Rencontre: Artiste sur le tard

Rencontre: Artiste sur le tard

Par Jessica Dostie

Crédit photo: Collaboration spéciale

Sylvie Maheux n’est pas du genre à se laisser abattre. Après avoir dû accrocher son maillot d’entraîneuse de natation – une seconde carrière! – pour des raisons de santé à la fin de la cinquantaine, la mère de famille s’est retroussé les manches et s’est lancée corps et âme dans la création de toiles. Trois ans et deux vernissages plus tard, l’artiste-peintre autodidacte espère maintenant présenter son travail dans des symposiums à travers la province.

Hygiéniste dentaire de formation, Sylvie Maheux dit avoir toujours cultivé sa créativité. Design d’intérieur, fabrication de meubles, confection de vêtements: elle est une touche-à-tout. Artiste-peintre? Elle n’y avait jamais songé.

«J’ai passé 15 ans à la maison pour élever mes cinq enfants, raconte-t-elle. J’avais le goût d’avoir ce dévouement-là en échange d’une famille équilibrée et unie, mais je ne suis pas une fille qui ne fait rien.» Ainsi, elle se lance entre autres dans le design de vêtements faits de tissus recyclés. Pour le plaisir. «Ça m’occupait», explique-t-elle.

Toutes ces années, cette grande sportive et adepte de nage en eau libre continue à s’entraîner. Si bien qu’au milieu des années 2010, quand elle se sent prête à retourner sur le marché du travail, on lui propose un poste d’entraîneuse de natation au centre sportif de Lac-Mégantic, où elle habite. «L’idée était de lancer un club, de développer des nageurs et aussi de s’occuper de tous les cours d’aquaforme, énumère-t-elle. Ça me ressemblait! J’ai donc décidé d’aller chercher mes brevets et d’embarquer dans l’aventure. C’était un peu hors norme; à plus de 50 ans, je travaillais avec des sauveteurs de 18 ans, mais j’aimais ça!»

Pendant cinq ans, emballée par son nouveau métier, elle passe ses journées à la piscine ou, l’été, à la plage, jusqu’à ce que des problèmes de santé l’obligent à prendre sa retraite de la natation, en novembre 2019. «Quand ça s’est arrêté, je suis tombée en dépression et je pleurais tout le temps, se souvient-elle. Je n’étais même pas capable d’aller faire l’épicerie.» Quelques mois plus tard, la pandémie frappait. «Je me suis dit: “Il faut que je fasse quelque chose!” Je devais me relever, trouver une passion dans laquelle je pouvais m’embarquer à 100 %. Ç’a été la peinture.»

Renouveau

Même si Sylvie se rappelle avoir toujours été «bonne en dessin», elle partait de zéro. «Au début, je ne savais pas faire des visages. J’ai donc adopté une éthique de travail. Tous les matins, après mon spinning, je faisais des tutoriels pour apprendre comment dessiner une tête en 3D, des yeux, un nez, une bouche…»

Une vidéo à la fois, l’artiste améliore son coup de pinceau en direct de sa salle à manger transformée en atelier. «Mes amis me disaient qu’il fallait que je fasse une exposition, mais moi, je trouvais ça gênant. C’est un peu pour ça que ma première exposition s’appelait Imparfaite.»

Une expérience «fantastique» qui lui a donné le goût de continuer. Désormais présente sur la plateforme virtuelle Gallea – une de ses toiles a même été sélectionnée dans la collection Artistes du Québec –, Sylvie s’apprête à s’installer dans un véritable atelier. Le projet commence à se dessiner!

Sylvie en bref

• Sylvie, 60 ans, est grand-maman de deux fillettes. Elle est aussi la maman de cinq jeunes adultes âgés de 23 à 33 ans qu’elle a élevés seule après le décès de leur père.
• Originaire de Sherbrooke, Sylvie, alors hygiéniste dentaire, a déménagé à Lac-Mégantic dans les années 1980.
• Quand elle travaillait comme entraîneuse de natation, elle a mis sur pied un club de nage en eau libre dans le lac Mégantic.

Pour suivre son travail: Vivi artiste peintre

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