Inévitable, la haute pression ? Pas forcément. Il n’est jamais trop tard pour la prévenir ou, du moins, en limiter les conséquences. Voici les meilleures stratégies pour y arriver.
L’hypertension artérielle est une maladie vasculaire courante caractérisée par une pression anormalement élevée du sang dans les artères. Selon l’Institut national de santé publique du Québec, un adulte sur quatre en souffre et, au-delà de 65 ans, c’est une personne sur deux!
Hélas, ses répercussions sont encore trop souvent mésestimées. Une hypertension non traitée augmente sérieusement les risques d’AVC, de maladies coronariennes, d’insuffisance rénale, de troubles de la vision, de problèmes de circulation et même de démence vasculaire. Suffisamment inquiétant pour s’en préoccuper.
L’ennui, c’est que l’hypertension est généralement asymptomatique. «Elle peut évoluer pendant des années sans le moindre signe d’alerte, de sorte que de nombreux individus en souffrent à leur insu, soutient le Dr Denis Chauret, spécialiste en médecine interne à l’hôpital Montfort d’Ottawa et professeur agrégé de médecine à l’Université d’Ottawa. Les gens le découvrent souvent après un infarctus ou un AVC. C’est pourquoi on la qualifie de tueur silencieux.»
Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 46% des personnes hypertendues ignorent qu’elles le sont!
Cela indique habituellement que la pression artérielle est très élevée ou que l’hypertension est présente depuis longtemps. Il s’agit souvent de maux de tête, de fatigue, d’essoufflement, de douleur à la poitrine ou d’un problème de vision, entre autres. Il faut cependant éviter les conclusions hâtives.
«On peut difficilement se fier uniquement aux symptômes, déclare le Dr Rémi Goupil, néphrologue et clinicien-chercheur à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et professeur agrégé de clinique à l’Université de Montréal. On peut avoir un mal de tête parce qu’on fait de l’hypertension, mais on peut aussi avoir une pression plus élevée parce qu’on a mal à la tête. Et ce n’est pas parce qu’une pression est élevée une fois qu’il y a un problème. Plusieurs éléments peuvent modifier les résultats.»
Prendre sa pression en main
Évidemment, il est normal de voir sa tension artérielle monter lors d’une activité physique ou d’un stress par exemple. Mais chez les hypertendus, elle reste élevée de façon persistante.
Pour évaluer sa pression artérielle, il n’y a pas 36 façons : il faut la mesurer à l’aide d’un tensiomètre. «Tout le monde devrait vérifier sa pression au moins une fois par année, affirme le Dr Goupil. Toutefois, les personnes ayant des facteurs de risque, des dépassements des valeurs normales, certaines maladies (diabète, troubles rénaux ou cardiovasculaires) devraient la surveiller régulièrement, selon les indications de leur médecin ou de leur pharmacien.»
La mesure de la pression artérielle peut être prise chez le médecin, mais également en pharmacie ou à domicile. «La plupart des pharmacies mettent un tensiomètre à la disposition des clients, ajoute le Dr Goupil. Mais l’automesure à la maison reste la méthode la plus pratique et la plus fiable, car elle écarte le syndrome du sarrau blanc (pression élevée en présence du médecin et normale à la maison), qui peut fausser les résultats. Elle permet aussi de prendre sa pression au moment opportun.»
Mais encore faut-il savoir décoder les données. «Lors de la prise de la pression artérielle, on obtient deux mesures, explique Sandrine Vinet, pharmacienne. La plus haute, la pression systolique, représente la pression exercée dans les artères lorsque le cœur se contracte, tandis que la plus basse, la pression diastolique, indique la pression lorsque le cœur se détend. La pression normale est égale ou inférieure à 120/80 mm Hg. Le seuil de diagnostic d’hypertension est, quant à lui, équivalent ou supérieur à 140/90 mm Hg ou 135/85 mm Hg si la pression est mesurée à la maison. Mais chez les personnes diabétiques, la cible est plutôt 130/80 mm Hg.»
