«Je me suis lancé en politique»

«Je me suis lancé en politique»

Par Christine Fortier

Crédit photo: Collaboration spéciale

Certaines personnes attendent la retraite pour voyager, faire du bénévolat ou consacrer plus de temps à leur activité préférée. D’autres choisissent d’entrer dans l’arène politique! Trois élus se racontent.

Jean Tremblay: Homme de coeur

Lorsque Jean Tremblay a pris sa retraite en 2017, après 29 ans de service à la Sûreté du Québec, ce n’était pas pour tout arrêter. Il avait envie de vivre d’autres aventures, comme travailler sur de la machinerie lourde et continuer à faire du bénévolat. En ce qui concerne la politique, celui qui a été élu conseiller municipal du District 14 de La Baie à l’élection partielle du 8 mai 2022 s’y est toujours intéressé, mais il attendait le bon moment pour se lancer.

«En 2018, j’ai été approché par la CAQ. On m’avait offert la possibilité de me présenter dans un autre comté et j’ai passé mon tour. La politique municipale est arrivée par hasard. Je connaissais déjà les conseillers de l’arrondissement de La Baie Raynald Simard et Martin Harvey, et je connaissais un peu le conseiller Éric Simard. Quand j’ai su qu’il démissionnait, je me suis dit: "C’est l’heure, le moment est bon."

«Je trouve que le travail de conseiller municipal ressemble en partie à ce que je faisais dans mon ancienne vie de patrouilleur à la SQ. Tu reçois des appels et des plaintes, que tu gères de ton mieux. Pour le reste, l’appareil municipal, tout comme l’appareil provincial, j’en suis sûr, c’est beaucoup de lois, beaucoup de travail de recherche avant de faire avancer une idée. Ce petit bout-là est un peu difficile, mais on s’y fait avec le temps. Mon chef d’arrondissement dit que je progresse bien, ce qui est encourageant. C’est une belle expérience. J’aime ça.

«Mon but, en politique, c’est de faire progresser les choses, mais pas de tout changer. Je veux apporter mon grain de sel, car des fois, ça ne prend pas grand-chose pour qu’une situation devienne gagnante au lieu de perdante. Parfois, c’est juste un petit manque de communication ou un détail technique qu’on a oublié. Si je suis capable de faire ressortir ça, je serai content.

«Il y a trois causes que j’aimerais faire avancer. Tout d’abord, rehausser le centre-ville qui a été laissé à lui-même dans les dernières années. Je ne dis pas que c’est par mauvaise volonté, mais des fois, les gens deviennent habitués à leur poste et une routine s’installe. Ça prend alors une nouvelle vision pour redynamiser les choses. J’aimerais aussi continuer la piste cyclable jusque dans le secteur de L’Anse-à-Benjamin et désenclaver un quartier dans mon district. Il n’y a qu’une voie d’accès et j’aimerais que le chemin ouvre de l’autre côté pour plus de sécurité.

«Quand on regarde les réalisations qu’il y a eu dans une ville, les gens disent souvent: "C’est tel gars qui était conseiller dans ce temps-là." Si quelqu’un disait un jour à mes enfants ou à mes petits-enfants: "C’est ton grand-père qui était là dans ce temps-là", ce serait un bel héritage. Quand je ne serai plus en politique, j’aimerais qu’on pense à moi de façon positive, qu’on dise que j’ai bien travaillé, que j’étais proche de mon monde.»

Pâquerette Coulombe: Une force de la nature

Passionnée de la vie et possédant un rire contagieux, Pâquerette cumule 10 ans d’expérience en tant que conseillère municipale à Grosses-Roches. La native de Saint-Jean-de-Cherbourg a vécu pendant 35 ans à Québec – qui demeurera toujours à ses yeux la ville de ses amours – et s’est installée à Grosses-Roches en 1996, entre autres pour se rapprocher de sa mère et de son frère, déjà résidents du village qu’elle adore. Pâquerette n’avait jamais songé à faire de la politique avant 2003. À ce moment-là, un de ses frères, venu s’établir à Grosses-Roches et qui avait été impliqué en politique municipale à Matane pendant sept ou huit ans, lui avait dit: «Si tu te présentes au conseil, je me présenterai aussi.»

«J’ai adoré ça! Je suis rendue à mon quatrième mandat. Je n’étais pas encore à la retraite quand j’ai été élue en 2003 et je pense que je ne l’ai jamais vraiment prise, même si j’ai arrêté de travailler chez Les Ateliers Léopold-Desrosiers en 2004. Quand on est active, on ne prend jamais sa retraite, on fait ce qui nous plaît et je crois que je suis encore plus occupée aujourd’hui qu’à l’époque où je travaillais!

