Popularisée par Jessie Inchauspé, alias Glucose Goddess, l’alimentation séquentielle, soit le fait de consommer ses aliments dans un ordre précis, fait de plus en plus jaser. S’agit-il d’une nouvelle tendance en nutrition? Voyons ce qu’en dit la science.
Biochimiste de formation, la «déesse du glucose» prétend que l’ordre dans lequel nous mangeons nos aliments influence notre santé et notre niveau d’énergie. Son approche repose sur une règle simple: commencer par les légumes, poursuivre avec les protéines et terminer avec les glucides.
L’objectif? Éviter les pics de glycémie, qui peuvent entraîner fringales, fatigue et, à long terme, favoriser la prise de poids.
L’avis des scientifiques
Des études ont démontré que l’ordre des aliments peut avoir un impact significatif sur la régulation de la glycémie chez les personnes atteintes de prédiabète ou de diabète de type 2. Lorsque les glucides sont consommés après les légumes et les protéines, la réponse glycémique est plus faible et la glycémie postprandiale (évaluation du taux de sucre deux heures après le repas), plus stable.
Dans la population en général, des études intéressantes ont évalué l’effet d’un repas identique, mais consommé dans une séquence différente, sur des marqueurs de santé métabolique. Ici aussi, la glycémie était plus basse quand les glucides (le pain, par exemple) étaient consommés en dernier. En prime, l’hormone GLP-1, qui favorise la satiété, était plus élevée dans ce scénario.
Mon grain de sel
Les données scientifiques s’accumulent et confirment que l’alimentation séquentielle peut avoir des effets bénéfiques sur la glycémie. Pour les quelque 800 000 Québécois vivant avec le diabète, cette approche peut être un outil intéressant pour mieux gérer le taux de sucre au quotidien, ce qui ne peut qu’être favorable à long terme.
Comme la régulation de la glycémie n’est pas un problème chez les personnes ayant une bonne sensibilité à l’insuline, la pertinence de cette approche est discutable chez les non-diabétiques. Par contre, elle pourrait contribuer au contrôle du poids, en ralentissant la vidange gastrique (évacuation du contenu de l’estomac).
Un effet qui rappelle celui des nouveaux médicaments pour la gestion du diabète, comme Ozempic, lesquels favorisent la sensation de satiété. L’alimentation séquentielle offre un autre avantage: elle peut favoriser une plus grande consommation de légumes, un geste bénéfique pour la santé globale.
Mode d’emploi
Si le concept d’introduire un ordre dans les aliments semble séduisant, encore faut-il le mettre en pratique! Voici quelques conseils simples:
1. le matin, débuter avec des protéines (œuf, fromage cottage, yogourt nature) avant de manger les fruits et les produits céréaliers;
2. commencer les repas du midi et du soir avec des légumes (salade, crudités, soupe aux légumes);
3. consommer ensuite des sources de protéines (viande, volaille, poisson, œuf, tofu) ; clore le repas avec les féculents (riz, pâtes, pain, pomme de terre, craquelins);
4. au restaurant, résister au pain servi en entrée et privilégier une entrée de légumes.
Une approche, des défis
Certains mets ou occasions peuvent compliquer la tâche des personnes qui souhaitent adopter l’alimentation séquentielle. En effet, il peut être ardu de suivre les règles au restaurant ou lors d’un repas chez des amis.
Les plats composés comme la lasagne, la paella, voire la pizza, augmentent aussi la difficulté! Enfin, certaines personnes pourraient développer une rigidité excessive dans leurs menus, avec le risque d’en faire une obsession alimentaire.