Des recettes en héritage

Des recettes en héritage

Par Jessica Dostie

Crédit photo: Collaboration spéciale

Hélène Laurendeau collectionne les recettes – celles des grands chefs, mais aussi celles de sa mère, de sa belle-mère et de ses amis – depuis belle lurette. «Ce sont des monuments de la culture qu’il faut immortaliser», insiste- t-elle. On pense certes au couscous maghrébin ou au ceviche péruvien, plats emblématiques classés au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, mais pour cette nutritionniste de formation et épicurienne de nature, les recettes de famille les plus simples méritent tout autant d’être préservées.

Les recettes écrites sur un bout de papier un peu jauni et qui se transmettent de génération en génération sont parfois les plus précieuses d’entre toutes. Même – et surtout – quand elles n’ont rien de gastronomique.

«Partager une recette, c’est partager un moment de bonheur, un souvenir», témoigne Hélène Laurendeau. ll lui aura pourtant fallu du temps – et un coup de pouce de sa fille Juliette! – pour que Fernande, sa mère aujourd’hui âgée de 85 ans, révèle en détail les secrets de son fameux poulet rôti, entre autres choses. «Ma mère dit que ce n’est pas une recette, mais pourtant, il y a un vrai savoir-faire derrière ce plat, souligne-t-elle. Après tout, ça fait 60 ans qu’elle cuit son poulet comme le lui a montré ma grand-mère quand elle s’est mariée!»

Même chose pour les pommes de terre bouillies (comme sa mère, «qui fait les meilleures pommes de terre au monde!», la nutritionniste ajoute un oignon et juste assez de sel à l’eau de cuisson) ou bien les crêpes faites «à l’œil». «Il y a toute une partie de la transmission orale et visuelle des connaissances culinaires qui est en train de se perdre, déplore-t-elle. Il faut valoriser davantage ce savoir, nos cipailles de famille, nos sauces à spaghetti de famille… Et après, ça suscite des débats passionnés. Et vous, mettez-vous des petits pois ou pas dans votre pâté chinois?»

Comment documenter le savoir-faire culinaire

Selon Hélène Laurendeau, la transmission ne passe pas obligatoirement par le traditionnel carnet de recettes. «Aujourd’hui, avec la techno, vous pouvez vous filmer en train de cuisiner, explique celle qui collabore au populaire site de recettes Signé Gourmand. Vous n’êtes pas obligé d’écrire si ce n’est pas votre truc. Vous pouvez même prendre une photo de la recette manuscrite. Tous les moyens sont bons!»

Encore mieux: passer un moment en cuisine avec les plus jeunes pour leur montrer comment préparer un rôti qui fond dans la bouche ou un bouillon savoureux… «Quand on regarde des livres de recettes qui datent, les instructions manquent souvent de précision. On apprenait en observant nos mères et nos grands-mères. Je me revois en train de faire mes devoirs sur la table de cuisine pendant que ma mère me montrait comment faire une béchamel sans grumeaux, en faisant d’abord cuire la farine. J’ai pu expérimenter en cuisine, puis, à mon tour, j’ai laissé mes enfants cuisiner. C’est comme ça qu’on tricote des souvenirs et qu’on contribue à notre patrimoine.»

 

À découvrir: les recettes d’Hélène Laurendeau sont publiées dans le livre Ma cuisine, Saint-Jean Éditeur (208 p., 34,95$ ou 26,99$ en version numérique).

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