«En 2017, je m’étais présentée contre la mairesse. J’ai gagné et j’en étais bien contente dans le fond parce que j’ai l’impression qu’on prend plus de décisions en étant conseiller qu’en étant maire. Présentement, on a un jeune maire dans la quarantaine, Jonathan Massé, qui est merveilleux, car il fait progresser le village. On a aussi une directrice générale et secrétaire-trésorière, Linda Imbeault, qui est vraiment extraordinaire. On était contents que ça change au conseil aux élections de novembre 2021 parce que ça stagnait. Il faut que ça bouge dans un village si on veut attirer des gens et faire en sorte que celles et ceux qui y vivent soient heureux.

«Je ne me dis pas âgée, même si j’ai 78 ans, mais j’aime énormément les personnes âgées et les enfants. C’est primordial qu’on s’occupe des jeunes. En ce moment, on est en train d’instaurer une place multifonction pour qu’ils puissent patiner, faire de la trottinette et autres activités. Lorsque je développe des projets, mon but est de rendre les gens heureux. Dans le cas des personnes âgées, je veux qu’elles aient une belle fin de vie, qu’elles voient autre chose qu’en avant de chez elles, qu’elles voient quelque chose de beau dans leur village et qu’elles disent: "Moi, je reste à Grosses-Roches." D’ailleurs, depuis un bout de temps, on entend souvent: "Vous autres à Grosses-Roches, vous avez de quoi de beau."

«Le projet qui me tient à cœur en ce moment concerne l’école Monseigneur-Ross, fermée depuis huit ans. Le maire et la directrice générale travaillent de la maison et on est obligés de louer une salle chaque mois pour nos rencontres et celles du conseil municipal. On essaie donc de récupérer notre belle école. Elle deviendrait l’édifice municipal, et ce dernier porterait le nom de l’école. Il pourrait y avoir un gymnase pour les enfants, et les cours qu’on a au village pourraient se donner là, aussi. J’aimerais tellement ça qu’on la récupère. J’y crois.»

Jean-Maurice Tremblay: Maire... par défaut

Si on avait dit à Jean-Maurice qu’un jour il ferait de la politique, il aurait sûrement répondu: «Impossible!» Et pourtant, le 1er octobre 2021, sept ans après avoir pris sa retraite, il a été élu par acclamation maire de Portneuf-sur-Mer. Après avoir quitté le village dans les années 1970 afin d’étudier en éducation spécialisée, il a travaillé dans ce domaine quelques années. Il a ensuite été responsable en matière de santé et de sécurité au travail chez Hydro-Québec pendant près de 40 ans et a aussi fait de la gestion de projets.

«Je ne me dirigeais pas du tout vers la politique municipale. J’étais très bien à la retraite. Je faisais des activités où je voulais et quand je voulais. Je suis revenu dans la localité avec mon épouse en 2005. On a acheté la maison voisine de celle où j’ai été élevé. On l’a améliorée au fil du temps et c’est devenu notre maison de campagne parce qu’on avait une résidence à Greenfield Park. On est de retour de façon officielle depuis 2011. On m’a incité plusieurs fois à me présenter aux élections à la mairie et j’ai résisté jusqu’à la dernière minute en espérant qu’il y ait des gens qui se présentent. On pourrait dire que j’ai été élu par défaut!

«C’est quand même intéressant comme activité, mais c’est préoccupant. C’est intéressant dans le sens où on voit l’ampleur du travail à réaliser, peu importe le nombre de personnes qu’il y a dans un village. Le rôle de maire implique aussi une participation au niveau des MRC (municipalités régionales de comté), ce qui m’amène à me déplacer et à prendre connaissance des dossiers à traiter dans les autres localités. Le maire doit également s’occuper de la gestion des ressources humaines de la municipalité et chercher un consensus entre les conseillers lors des rencontres du caucus et les réunions décisionnelles.

«Mon objectif est de remettre à la municipalité ce que j’ai reçu quand j’étais plus jeune. Je vois ça comme une forme de reconnaissance. Mon principal projet cette année est de rendre le village plus dynamique, car la pandémie a fait en sorte que les gens âgés ne sortent plus. Ça fait deux ans qu’ils sont à la maison et regardent des émissions de télévision. Alors, on a de la difficulté à les faire sortir pour participer à des activités, que ce soit les quilles, la pétanque... Les infrastructures sont là, mais ils ne les utilisent pas. Il faut donc trouver des moyens originaux de les inciter à participer. Par exemple, j’ai demandé à ce qu’on me pointe les gens qui sont des leaders dans le village pour qu’eux aillent chercher leurs amis. Il faut les sortir de leur zone de confort et les attirer vers d’autres activités qui deviendront attrayantes pour eux.

«Plus tard, j’aimerais que les gens considèrent que leur situation s’est améliorée durant mon passage à la mairie, que la communication était plus facile et qu’il y avait du dynamisme.»

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