Comment aider nos petits-enfants victimes d’intimidation

Comment aider nos petits-enfants victimes d’intimidation

Par Suzanne Décarie

Crédit photo: iStockphoto.com

Railleries, sarcasmes, brutalité, harcèlement, exclusion, rejet, rumeurs, violence, cyberintimidation… Parce qu’ils sont différents, et quelle que soit cette différence, des jeunes vivent un enfer à l’école. Blessés, humiliés, malmenés, ils souffrent en silence jusqu’à se rendre malades ou à décrocher d’un milieu qui semble incapable de les protéger. Certains ne pensent qu’à mourir.

Que faire si on a l’impression que son petit-fils, sa petite-fille, son neveu ou sa nièce est traqué dans ce cercle infernal? Nous avons demandé conseil au comédien et animateur Jasmin Roy. Lui-même victime d’homophobie dans ses jeunes années, ce qu’il dévoile sans pudeur dans le bouleversant Osti de fif ! (Les Intouchables, 2010), il soutient les victimes et se bat pour que cesse cette violence indue au moyen de la fondation qu’il a mise sur pied et qu’il préside.

Nous nous sommes aussi adressé à l’humoriste et animateur Alex Perron, porte-parole de Gai Écoute. S’il n’a pas connu les affres de l’intimidation à l’école, il sait bien que ça aurait pu lui arriver.

Intimidation: les conseils de Jasmin Roy

 

Les conseils de Jasmin Roy

1. Montrer qu’on est là, établir un lien de confiance, laisser la porte ouverte

«Boris Cyrulnik [neurologue, psychiatre et psychanalyste qui a développé le concept de résilience], le dit: l’être humain peut se sortir de n’importe quoi, s’il est bien accompagné, bien outillé, bien aimé et s’il est capable d’établir des liens de confiance. Souvent, tant les agresseurs que les victimes ont perdu confiance en leurs pairs et ne croient plus aux adultes.» On doit donc dire qu’on est là, mais on n’est pas sur les lieux où se joue cette lutte de pouvoir... «Si on est disponible, on peut proposer aux parents de les relayer pour assurer le suivi avec le milieu scolaire. Les cas d’intimidation sont des dossiers lourds qui exigent du temps et de nombreuses rencontres. Débordés, souvent désespérés, les parents ont aussi besoin d’être soutenus.»

2. Motiver le jeune à pratiquer des activités qu’il aime

«Les victimes doivent rebâtir leur estime de soi et leur confiance en elles, et cela passe par des succès. Il faut les aider à trouver des activités dans lesquelles elles se sentent bien et les encourager à s’y consacrer», poursuit Jasmin Roy, qui affirme avoir surmonté l’exclusion et le mépris grâce à la musique et au théâtre. «Ça a changé ma vie. J’étais en 5e secondaire, et subitement, tout le monde a voulu être mon ami!»

3. Témoigner

«Je suis content de m’adresser aux lectrices et lecteurs du Bel Âge. Ils sont les mieux placés pour témoigner aux jeunes des avancées de notre société, des droits acquis au fil des ans. Dans nos écoles, les filles se dénigrent et se traitent de salope, de chienne, de pute… Les grands-mères ont le devoir d’inciter leurs petites-filles à se faire respecter. Elles doivent leur expliquer qu’elles-mêmes se sont battues pour faire valoir leurs droits et qu’elles se désolent de voir les jeunes filles se traiter comme elles ont refusé qu’on les traite. De plus, ceux et celles qui ont été victimes d’intimidation devraient le raconter à leurs petits-enfants, neveux et nièces.» Ne serait-ce que pour leur montrer qu’on finit par s’en sortir.

 

Les conseils d'Alex Perron

 

Les conseils d’Alex Perron

1. Inviter le jeune à nous parler de ce qu’il vit, ou à s’en ouvrir à quelqu’un en qui il a confiance

«En se taisant, on accepte presque d’être victime et on donne du pouvoir à notre ou nos agresseurs. Les jeunes ont souvent confiance en leurs grands-parents, qui ont une position intéressante. Ils ont plus de distance que les parents, et ils peuvent réagir à ce qu’ils entendent. Et le jeune a besoin de cette réaction, parce qu’il a du mal à agir seul. Ça prend un coup de main, un encouragement.»

2. Sortir de la victimisation

«À partir du moment où l’on adopte une attitude de victime, on ouvre la porte à nos agresseurs, croit-il. Je n’ai jamais voulu être une victime. Je ne me suis jamais caché. Au contraire, je me suis exposé: j’ai fait du théâtre, j’ai été président de mon école... Comme je prenais les devants, les autres n’avaient pas d’emprise sur moi. Les agresseurs ne s’attaquent pas à ceux qui ont du succès, mais à ceux qui en arrachent. Et ça, ça se change! Parfois avec de l’aide, parfois grâce à des petits déclencheurs comme la découverte d’une passion.»

3. Tabler sur ses qualités et ses ambitions

«J’incite ceux qui se confient à moi à persévérer, à trouver leurs forces, à se découvrir des passions, que ce soit le sport, la musique ou le bricolage, et à les explorer, ne serait-ce que pour un temps. Quand on est bon en quelque chose, on a presque l’impression de devenir invincible, et le reste suit. Il importe de rester positif et d’aller de l’avant. Je sais que ce n’est pas toujours facile, mais il y a une lumière au bout du tunnel.»

 

Des ressources à suggérer

 

Fondation Jasmin Roy: www.fondationjasminroy.com

Gai Écoute: www.gai-ecoute.qc.ca/  1 888 505-1010

Tel-jeunes: www.teljeunes.com/accueil  1 800 263-2266

Jeunesse, J’écoute: http://org.jeunessejecoute.ca/fr/  1 800 668-6868

 

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