Chronique 9: Oaxaca

Chronique 9: Oaxaca

Par Lina et Raymond

D’abord, il faut dire que nous y trouvons – à cause des montagnes qui entourent la ville et au fait qu’il y a 1 500 mètres avec le niveau de la mer – la température qui nous convient et qui plairait à beaucoup de Québécois. Imaginez, vous vous levez, le ciel est bleu et vous vous couchez sous un ciel étoilé prédisant une journée identique pour le lendemain. Jamais la pluie ne viendra contrecarrer vos projets. Que diriez-vous de calculer les précipitations totales de trois mois en aussi peu d’heures que vous avez de doigts dans une main! Quand vous demandez à un vieux monsieur qui demeure ici depuis six ans: «La température est-elle toujours aussi belle?». Il vous répond: «C’est Oaxaca!»

Cette ville possède une âme! Il suffit de descendre dans le zócalo pour voir le coeur de la ville battre au rythme de ces gens qui la font vivre. Une foule bigarrée anime le célèbre carré, les hommes d’affaires côtoient les autochtones, le cireur de souliers se frotte au vendeur de babioles, les touristes se prélassent sur les terrasses ombragées et tout ça avec une attitude reflétant une bonhomie ahurissante. Il faut arpenter ses petites rues animées où le «sang» circule à une vitesse incroyable, puis ses grandes artères achalandées et parfois bloquées. Oaxaca cherche et trouve son oxygène dans les grandes montagnes qui la ceinturent. Cet air neuf lui est indispensable, car dans la vallée, il devient lourd et pollué par les milliers de voitures qui, tels des microbes, transportent dans son réseau un gaz toxique qu’on nomme monoxyde de carbone.

Oaxaca se nourrit bien. Elle s’approvisionne à deux grands marchés; vous pouvez trouver de tout: des sauterelles grillées à la tête de cochon en passant par le café pluma qui arrive tout frais des montagnes. Mais sa préférence va aux fruits exotiques et partout on vous offre, déjà prêts à manger, mangues, ananas, papayes, melons d’eau, pamplemousses roses. Difficile de résister! Des centaines de restaurants, du simple petit boui-boui au coin de la rue où vous mangez debout jusqu’aux célèbres tables étoilées où vous pouvez passer des heures, tous vous attrapent par le ventre.

Et la belle cité se vêt de façon élégante, car les dames autochtones possèdent des doigts de fée. Les boutiques regorgent de vêtements de coton mexicain brodés aux couleurs du soleil. Il faut voir la fierté des touristes suivre les critères de la mode mexicaine, et le sourire de la vieille femme qui avec ses broderies se procurera de quoi manger.

Et la culture?

Et la culture me direz-vous? Des musées, des églises, une cathédrale, des festivals de danse, de peinture, de musique, de cinéma et trois salles de spectacles agrémentent la vie artistique de cette ville. Il ne faut pas passer sous silence celui qui joue de l’accordéon au coin de la rue ou celui qui s’acharne sur son orgue de Barbarie, ou encore celui qui enjolive le farniente au centre-ville avec le marimba. Peu importe, chacun est riche de la culture oaxaqueña. Tous les dimanches après-midi, le zócalo s’anime un peu plus: on installe des chaises… Silence, l’orchestre symphonique livre son programme.

La belle ville ne manque pas de mémoire. Un de ses fils célèbres, Benito Juárez, le seul président mexicain indien et – suprême qualité – dont rien n’entache la réputation, a vécu, travaillé et étudié à Oaxaca. On lui doit la maxime suivante, qui devrait s’appliquer en ces temps troublés: «Le respect des droits d’autrui est la paix». La ville se rappelle aussi qu’en 1854, un séisme a détruit la majeure partie de la ville, laissant ses édifices en ruines. En 1931, récidive et un autre tremblement de terre rend cette fois 70 % de ses habitations invivables. Pourtant, elle en avait déjà plein les bras avec les ruines que les Zapotèques ont laissées. Monte Albán, une remarquable cité zapotèque et la seule à se trouver sur une montagne, survit encore grâce à la protection qu’elle reçoit du Département des parcs et monuments nationaux. Mitla, située dans la plaine, nous offre aussi un retour intéressant sur le passé.

Voilà pourquoi on aime Oaxaca, voilà pourquoi on y revient. Si jamais l’envie vous prenait de la visiter, nous sommes sûrs qu’elle vous accueillerait les bras grand ouverts.

Pour en savoir davantage sur Lina et Raymond et lire leurs autres chroniques, consultez notre article Portrait des caravaniers et premières aventures.

mise à jour le 2008-04-11

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