La maladie cardiaque et l’AVC sont les premières causes de décès prématuré chez les femmes au Canada. Pourtant, ces dernières sont encore nombreuses à mal connaître les symptômes et les facteurs de risque à surveiller. Voici ce qu’il faut savoir.
Des chiffres qui en disent long
- Une femme sur trois au Canada sera touchée par une maladie cardiovasculaire au cours de sa vie.
- Au Canada, les maladies cardiaques et les AVC ont coûté la vie à plus de 32 000 femmes en 2019.
- La maladie cardiovasculaire constitue la première cause de décès chez les femmes de plus de 35 ans.
- Moins de 50 % des Canadiens connaissent l’existence des facteurs de risque spécifiques aux femmes.
- Moins de 30 % des participants aux études cliniques en cardiologie sont des femmes.
Des symptômes différents
Selon un rapport présenté en 2023 par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, les signes précurseurs d’une crise cardiaque passent inaperçus chez 50 % des femmes. Ce taux alarmant est lié au fait que les symptômes se présentent différemment chez les membres de la gent féminine.
«Ce n’est pas la présentation hollywoodienne typique de l’homme qui ressent à la poitrine une douleur qui irradie jusque dans son bras. L’expression de la douleur est différente chez la femme», avance Jessica Forcillo, chirurgienne cardiaque au CHUM et cofondatrice du centre d’expertise Cardio F, dédié à la santé cardiaque féminine.
Les femmes peuvent ressentir les symptômes suivants:
- inconfort, brûlement ou chaleur à la poitrine;
- grande fatigue;
- nausées et/ou étourdissements;
- douleur épigastrique;
- bouffées de chaleur;
- engourdissement, pression ou douleur au visage, au cou, voire au thorax;
- essoufflement.
Plusieurs différences biologiques entre l’homme et la femme expliquent pourquoi cette dernière est plus à risque de développer une maladie cardiaque. D’abord, les femmes ont une fréquence cardiaque plus élevée et sont pourvues d’un cœur et d’artères de plus petite taille, sans parler des fluctuations hormonales qui rythment leur parcours de vie.
«Les femmes voient leurs risques augmenter à cause des nombreux changements qu’elles rencontrent, que ce soit au début de leur période reproductive, lors de la grossesse ou à la ménopause, quand l’effet protecteur de l’œstrogène diminue. Après 70 ans, en raison de la chute des hormones, elles ont un cumul de facteurs de risque plus important: une femme sera notamment plus hypertendue et aura plus de cholestérol qu’un homme», mentionne la Dre Forcillo.
Facteurs de risque
Il existe une variété de facteurs pouvant augmenter le risque d’affections cardiaques et d’AVC. Certains sont tributaires de notre hygiène de vie, tandis que d’autres sont liés à des éléments indépendants de notre volonté.
Les facteurs de risque modifiables:
- consommation excessive d’alcool ou de drogue;
- mauvaise alimentation;
- sédentarité;
- stress;
- tabagisme.
Les facteurs de risque non modifiables :
- âge;
- antécédents familiaux;
- antécédents médicaux;
- origine ethnique;
- traumatismes générationnels.
Christine Faubert, vice-présidente équité en matière de santé et impact de la mission à la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, mentionne aussi certains facteurs de risque médicaux: «L’hypertension, le diabète, le taux de cholestérol élevé, l’obésité et la fibrillation auriculaire sont des facteurs de risque qu’il est possible de réduire en travaillant sur l’hygiène de vie, mais qui s’avèrent parfois trop importants. On aura alors recours à la médication, par exemple, pour les contrôler. Il faut aussi rappeler que certaines lacunes sur le plan de l’équité et de l’accès font en sorte qu’il est plus difficile pour certaines personnes d’adopter des comportements sains.»
Les troubles inflammatoires systémiques et les maladies auto-immunes, qui touchent plus fréquemment les femmes, l’insuffisance rénale chronique et les traitements contre le cancer du sein comptent aussi parmi les facteurs de risque.
Recherche et traitements: deux poids, deux mesures
Si les femmes sont plus à risque de développer une maladie cardiaque, c’est notamment parce qu’elles ont longtemps été sous-représentées dans les recherches et les études cliniques.
«Il y a beaucoup de rattrapage à faire au niveau des connaissances, rappelle Christine Faubert. De quelle façon les maladies du cœur et l’AVC touchent-ils les femmes? Quels sont les facteurs de risque spécifiques aux femmes? Quels sont les traitements les plus efficaces pour elles? Il y a des enjeux sur le plan de la recherche, mais aussi sur celui des soins. Par exemple, plusieurs tests visant à diagnostiquer une crise cardiaque ont été créés pour les hommes. Il y a aussi beaucoup de sensibilisation à faire, tant auprès de la population qu’auprès des professionnels de la santé. Les symptômes propres aux femmes doivent être mieux connus.»
La Dre Forcillo se montre toutefois optimiste pour l’avenir. «On en parle de plus en plus. On tient compte des femmes dans les études et l’industrie développe des équipements pour mieux les diagnostiquer et les traiter. On essaie de développer une médecine qui est plus individualisée.»
Consulter ou non? Là est la question!
Se présenter aux urgences avec une nausée risque d’éprouver grandement notre patience. Comment savoir s’il est pertinent de voir un médecin?
«Je pense que c’est la récurrence des symptômes, indique la Dre Forcillo. Si notre petite voix intérieure nous indique que ce qu’on vit est anormal et que nos symptômes sont persistants, ça vaut la peine d’interroger notre médecin ou celui de l’urgence à ce sujet. En cas de symptômes majeurs, on peut aussi appeler le 9‑1‑1.»