Comment profiter de vos vacances

Comment profiter de vos vacances

Par Françoise Genest

Crédit photo: iStockphoto.com

Un instant de paix au bord d’un lac sans rides, le vent chaud d’une plage exotique, une ville nouvelle qu’on découvre, la grasse matinée qu’on étire… Ah! les vacances! Ces jours bénis où on peut enfin tourner le dos à la routine et au stress quotidien... Vous en rêvez depuis des semaines? Et pour cause! Boulot, courses, famille, jardinage, bénévolat, grand ménage, petits-enfants à garder, rendez-vous à ne pas rater, vous roulez à plein régime l’année durant. Rien de surprenant à ce que vous saliviez à l’idée de vous arrêter. Mais si vous ne prenez pas soin de commencer par ralentir un peu, vos vacances pourraient avoir l’effet d’un coup de frein brusque qui n’a rien de relaxant… 

Trop fatigué pour prendre des vacances?

Les vacances sont faites pour se reposer, certes, mais aussi pour s’évader, s’amuser, se changer les idées, se ressourcer,  profiter du temps libre seul ou avec ceux qu’on aime et faire des choses qui nous plaisent. Voilà pourquoi vous n’en profiterez pas pleinement si vous êtes épuisé. Si, chaque année, vous rognez une semaine entière de vos vacances pour émerger de votre épuisement et que vos deux ou trois semaines d’évasion ne vous permettent pas de recharger vos batteries, vous souffrez sans doute d’un manque d’entraînement aux vacances. 

Oui, oui, d’entraînement! Car «tomber en vacances» ne suffit pas! Encore faut-il savoir comment décrocher, se détendre et se reposer. Surtout, il ne faut pas attendre le jour un de son long congé pour s’y mettre. 

«Pourquoi attendre aux vacances annuelles pour faire le vide ou le plein d’énergie? soutient le psychologue Russell Calvert. Arrêtez-vous un instant afin de sonder votre niveau de stress; vous serez surpris de constater vos tensions corporelles et mentales. Dites-vous que c’est lorsque vous n’avez pas le temps de vous reposer qu’il est le plus urgent d’y songer.» 

En lisant ces lignes, vous vous dites justement que vous n’avez pas le temps? «Prenez-le», répondent à l’unisson les spécialistes. Le repos et la détente sont essntiels à la santé physique et mentale. «Les vacances annuelles sont nécessaires, mais insuffisantes, explique Claire Leduc, travailleuse sociale et psychothérapeute familiale et conjugale. Pour atteindre un équilibre de vie, il faut avoir du temps pour travailler, du temps pour s’amuser et du temps pour aimer, et ce, tout au long de l’année.» 

L’entraînement aux vacances

Les thérapeutes sont unanimes: on peut «s’entraîner» aux vacances. Avec quelques réaménagements à l’horaire et la volonté commune des membres de la famille, chacun devrait pouvoir réserver au moins une heure par semaine à une activité de détente et de repos. Bref, inscrivez «vacances» à votre agenda. Faites-en une routine, comme pour un entraînement sportif. «Ah!, c’est mon heure de vacances!» Et vous voilà à vous glisser dans le bain avec un livre, à enfourcher votre vélo, à faire une marche dans le quartier, à vous réfugier dans votre établi ou à fermer les yeux, étendu sur votre lit. Qu’importe la formule choisie, l’idée, c’est de le faire régulièrement. 


La minute de vacances

«Accordez-vous aussi des vacances chaque jour... ne serait-ce que d’une minute, suggère Russell Calvert. Arrêtez-vous dans le tumulte de votre quotidien, suspendez vos activités et offrez à votre corps et à votre esprit le plaisir de ne rien faire pendant soixante longues secondes.»  

Admirez la lumière du jour par la fenêtre, levez-vous pour étirer vos muscles, fermez les yeux au son d’une musique ou du silence… Il s’agit de mettre le brouhaha ambiant sur «pause» pendant une minute. 

Rien de plus facile? Détrompez-vous! Ne serait-ce que pour vivre pleinement ces «minutes de vacances», il faut un peu d’entraînement. «À peine aurez-vous laissé vos tâches que vos urgences feront surface, vous poussant à reprendre le travail», explique le psychologue. Pourtant, la recherche démontre qu’activité n’est pas synonyme d’efficacité.     

