Bilan de santé: quels examens à quel âge?

Bilan de santé: quels examens à quel âge?

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStock Photo

Mieux vaut prévenir que guérir! Et pour prévenir, on prend avant tout soin de nous au quotidien, mais on veille aussi à passer les tests médicaux conseillés selon notre âge.

Notre objectif est de rester en forme et en santé le plus longtemps possible. La prévention s’avère donc notre meilleure alliée. Et elle commence par de saines habitudes de vie. «La vraie prévention, c’est notamment la règle du 0-5-30, soit 0 tabac, 5 fruits et légumes par jour et 30 minutes d’activité physique quotidiennement, note le Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins. L’efficacité de ce programme dépasse largement celle des tests de dépistage chez un individu en santé. Une personne aura beau visiter régulièrement son médecin et obtenir des résultats normaux aux tests, elle hypothéquera son espérance de vie si, en parallèle, elle poursuit ses mauvaises habitudes. Ce n’est pas parce qu’on passe des tests qu’on fait plus attention à sa santé et qu’on est à l’abri de la maladie.» Cela dit, le dépistage médical chez les personnes asymptomatiques est loin d’être inutile pour autant! La prévention clinique permet de détecter précocement certaines maladies et d’en limiter les conséquences. Quels sont donc les bons examens à passer au bon moment?

À partir de 50 ans  

Test de glycémie

Pourquoi?

Pour détecter le diabète de type 2, qui affecte plusieurs organes, dont les reins, les yeux, le système nerveux, le cœur et les vaisseaux sanguins. 

Comment?

La glycémie se mesure à jeun avec une prise de sang. À moins de 6,0 mmol/L, elle est normale. À 7 mmol/L, le diagnostic de diabète est posé. Entre 6,1 et 6,9, il s’agit d’un stade prédiabétique. 

Quand?

On recommande un test de dépistage tous les 3 ans chez les plus de 40 ans sans facteur de risque (maladie cardiaque, obésité, antécédents familiaux de diabète, hypertension, etc.).

Bilan lipidique  

Pourquoi?

Pour mesurer les différents gras dans le sang, dont le LDL, ou «mauvais» cholestérol. Au moins 40 % des adultes affichent une cholestérolémie trop élevée. Or, celle-ci représente un facteur de risque important de maladies cardiovasculaires, qui demeurent la deuxième cause de mortalité au Canada. 

Comment?

Une simple prise de sang à jeun. Pour ne pas fausser les résultats, il est suggéré de ne pas consommer d’alcool dans les 48 heures précédant le test. 

Quand?

Un bilan lipidique devrait être effectué tous les 3 à 5 ans chez les hommes de 40 à 75 ans et chez les femmes de 50 à 75 ans. Toutefois, les gens ayant une maladie cardiovasculaire connue ou des facteurs de risque élevés devraient effectuer ce bilan plus souvent.

Test de dépistage du cancer colorectal  

Pourquoi?

Pour dépister précocement le cancer colorectal – la deuxième cause de mortalité par cancer – et le traiter avant l’apparition des symptômes.

Comment?

La première méthode consiste à rechercher du sang dans les selles. Le test se fait à domicile: on prélève et dépose simplement un peu de selle sur un papier réactif. L’échantillon est ensuite acheminé en laboratoire. Les deux autres méthodes sont la rectosigmoïdoscopie et la coloscopie. On les pratique en introduisant par le rectum un mince tube muni d’une minicaméra afin de visualiser le rectum et le sigmoïde (dernière partie du côlon) dans le premier cas, et tout le côlon dans le second. La coloscopie peut aussi être virtuelle. Au lieu d’introduire un tube dans l’intestin, on utilise alors un scanner pour visionner le côlon. 

Quand?

Une recherche de sang dans les selles tous les 2 ans pour les personnes de 50 à 74 ans qui ne présentent pas de facteurs de risque (antécédents familiaux, polypes, maladies inflammatoires de l’intestin, tabagisme, etc.). «La rectosigmoïdoscopie et la coloscopie ne sont indiquées que si le résultat du sang dans les selles est positif ou si les facteurs de risque sont importants», précise le Dr Robert.

Mammographie

Pourquoi?

Pour découvrir le cancer du sein avant même que l’on puisse palper une masse. 

Comment?

Lors de cette radiographie des seins de face et de profil, chaque sein est comprimé entre deux plaques pour faciliter l’analyse. 

Quand?

Le Programme québécois de dépistage du cancer du sein conseille la mammographie de dépistage tous les 2 ans aux femmes de 50 à 69 ans, à moins de présenter un risque. Pour les plus de 70 ans, la mammographie de dépistage est offerte seulement si le médecin la juge pertinente. Selon la Fondation du cancer du sein du Québec, la lutte contre le cancer du sein passe également par l’observation des seins (examen visuel et palpation). Il est en effet important de bien connaître nos seins afin de pouvoir identifier facilement les changements. Il n’y a pas de moment précis pour en faire l’examen. Ce qui importe, c’est de le faire fréquemment.

Test Pap 

Pourquoi?

Pour dépister rapidement un cancer du col utérin ou la présence de cellules précancéreuses. 

Comment?

Le médecin prélève des cellules du col par frottis à l’aide d’une minibrosse. 

Quand?

Tous les 2 ans jusqu’à 65 ans si les résultats sont normaux. Selon le Dr Yves Robert, il peut toutefois être indiqué de poursuivre le dépistage s’il existe une histoire de cancer du col dans la famille (mère, sœur, fille) ou si on est sexuellement très active.   

Test de dépistage du cancer de la prostate  

Pourquoi?

Pour dépister précocement le cancer de la prostate, le plus fréquent chez l’homme.  

Comment?

