calcium amplifient le risque de constipation, de diarrhée et de douleur abdominale, de même que le risque de pierres aux reins, soulignaient les chercheurs américano-chinois. Consommer plus de 4000 UI (unités internationales) de vitamine D par jour est aussi associé à des effets secondaires, comme des pertes d’appétit, des nausées et de la fatigue.
La bonne nouvelle, c’est que, contrairement à certaines allégations à ce sujet, ces suppléments n’augmentent pas le risque de maladies cardiovasculaires ou de cancers, pouvait-on lire en 2022 dans les directives cliniques britanniques pour la prévention et le traitement de l’ostéoporose.
Quelles sont les recommandations?
Ce même document rappelle que les fractures de fragilité ne sont pas fréquentes chez les femmes en préménopause et chez les hommes plus jeunes. C’est pourquoi les lignes directrices d’Ostéoporose Canada, entre autres, s’adressent d’abord aux femmes ménopausées et aux hommes de 50 ans et plus.
Ostéoporose Canada leur recommande d’avoir une alimentation avec un apport adéquat en calcium, c’est-à-dire entre 1000 et 1200 mg par jour. Les principales sources sont les produits laitiers faibles en gras, les légumes verts foncés, les poissons, les fruits, les légumes et les aliments fortifiés (jus d’orange, boisson au soya, boisson aux amandes).
Ostéoporose Canada rappelle aussi que les suppléments de calcium ne sont pas recommandés chez les personnes avec une alimentation qui en contient déjà suffisamment. Un supplément pourrait être approprié si l’alimentation ne permet pas de fournir l’apport quotidien recommandé ou si une personne est à risque d’ostéoporose, peut-on lire dans les directives cliniques du Royaume-Uni.
Du côté de la vitamine D toutefois, Ostéoporose Canada recommande un supplément de 400 UI aux personnes de plus de 50 ans: la raison étant que peu d’aliments en contiennent assez. En effet, les sources alimentaires de vitamine D comprennent seulement le lait enrichi, les céréales à déjeuner, les poissons d’eau salée (saumon, maquereau, thon), l’huile de foie de morue et certains produits enrichis (boisson au riz ou au soya).
Verdict
Le calcium et la vitamine D sont importants pour la santé des os. Cependant, l’efficacité des suppléments n’est pas très bien démontrée. La meilleure recommandation pour prévenir l’ostéoporose est donc d’avoir une alimentation riche en aliments qui en contiennent.
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