Novembre est le mois de sensibilisation au cancer du poumon. Nous avons interrogé la Dre Catherine Labbé, pneumologue, pour en savoir davantage au sujet de ce tueur qui surgit souvent sans tambour ni trompette.
• Quelles sont les principales nouveautés concernant le cancer du poumon? Sans être le cancer le plus fréquent au Canada, il demeure néanmoins le plus mortel, le taux de survie après cinq ans étant de 17 % chez la majorité des gens qui reçoivent un tel diagnostic. Heureusement, de nouvelles techniques permettent de traiter de façon plus ciblée un cancer localisé sans devoir recourir à une chirurgie ou à une chimiothérapie, ce qui réduit les effets secondaires. Dans le cas des cancers généralisés, la médecine personnalisée, qui consiste à tester la tumeur, fait en sorte qu’on peut désormais détecter le type de cancer initial et même, parfois, en déterminer la cause. Des médicaments sont alors prescrits pour empêcher la propagation plus importante de la maladie.
• Qui sont les gens les plus touchés? La majorité des cancers du poumon, soit 95 %, surviennent chez les personnes âgées de 50 ans et plus. Le tabagisme est le facteur le plus déterminant: 85 % de nos patients sont fumeurs ou l’ont déjà été, les hommes plus que les femmes. Quant à la fumée secondaire, elle est responsable du quart des cas de cancer chez les personnes atteintes n’ayant jamais touché à la cigarette.
• Quels sont les signes à surveiller une fois franchi le cap de la cinquantaine? Ils ne sont pas toujours évidents: environ 15 % de nos patients n’ont présenté aucun symptôme préalable avant de consulter. Dans leur cas, le cancer a été découvert à la suite d’une radiographie pour le cœur ou un mal de dos. La prévention est donc de mise. Cela dit, chez le tiers des gens qui présentent des signes, ceux-ci sont d’ordre respiratoire. À surveiller, donc, surtout si on fume ou qu’on a fumé: les essoufflements soudains, l’apparition ou l’altération de la toux, ainsi que des douleurs dans la poitrine, de l’hémoptysie (cracher du sang) ou tout changement dans l’état de santé, dont la fatigue ou la perte de poids. Certaines douleurs, comme celles aux os, peuvent indiquer la présence de métastases. Une douleur à l’épaule pourrait ainsi être occasionnée par un cancer situé dans le haut des poumons.
• Et les facteurs de risque dont il faut tenir compte? Le tabagisme, l’âge, les antécédents familiaux (parent du premier degré), une maladie pulmonaire (comme l’emphysème ou la fibrose pulmonaire) et l’exposition à certaines substances toxiques (comme l’amiante et le radon).
• Quand devrait-on se soumettre à un test de dépistage? Des études récentes ont démontré que les examens d’imagerie médicale (scanneur) permettent de dépister, chez les personnes les plus à risque, un cancer du poumon plus précoce, contribuant ainsi à diminuer le taux de mortalité. Le gouvernement canadien étudie d’ailleurs la possibilité de mettre en place un programme de dépistage pour le cancer du poumon, semblable à celui du cancer du sein et du côlon, qui s’adresserait aux fumeurs actuels et anciens, âgés de 55 à 74 ans.
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