Une simple prise de sang pour découvrir l’antigène prostatique spécifique (APS) – une protéine fabriquée par les cellules de la prostate –, combinée à un toucher rectal afin de détecter toute masse, irrégularité ou variation de taille. 

Quand?

En règle générale, aux 2 ans pour les hommes de 55 à 70 ans, mais cela peut différer. «Le test de l’APS n’est pas offert d’emblée à tous les hommes, explique le Dr Robert. Il se fait plutôt sur une base individuelle, après consultation avec le médecin. On le prescrit surtout aux hommes ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate, car on relève beaucoup de faux positifs, c’est-à-dire des gens qui ont un APS élevé, mais pas de cancer. D’où le problème de surdiagnostic et de surtraitement, souvent au détriment du patient. Pour éviter les traitements abusifs, on analyse donc chaque cas séparément.»

Ostéodensitométrie 

Pourquoi?

Pour détecter l’ostéoporose. Chez les plus de 50 ans, l’ostéoporose est responsable de plus de 80 % des fractures, dont celle de la hanche, qui entraîne souvent une perte d’autonomie importante. 

Comment?

L’ostéodensitométrie mesure la densité minérale osseuse par radiographie. 

Quand?

On fait évaluer nos facteurs de risque d’ostéoporose (ménopause précoce, fracture de fragilisation, antécédents familiaux de fractures ostéoporotiques, prise de corticostéroïdes, tabagisme, hyperthyroïdie, etc.) par le médecin après 50 ans. Si le risque est élevé, il prescrira une ostéodensitométrie. Dans le cas contraire, une ostéodensitométrie est conseillée après 65 ans.

Examen de la peau 

Pourquoi?

Pour signaler toute modification des grains de beauté afin de prévenir le cancer de la peau. 

Comment?

Le médecin examine chaque parcelle de la peau à la loupe. En cas de doute, il retirera le grain de beauté suspect, sous anesthésie locale, pour le faire analyser.

Quand?

On effectue un auto-examen de la peau de tout le corps (recto-verso) deux ou trois fois par année devant le miroir, et plus souvent encore si on est à risque (blonds et roux, adeptes du bronzage, amateurs de plein air, personnes qui travaillent à l’extérieur, avec de nombreux grains de beauté ou ayant des antécédents familiaux de cancer de la peau). On consulte dès l’apparition d’un changement de forme, de taille, de texture ou de couleur. 

Évaluation de la pression artérielle

Pourquoi?

Pour détecter l’hypertension, important facteur de risque dans le développement des maladies cardiovasculaires et des AVC, avant qu’elle ne cause des dommages. 

Comment?

À l’aide d’un tensiomètre enroulé autour du bras.   

Quand?

À chaque visite médicale. En prime, on la teste nous-même de temps à autre à la pharmacie ou à domicile à l’aide d’un moniteur personnel, quand on est détendu. 

À partir de 60 ans

Échographie abdominale

Pourquoi?

Pour dépister l’anévrisme de l’aorte abdominale avant qu’il devienne volumineux et se rompe. Sa rupture peut entraîner le décès.

Comment?

Une simple échographie.

Quand?

On conseille à tous les hommes de 65 à 75 ans, ainsi qu’à ceux de moins de 65 ans et aux femmes de plus de 65 ans ayant des antécédents familiaux ou des facteurs de risque élevés, de subir au moins un test de dépistage dans leur vie. 

Examen du fond de l’œil 

Pourquoi?

Pour repérer une éventuelle pathologie liée à l’âge, comme la cataracte, le glaucome et la dégénérescence maculaire, et ralentir sa progression. «Après 50 ans, on conseille un examen oculo-visuel annuellement, rappelle le Dr Langis Michaud, optométriste et président de l’Ordre des optométristes du Québec. Après 60 ans, on ajoute l’examen du fond de l’œil. Car, en vieillissant, la fréquence des maladies de l’œil augmente, ce qui peut nuire grandement à la qualité de vie.» 

Comment?

L’optométriste dilate les pupilles à l’aide de gouttes pour mieux voir les composantes oculaires et repérer les anomalies.  

Quand?

Une fois par année. Les patients diabétiques doivent faire examiner leur fond de l’œil au moment du diagnostic et aux 2 ans par la suite.

À partir de 70 ans

Test du champ visuel

Pourquoi?

Pour diagnostiquer un glaucome. Non traitée, cette pathologie peut mener à la cécité. Or, selon le Dr Michaud, le glaucome augmente dramatiquement après 70 ans.  

Comment?

On place sa tête dans une sorte de coupole. Des petits points lumineux apparaissent successivement dans différentes zones de la coupole. On appuie sur un bouton lorsqu’on en repère un.

Quand?

Une fois par année. 

Utile, l’examen annuel?  

Histoire de veiller au maintien d’une bonne santé, on s’applique à visiter notre médecin annuellement pour un bilan de santé complet, même sans symptôme apparent. Et si c’était inutile? Selon le Dr Yves Robert, ces rendez-vous annuels grugent une grande partie de l’horaire des médecins, limitant ainsi leurs disponibilités pour les patients avec des besoins plus urgents. «On a constaté que les résultats des tests chez les personnes en santé ne présentant pas de risque ne changent rien à leur état et n’améliorent pas leur espérance de vie. C’est pourquoi on ne recommande plus l’examen annuel traditionnel, mais plutôt des examens périodiques – pas nécessairement annuels –, adaptés à l’âge et aux facteurs de risque de chacun. Bref, une approche préventive plus globale, incluant de bonnes habitudes de vie pour réduire les facteurs de risque et des tests mieux ciblés, tels que mentionnés dans la nouvelle Fiche de prévention clinique prônée par le Collège des médecins. Évidemment, les personnes malades ou à risque doivent par contre maintenir un suivi médical régulier.» 

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