Cancer du sein: perspectives encourageantes

Cancer du sein: perspectives encourageantes

Par Guy Sabourin

Crédit photo: iStockphoto.com

Même si le mot cancer n’évoque que des pensées négatives et un ciel orageux, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles à se mettre sous la dent. Pour preuve, depuis 1993, les cas de cancer du sein au pays n’augmentent plus. Ils régressent plutôt de 2 % par année. Le nombre de femmes qui en meurent diminue régulièrement. Aujourd’hui, globalement, c’est 1 femme sur 9 qui risque d’avoir le cancer du sein au cours de sa vie et 1 femme sur 27 qui en mourra. Le taux de survie se situe pour sa part à 88 % sur 5 ans et à 80 % sur 10 ans.

Diagnostic précoce

Autre perspective intéressante: les chiffres sont encore plus encourageants quand le cancer est détecté rapidement. Même si l’auto-examen permet à tout le moins de bien connaître l’état normal de ses seins et, par conséquent, de détecter tout changement et toute anomalie, il n’en reste pas moins que les examens professionnels sont encore plus fiables.

Si vous avez moins de 50 ans, discutez avec votre médecin de votre risque personnel. Trop de femmes encore n’informent pas leur médecin de famille de leurs antécédents familiaux de cancer du sein. Faites-vous examiner les seins par un professionnel de la santé au moins aux deux ans. Si vous avez de 50 à 70 ans, la Société canadienne du cancer vous recommande de subir une mammographie aux 2 ans. Après 70 ans, demandez au médecin quel dépistage il vous recommande.

Un programme important

Prenez au sérieux le programme québécois de dépistage du cancer du sein. Toute femme qui atteint 50 ans au Québec reçoit du ministère de la santé une lettre l’invitant à se soumettre à une mammographie. Cette lettre fait office d’ordonnance. Elle reçoit ensuite la même lettre tous les 2 ans, jusqu’à 69 ans.

Les femmes la prennent-elles assez au sérieux? «Hélas non, déplore Line Lafantaisie, coordonnatrice du service d’information sur le cancer à la Société canadienne du cancer. Il faudrait que le taux de participation soit plus élevé pour que le programme de dépistage soit vraiment efficace.»

Pourtant, c’est à cet âge que l’on doit prendre plus au sérieux la possibilité d’être atteinte d’un cancer du sein. Les statistiques en font foi: 7 femmes sur 10 qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein ont plus de 50 ans, la moitié d’entre elles ont entre 50 et 69 ans; seulement 21% des cas de cancer du sein se déclarent avant 50 ans.

Principaux risques connus

  • Avoir plus de 50 ans (risque accru en vieillissant).
  • Antécédents de cancer du sein dans la famille (mère, sœur, fille, tante) durant la préménopause ou cancer impliquant des mutations des gènes BRCA1 ou BRCA2.
  • Cancer de l’utérus, du côlon, du rectum ou des ovaires dans la famille.
  • Biopsies avec cellules anormales lors d’affections mammaires antérieures.
  • Pas de grossesse, ou première grossesse après 30 ans.
  • Menstruations précoces ou ménopause tardive.
  • Tissus mammaires denses.
  • Hormonothérapie substitutive (œstrogène et progestatif) durant plus de cinq ans.
  • Les contraceptifs oraux et la consommation d’alcool augmentent légèrement le risque.

La vie après le cancer

Au chapitre de la récupération d’un cancer du sein, les nouvelles sont également meilleures que tout ce que l’on imagine. En font foi les travaux de l’épidémiologiste Elizabeth Maunsell, rattachée à l’Unité de recherche en santé des populations au département de médecine sociale et préventive de l’Université Laval. Depuis 20 ans, son équipe de recherche confronte toutes sortes de croyances obscures reliées au cancer du sein avec le vécu de centaines de femmes y ayant survécu. Ce qu’elle a découvert est franchement encourageant et d’autant plus crédible que les taux de participation à ses études ont été extraordinaires: de l’ordre de 80% à 90%. On peut dire, en gros, que les femmes sortent aujourd’hui de l’épreuve moins mutilées qu’avant et que l’avenir est beaucoup moins nuageux qu’elles le pensent.

«Je ne veux absolument pas minimiser l’expérience traumatisante du cancer et de son traitement pour les femmes qui en sont atteintes, tient à préciser Elizabeth Maunsell. Mais l’avenir n’est pas si sombre et je pense que, à ce sujet, mes observations gagnent à être connues. Les femmes font preuve de beaucoup de force.»

Plusieurs femmes croient que survivre à un cancer du sein rend la vie misérable alors que, au contraire, les survivantes ont une qualité de vie comparable à celle des femmes de leur âge. Par exemple, elles ne s’inquiètent pas de leur santé outre mesure, ne souffrent pas davantage de détresse psychologique et ne sont pas plus hospitalisées. Le retour à une vie normale s’effectue de deux à trois ans après la maladie.

Leur vie sociale, conjugale et professionnelle continue de les satisfaire autant. Seule exception: elles sont un peu moins satisfaites de leur vie sexuelle que des femmes faisant partie d’un groupe témoin (80% contre 92%), ce qui s’explique par le fait qu’une chimiothérapie accélère le processus de la ménopause et prive les patientes du recours aux hormones de remplacement. Elles expérimentent ainsi plus vite les hauts et les bas dans la vie sexuelle qu’engendre la ménopause sans pouvoir recourir aux médicaments qui soulagent les aléas du désir.

Mastectomie et effet sur le couple

Les femmes atteintes pensent souvent qu’elles auront l’esprit plus en paix si elles se font enlever tout le sein. Or, une mastectomie totale ne protège pas davantage contre une récidive du cancer. C’est un mythe. Les femmes de moins de 50 ans éprouvent moins de détresse psychologique quand elles subissent une mastectomie partielle plutôt que complète. Chez les femmes plus âgées, c’est toutefois le contraire. «Probablement en raison d’une image corporelle souvent plus importante chez les plus jeunes et en raison de valeurs différentes à des âges différents», avance Elizabeth Maunsell. Quoi qu’il en soit, la mastectomie partielle a fait des gains substantiels au cours de 20 dernières années chez les femmes qu’a rencontrées la chercheuse; 4 femmes sur 5 la choisissent de pair avec leur médecin aujourd’hui contre 2 sur 5 il y a 20 ans.

Les effets sur le couple

Le conjoint d’une femme atteinte la quittera-t-elle après son cancer? Non. Les femmes atteintes ne se séparent pas davantage à court ou à long terme, montrent les analyses d’Elizabeth Maunsell. Sauf une exception: une séparation devient plus susceptible d’avoir lieu chez les couples qui sont déjà en difficulté à l’annonce de la maladie. Selon Elizabeth Maunsell, le cancer ne brise que 1 % des couples tandis qu’il en soude 42%, certains trouvant même dans l’expérience du cancer de quoi se rapprocher.

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