Devrait-on filer à l’urgence dès que notre pression grimpe un peu trop? Pas nécessairement. «Des valeurs supérieures à 140/90 peuvent faire peur, concède le Dr Denis Chauret. Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter s’il n’y a aucun symptôme. La personne devra éventuellement être prise en charge par un médecin, mais ce n’est pas une urgence médicale. Par contre, il faut consulter rapidement en présence de symptômes.»
La bonne méthode
Mesurer sa pression artérielle à la maison peut sembler facile. Mais une mauvaise technique peut facilement altérer les résultats. Pour obtenir des valeurs significatives, il faut respecter certaines règles.
«On devrait attendre deux heures après avoir mangé et une heure après avoir bu une boisson caféinée, fumé ou fait de l’exercice avant de prendre la pression, précise Sandrine Vinet. Pour effectuer la mesure, il faut s’asseoir (dos appuyé), les pieds à plat sur le sol et le bras posé à hauteur du cœur sur un appui-bras ou une table. Le brassard se place directement sur la peau – on doit pouvoir glisser deux doigts sous le brassard. Après un temps de repos de cinq minutes, on prend sa pression en suivant les consignes du fabricant. On réalise une seconde mesure quelques minutes plus tard. Et parce que la pression varie au cours d’une journée, on prend deux mesures par jour: par exemple, deux fois le matin et deux fois le soir.»
Pour dépister une hypertension ou évaluer l’efficacité d’un traitement, plusieurs mesures, échelonnées sur quelques jours, sont toutefois nécessaires au médecin pour avoir un portrait global de la situation. Il est donc important de noter chaque mesure et de montrer les données à son médecin.
Les clés pour prévenir l’hypertension
Il existe deux types d’hypertension: primaire et secondaire. «L’hypertension primaire touche environ 95 % des gens atteints et n’a pas de cause connue, explique le Dr Denis Chauret. L’hypertension secondaire est, quant à elle, associée à des conditions médicales telles les maladies rénales ou du système endocrinien. Dans les deux cas, les habitudes de vie ont une grande influence sur la pression artérielle.»
La bonne nouvelle: il est possible de prévenir, retarder ou contrôler l’hypertension artérielle en réduisant simplement les facteurs de risque.
Le poids
L’obésité augmente considérablement le risque d’hypertension, rappelle le Dr Goupil. Un fait encourageant: une perte de 5 % à 10 % du poids initial contribuerait à diminuer significativement la pression artérielle et, par le fait même, à prévenir l’hypertension.
L’alimentation
D’après la Société québécoise d’hypertension artérielle (SQHA), le fait de réduire de moitié sa consommation de sel permettrait à un adulte sur trois de prévenir l’hypertension.
La recommandation: moins de 2000 mg par jour (8 sachets de sel), incluant le sel contenu dans les aliments préparés. «Il est aussi démontré que la consommation de produits laitiers faibles en gras et de fruits riches en potassium aide à réduire la pression», signale le Dr Chauret.
Autre bonne idée: adopter la diète DASH. Similaire au régime méditerranéen, elle est spécialement conçue pour contrôler l’hypertension.
La sédentarité
La pratique régulière d’une activité physique prévient non seulement l’hypertension, mais elle abaisse également la pression et facilite la gestion du stress et du poids.
Pour y arriver, la SQHA recommande de bouger de 30 à 60 minutes par jour à une intensité modérée, de quatre à sept jours par semaine.
Le stress
Il fait grimper la pression. Une bonne gestion du stress évitera bien des ennuis.
La consommation d’alcool et de tabac
Mieux vaut bannir le tabac et limiter sa consommation d’alcool, car l’un et l’autre entraînent une hausse de la pression.
En résumé, l’hypertension n’a rien d’une fatalité. Il suffit de quelques gestes pas si compliqués pour freiner son avancée. Ça vaut la peine d’essayer!