«Les personnes les plus productives savent s’arrêter pour se régénérer, ajoute Russell Calvert. Le fait de prendre souvent des vacances d’une minute vous permet de recharger vos batteries, de préserver votre santé, de garder un bon moral et d’être plus efficace.» Sans compter que vous arriverez aux vraies vacances mieux préparé à «décrocher». 

Courtes ou longues, les vacances?

Avez-vous déjà envié le mois de vacances payées auquel ont droit la plupart des citoyens français? Il faut dire que le Canada fait plutôt piètre figure en la matière. De fait, selon l’Indice WECanada du travail et de l’équité publié par l’Université McGill, dans 89 pays on offre un congé annuel minimal de trois semaines après une année complète de travail, et 56 pays offrent même quatre semaines. Au Canada, on ne garantit que deux semaines pour une année de travail. Heureusement, au Québec comme dans quelques provinces, l’ancienneté en garantit un nombre plus élevé. 

Mais trois ou quatre semaines sont-elles nécessaires pour que les vacances nous permettent de nous reposer ? Peut-être que deux semaines peuvent suffire? Les vacances les plus «efficaces» sont-elles les plus longues? «Pas nécessairement, répondent bien des chercheurs aux quatre coins de la planète. Certaines études, comme celle de Dena Ann Drie de l’University of the Rockies du Colorado, menée auprès de travailleurs de 21 à 62 ans, démontrent que – sauf dans les cas d’épuisement grave ou de burn-out – de 10 à 14 jours de vacances suffisent généralement. «Les bénéfices des vacances atteignent un pic après environ 10 jours», conclut la chercheure. 

Cela dit, certains experts estiment qu’il vaut mieux s’offrir plus souvent une semaine, 10 jours ou des week-ends prolongés pendant l’année que de prendre de très longues vacances d’un seul coup. 

C’est le cas notamment de Dov Eden, professeur de psychologie organisationnelle à l’Université de Tel-Aviv qui a étudié, au cours des 10 dernières années, «l’effet de répit» (une mesure du soulagement du stress chronique) que peuvent avoir les vacances. L’étude, dont les résultats sont rapportés sur le site Internet Psychomedia.qc.ca, a été menée dans trois pays auprès de 800 professeurs d’université en congé sabbatique d’un semestre ou d’une année. Elle a permis de comparer leur niveau de stress avant, pendant et après le congé. 

«Ceux qui avaient pris un long congé ont vécu à peu près le même niveau de soulagement et sont revenus au niveau de stress présabbatique au bout du même laps de temps que ceux ayant pris une semaine de vacances ou un long week-end», rapporte le site de Psychomedia. Selon le chercheur, l’effet positif des vacances se dissipe pour tout le monde trois semaines après le retour au travail. D’où l’intérêt de prendre de courtes vacances, mais plus souvent. 

Réussir ses vacances

Bord de lac ou de mer? Balconville ou camping sauvage? Voyage ou chalet? Seul, en couple ou en groupe? Nous n’avons pas tous la même notion de ce que sont les vacances, question de goûts, de moyens, d’intérêts, d’âge, de situation familiale, etc. Le programme, par contre, devrait toujours tenir compte de votre niveau d’énergie et mettre la détente et le plaisir au premier plan. À défaut de quoi, vos vacances pourraient ne pas tenir leurs promesses de mieux-être. 

Il y a, par exemple, ceux qui se croient obligés de «réussir» leurs vacances et qui, malgré l’épuisement qui devrait les clouer sur un matelas de plage, échafaudent des tournées du Québec ou un voyage marathon en Europe. Il y a ceux qui confondent vacances et temps pour accomplir toutes les tâches domestiques que leur horaire surchargé ne leur permet pas de faire. Et les voilà à repeindre une maison, à construire un garage ou à rénover le sous-sol! Il y a aussi ceux qui auraient besoin d’un peu d’évasion, mais qui, faute d’un minimum d’organisation, finissent par tourner en rond et ne pas vraiment changer d’air. Bref, pour toutes sortes de raisons, on peut bousiller ses vacances ou ne pas en sortir énergisé. 

Et il faut vraiment décrocher. Le chercheur Dov Eden a observé que rester lié, par cellulaire ou par courriel, au travail pendant les vacances peut conduire au stress chronique et même au burn-out. 

