12 conseils pour ne plus se sentir seul

12 conseils pour ne plus se sentir seul

Par Linda Priestley

Crédit photo: Philippe Leone via Unsplash

Quand la solitude pèse, la vie n’est pas rose. Voici 12 conseils pour franchir la porte… et s’épanouir dehors. 

Au cours d’une semaine normale, 31 % des Québécois de 65 ans et plus vivant seuls chez eux ne reçoivent ni visite ni coup de fil de leur famille, tandis que 44 % n’ont aucun contact avec des amis. Chez les 75 ans et plus, 1 personne sur 4 n’a pas d’ami proche. Comme les conséquences de l’isolement sont néfastes, tant pour la santé mentale que physique, le phénomène mérite qu’on s’y attarde. «Chez les gens isolés, on constate une augmentation du risque de mortalité, de troubles cardiovasculaires, d’angoisse, d’anxiété et de dépression», affirme le Dr André Tourigny, de l’Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés (IVPSA). Heureusement, on peut poser des gestes libérateurs, qui briseront la solitude avant qu’elle se transforme en véritable isolement. 

 

1. Oser faire le premier pas 

Saluer un voisin qu’on croise ou sourire aux membres d’un groupe dans lequel on se trouve peut aider à briser la glace. «Lors d’une manifestation contre un projet de condos en milieu boisé, j’ai engagé la conversation avec d’autres participants», témoigne Paul, un veuf de 67 ans qui, pendant la maladie de sa femme et après son décès, avait coupé tout lien avec le monde extérieur. «Depuis, dit-il, on se rencontre régulièrement pour jaser ou planifier notre prochaine manif!» (rires) Même dans les résidences pour aînés, on hésite parfois à créer des liens d’amitié, par crainte ou par timidité. On ne perd pourtant rien à essayer!

 

2. Mettre le nez dehors 

Une mobilité réduite nous décourage de sortir? N’hésitons pas à imiter Lorette Legaré, qui se déplace en quadriporteur pour vaquer à ses occupations de bénévole, malgré les obstacles qui surgissent parfois sur sa route. Si la peur de faire une mauvaise chute nous paralyse ou qu’une blessure nous gêne, on prépare nos sorties en planifiant le trajet, en s’informant sur les moyens de transport (standard ou adapté) et sur l’accessibilité des lieux qu’on souhaite visiter. Et, bien sûr, on y va à notre rythme et selon nos capacités.

 

3. Retrouver un loisir qui nous plaît 

On rêve de renouer avec une activité qu’on a délaissée en raison, par exemple, d’une limitation physique? On s’y remet… mais en l’adaptant à notre nouvelle réalité. «Une personne qui ne peut plus danser comme avant pourrait participer à une soirée dansante de manière différente, en tapant du pied et des mains et en chantant, par exemple, suggère Geneviève Gravel, conseillère aux proches aidants du service Info-Aidant L’Appui. L’essentiel est de trouver une autre façon d’obtenir de la satisfaction, de la fierté et de l’estime de soi, et qui permette aussi de rester en lien avec sa communauté.» 

 

4. Explorer les possibilités offertes

La recherche de nouvelles activités culturelles, sociales, sportives ou bénévoles est une excellente façon de tromper l’ennui. «J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai visité le centre communautaire de mon quartier, où je me suis inscrite à des cours d’espagnol et d’échecs, raconte Martine, une quinquagénaire célibataire et timide. Ça m’a permis de sortir de ma bulle et de socialiser.» On a également tout intérêt à vérifier si notre ville est inscrite dans le programme MADA (Municipalité amie des aînées): belle occasion de voir si certaines des activités proposées sont susceptibles de piquer notre curiosité.

 

5. Prendre soin de soi 

Quand on vit seul, on tend à se négliger et à entretenir de mauvaises habitudes, comme fumer ou boire trop d’alcool, «ce qui risque d’entraîner d’autres problèmes», souligne le Dr Tourigny. Pour éviter que ces comportements accentuent notre solitude, on peut par exemple s’encourager à mieux manger en assistant à une conférence sur la nutrition ou en participant à un atelier de cuisine. Côté forme, on vise l’équilibre entre ce qu’on est capable de faire et ce qu’on a envie de faire. Si on a un handicap quelconque ou qu’on est en perte d’autonomie, on s’informe auprès de notre centre d’action bénévole ou de notre CLSC au sujet des endroits qui offrent des activités et des loisirs adaptés à nos besoins. 

 

6. Rester connecté 

En plus d’être divertissants, l’ordi, la tablette et le téléphone intelligent permettent de rester en contact avec les autres. Grâce à ces appareils, on est aussi au courant des services mis à notre disposition. «On se réfère de plus en plus à l’électronique et aux sites Web», constate le Dr Tourigny. Si on n’est pas trop techno, ça pourrait nuire à nos recherches. Dans ce cas, pourquoi ne pas s’inscrire à un atelier d’initiation à l’informatique offert par notre ville, notre bibliothèque municipale ou un organisme consacré aux aînés?

