La Dominique: diamant vert des Caraïbes

La Dominique: diamant vert des Caraïbes

Par Nathalie De Grandmont

Crédit photo: Andrew Coelho via Unsplash

Avec très peu d’hôtels en formule tout-inclus et de chaînes internationales, la Dominique est à l’opposé de la République Dominicaine. Cette petite île nous ramène presque à l’époque des Pirates des Caraïbes! 

Ses premiers habitants ne l’appelaient pas «Waitukubuli» («son corps est grand») pour rien: la Dominique, d’origine volcanique, abrite les plus hautes montagnes des Petites Antilles, dont le Morne Diablotin, qui culmine à 1447 mètres! Lorsqu’il longea ses côtes, en 1493, Christophe Colomb se contenta pour sa part de l’appeler «Dimanche» (domenica en italien). L’explorateur la reconnaîtrait probablement encore de nos jours, tant la Dominique est restée fidèle à son aspect originel. On l’appelle d’ailleurs souvent «l’île nature» en raison de ses nombreuses montagnes, de ses récifs de coraux, de ses dizaines de chutes, de rivières et de sources sulfureuses, sans oublier toutes ses forêts primaires regorgeant d’orchidées, de fleurs tropicales et de perroquets.

Des racines toujours vivantes

À cause de son relief montagneux, les conquérants espagnols, français et anglais ont concentré leurs efforts de colonisation le long des côtes. La Dominique est donc aujourd’hui la seule île des Caraïbes où vivent encore des descendants du peuple d’origine, les Kalinagos (aussi appelés Caribs par les Européens).

Cette communauté d’environ 3000 personnes vit majoritairement au nord-est de l’île, non loin de la côte de Calibishie, qui a conservé une allure assez sauvage. Dans leur réserve, ils ont reproduit un village modèle, Kalinago Barana Autê, où des guides racontent l’arrivée de leurs ancêtres (d’Amérique du Sud), puis leurs luttes pour sauvegarder leurs territoires et traditions. Dans certaines cases, des artisans fabriquent des paniers ou des objets sculptés dans des écorces de calebasse. En soirée, on y présente aussi parfois des spectacles de musique et de danse (kalinagoterritory.com).

À l’instar de ses voisines immédiates (la Guadeloupe au nord et la Martinique au sud), la Dominique a été occupée par les Français. En témoignent des lieux comme Soufrière et Roseau (la capitale) ainsi que de nombreux mots du patois local, qu’on entend dans les marchés. L’île a ensuite été britannique pendant plus d’un siècle et demi (d’où la prédominance de l’anglais et la conduite à gauche), jusqu’à son indépendance, en 1978. Des soldats français et anglais ont occupé tour à tour les remparts du Fort Shirley, dans le parc national des Cabrits, au nord de Portsmouth. On les imagine aisément dans cette ancienne garnison inscrite au patrimoine de l’Unesco, s’affairant aux poudrières, aux citernes ou dans les quartiers des officiers. Et on prend volontiers leur place derrière les batteries de canons pour admirer la vue grandiose sur la baie de Portsmouth et le nord de l’île! 

Sur la piste des pirates 

Avec sa nature presque intacte, la Dominique séduit les plongeurs, les randonneurs et les amateurs d’écotourisme. Elle a d’ailleurs servi de décor pour les deuxième et troisième films de la série des Pirates des Caraïbes. L’équipe de tournage avait séjourné aux Picard Beach Cottages, à Portsmouth (picardbeachcottages.com). Les noms des comédiens figurent même sur les portes des villas (sauf celui de Johnny Depp, qui dormait sur son voilier)! Comme ces joyeux naufragés, on peut profiter de la belle plage de sable volcanique, idéale pour admirer les vagues puissantes de l’Atlantique, au soleil couchant… 

On recroise les traces du tournage à l’Indian River, où l’équipe avait construit la maison de la sorcière Calypso sur l’un des affluents. À notre tour, partons naviguer sur cette rivière, parmi les plus longues de l’île, dominée par les montagnes en arrière-plan. À certains endroits, les arbres sont si touffus qu’ils forment de véritables tunnels végétaux, avec d’immenses souches à leurs pieds et des plantes épiphytes qui poussent sur les branches où de grands hérons décollent devant nous. Au fil de la balade, les guides nous montrent quelques curiosités de la flore locale, ponctuées par quelques anecdotes de tournage… et un arrêt au Bush Bar, pour savourer des fruits, des jus ou des cocktails locaux sur fond de musique reggae. 

Sur terre et sous l’eau

Pour apercevoir les perroquets, il faut rejoindre le Syndicate Nature Trail, perché au milieu de la forêt pluvieuse à 2000 pieds d’altitude, sur les flancs du mont Diablotin. Ce sentier menant à un belvédère permet d’apercevoir beaucoup d’espèces en peu de temps, y compris des perroquets jaco ou même le fameux sisserou (le plus rare des perroquets amazoniens), devenu l’emblème de la Dominique. Parmi les arbres, il est souvent difficile de distinguer le cou rouge du jaco ou les teintes mauves du sisserou, mais en revanche, on les entend beaucoup! Et on peut parfois surprendre leurs courses folles entre les arbres. Cette balade n’est pas la seule à faire le bonheur des marcheurs: l’île est devenue le paradis des randonneurs, quel que soit leur niveau. Ce Syndicate Nature Trail croise le sentier national Waytukubuli, qui s’étire sur 184 km, ce qui permet de traverser toute l’île en 14 étapes (de Soufrière au sud, jusqu’au parc national des Cabrits au nord). 

À la Dominique, la nature est aussi exubérante sous l’eau que sur terre… Outre la trentaine d’espèces de baleines qu’on peut observer sur ses côtes (de janvier à mai), on y découvre des sites de plongée inusités comme la plage Champagne, où on nage à travers des rideaux de petites bulles, provoquées par l’activité volcanique sous-marine. Et que dire des chutes de l’île, innombrables et invitantes à souhait! Les plus connues, les chutes de Trafalgar, nous attendent dans la vallée de Roseau, aux limites du parc national du Morne Trois Pitons, protégé par l’Unesco. Facilement accessibles à pied, elles forment un tandem impressionnant avec le Père (38 mètres de haut) et la Mère, plus petite mais plus puissante. Impossible de résister ensuite à la Piscine émeraude: après un sentier assez escarpé descendant au fond d’une gorge, voilà qu’apparaît cette piscine naturelle, alimentée par une chute qui déferle derrière. À l’entrée, quelques roches glissantes requièrent d’être franchies avec précaution, mais quelle expérience rafraîchissante et vivifiante!

C’est d’ailleurs là toute la beauté de la Dominique. Loin du sur-tourisme, cette île encore méconnue joue une toute autre partition, celle des petits hôtels indépendants et des plaisirs simples au milieu d’une nature grandiose, qui nous réserve une multitude de crescendos.

En pratique

Y aller Comme la Dominique n’accueille pas les gros porteurs, on y accède avec de petits avions via la Barbade ou la Martinique, ou par un traversier en provenance de cette dernière. 

Où loger? Aux Picard Beach Cottages, à Portsmouth (villas climatisées avec balcon, picardbeachcottages.dm), ou à l’hôtel Fort Young, à Roseau (piscine, chambres et restaurant avec vue sur le port, fortyounghotel.com).

À noter L’ouragan Maria, en 2017, a affecté plusieurs structures encore en travaux, mais la majorité des hôtels et des lieux touristiques ont repris leurs activités. 

Pour en savoir plus On consulte le site discoverdominica.com.

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