Mais à quoi ressemblent donc des vacances réussies, sur le plan de la santé et de l’équilibre personnel? «Ce sont celles qui répondent aux véritables besoins du moment», répond Claire Leduc. Vous êtes épuisé? Le thème de vos vacances devrait donc être le repos. Si vous êtes fatigué à ce point, évitez les marathons en voiture, les changements d’hôtel fréquents et les activités exigeantes. 

Le stress vous ronge? C’est donc de vacances détente que vous aurez besoin. À vous d’identifier les activités qui vous permettent de relaxer. Pour certains, c’est le sport (cyclotourisme, canot-camping, voile, randonnée pédestre, golf, etc.); pour d’autres, c’est le silence et le calme (un chalet loin de tout, un séjour dans un spa, une maison au bord de la mer, etc.). 

Vous avez un travail sédentaire, solitaire, vous vous sentez las et un peu morose? C’est le temps de partir à l’aventure, en voyage ou en expédition selon vos moyens. La stimulation et les activités de groupe devraient être au programme. 

En vacances avec les petits-enfants?

De nombreux grands-parents profitent de leurs vacances pour partir avec les petits-enfants, avec ou sans les parents, ou pour les recevoir au chalet ou à la maison. C’est si merveilleux d’entendre rire les petits, de les voir jouer, de les voir courir…

Mais fait-on bien de prendre ses vacances avec ses petits-enfants ? Pas de réponse unique à cette question, tout dépend de votre situation. «Si vous avez 55 ans, que vous êtes toujours au travail et que vous n’avez que deux ou trois semaines pour vous reposer, prendre les petits-enfants à temps complet et pour toute la durée des vacances, ce n’est sans doute pas une bonne idée, explique Claire Leduc. Les grands-parents ne doivent pas se sentir coupables, ils doivent savoir respecter leurs limites et écouter leurs besoins. Sans compter qu’à partir de 50 ans on a besoin de plus de temps pour retrouver son énergie.» 

Si le projet de vacances inclut un voyage avec vos petits-enfants et leurs parents, il serait sage de discuter de l’organisation du temps et d’indiquer vos limites avant de quitter, si vous ne voulez pas vous essouffler à faire du gardiennage ou de l’animation pendant deux semaines! N’oubliez pas que vous devrez reprendre le boulot au retour. 

«Même à la retraite, les grands-parents n’ont pas toujours l’énergie pour s’occuper seuls et à temps plein de jeunes enfants ou d’ados turbulents. Ils peuvent être présents, mais tout en respectant leurs limites», ajoute Claire Leduc.

Retraités en vacances!

Qu’advient-il des vacances annuelles quand on prend sa retraite? Doit-on y renoncer? La retraite n’est pas forcément synonyme de vacances perpétuelles. Beaucoup de retraités travaillent à temps partiel, font du bénévolat, gardent souvent leurs petits-enfants, rendent service à leur entourage et doivent évidemment s’acquitter des tâches quotidiennes et domestiques. Si c’est votre cas, il se peut fort bien que vous ayez aussi besoin de repos. «Même à la retraite, c’est important de changer d’air, de mettre la routine de côté, de prendre du temps de qualité uniquement consacré au plaisir», conclut Claire Leduc.   

Le travail, c’est la santé?

Si le travail est la santé, les vacances, elles, permettent de la conserver, disent les spécialistes. Or, un sondage Harris-Décima effectué pour le compte d’une importante agence de voyages en ligne révèle que si 47% des Canadiens disent ne pas avoir assez de vacances, malgré une moyenne de 20 jours accordés par leur employeur, 25% d’entre eux ne les prennent pas en partie ou en totalité. Ce qui représente 36,5 millions de jours de vacances inutilisés et un peu plus de 6 milliards de dollars au profit de leurs employeurs. Et, dans bien des cas, au détriment de leur santé…  

 

Les vacances: bon pour la ligne!

Karen Matthews, professeure de psychiatrie à l’Université de Pittsburgh, a mené une étude avec 1400 personnes sur les bienfaits des loisirs et des vacances sur la santé. Ses conclusions? Les personnes qui consacraient le plus de temps aux loisirs et aux vacances avaient les taux les plus bas de dépression et les mesures les plus faibles de pression artérielle et de cortisol, de même que de tour de taille et d’indice de masse corporelle!

Source: Psychomedia.qc.ca  

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