 

7. Lancer un SOS 

Quand on n’arrive pas à s’en sortir, c’est rassurant de savoir qu’on peut s’accrocher à une bouée. Dans cette optique, les travailleurs de milieu, dont la tâche consiste à repérer les aînés et les proches aidants vivant une situation difficile, offrent un précieux soutien. «Nous cherchons à comprendre la cause de leur isolement, nous leur suggérons des solutions et facilitons leurs démarches auprès des ressources appropriées, explique Diana Jiménez, travailleuse de milieu à Québec Par exemple, si une personne a du mal à se déplacer, nous la dirigeons vers un service de transport.» Le but est d’établir des liens de confiance, en respectant le rythme de la personne, ses besoins et ses intérêts. La clé, si on souffre d’isolement, c’est d’en parler, renchérit Marie-Pier Trudel, également travailleuse de milieu à Québec: «On ne doit pas avoir peur d’aller cogner à des portes et de dire qu’on se sent seul. Il n’y a aucune honte à ça.»

 

8. Se tourner vers un groupe de soutien 

Ces groupes offrent un cadre rassurant, encourageant et sans jugement, où on peut partager son vécu et créer des liens avec des personnes dont l’expérience ressemble à la nôtre. «Entendre quelqu’un d’autre parler de sa honte ou de sa gêne face à sa situation ou à ses limitations aide à se sentir moins seul», affirme Geneviève Gravel. 

 

9. Ne pas se décourager

Admettre qu’on est seul, surtout si ça dure depuis des années, est une étape souvent difficile à franchir. La «réhabilitation» peut s’avérer tout aussi longue et éprouvante. Cela dit, rien ne sert de bousculer les choses. «S’intégrer à un groupe de l’âge d’or, par exemple, peut en intimider certains, souligne Marie-Pier Trudel. Dans ce cas, nous proposons à la personne de l’accompagner à une première rencontre.» Si la formule ne lui convient pas, on l’encourage à ne pas perdre espoir et on envisage une autre option, comme «des visites d’amitié, où le contact avec une seule personne permet de surmonter sa timidité et de développer des habiletés sociales», poursuit Diana Jiménez. Ce sont souvent les familles qui s’inquiètent à propos d’un parent isolé, ajoute-t-elle: «On travaille alors avec l’entourage, pour lui faire comprendre que c’est un long processus et qu’il faut avancer au rythme de la personne concernée.»

 

10. Retrouver l’estime de soi et un sens à sa vie 

L’isolement s’accompagne souvent d’une faible estime de soi. «À cause d’images négatives véhiculées par la société, certains aînés ne se sentent pas utiles ou en mesure de contribuer, constate Geneviève Gravel. Ils hésitent alors à demander de l’aide, peu convaincus de leur propre valeur.» Il y a pourtant des ressources, des organismes, des groupes et des services d’aide pour valoriser nos forces et notre unicité: profitons-en!

 

11. Miser sur la prévention 

En cas de changement majeur dans notre vie, une bonne préparation peut faire toute la différence. «Au moment de la retraite, par exemple, on gagne à trouver des moyens de compenser la perte des relations professionnelles qu’on entretenait», note le Dr Tourigny, ajoutant que le décès d’un proche peut aussi avoir des répercussions négatives sur notre santé et notre vie sociale si on laisse la période de deuil se prolonger. «C’est ce que j’ai fait et j’ai failli y laisser ma peau, se souvient Paul. Mais j’ai fini par me secouer pour renouer avec les autres et avec la vie.»

 

12. Penser à soi… surtout si on est un proche aidant 

Lorsque la charge d’un parent ou d’un ami devient lourde, on risque de se sentir épuisé, déprimé et isolé. Un organisme de proches aidants peut alors nous soulager. «Nous assistons les personnes faisant appel à nous durant leur parcours d’aidant, en les écoutant et les informant sur les services et les programmes communautaires mis à leur disposition et en les dirigeant au besoin vers les ressources appropriées, explique Geneviève Gravel. Par exemple, on réfère souvent les personnes épuisées à des services de répit, afin qu’elles puissent sortir de la maison, s’accorder des moments pour elles, faire des courses ou socialiser.»

 

À quelles portes frapper?

 Les organismes destinés aux aînés Leur liste se trouve sur le site arrondissement.com, sous l’onglet «Bottin des organismes».

 Les organismes communautaires Pour dénicher des ressources ou être dirigé vers un travailleur de milieu. 

 L’Appui pour les proches aidants d’aînés Cet OSBL travaille avec les organismes en place dans chacune des régions pour compléter l’aide aux proches aidants. On y trouve un répertoire des ressources par région, de même qu’Info-aidant, un service téléphonique gratuit et confidentiel d’écoute, d’information et de référence: lappui.org ou 1 855 852-7784.

 Tel-Aînés Service téléphonique d’écoute, d’information et de référence, sans frais, à Montréal: tel-ecoute.org ou 514 353-2463.

 Contact-Aînés Service d’accueil, d’écoute et d’accompagnement à Québec: contact-aines.com ou 418 687-3553.

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