Guérir de l’intérieur: 3 questions à Nicole Bordeleau

Guérir de l’intérieur: 3 questions à Nicole Bordeleau

Par Jessica Dostie

Crédit photo: Collaboration spéciale

Nicole Bordeleau connaît bien les stigmates de la douleur et de la maladie, elle qui a reçu un diagnostic d’hépatite C dans les années 1990. Au terme d’une longue réflexion, dans son plus récent ouvrage intitulé Guérisons intérieures (Éditions Édito), elle témoigne de ce qu’elle a appris et nous offre quelques-uns des outils qui lui ont été utiles dans son cheminement.

Si les douleurs physiques sont parfois inévitables, la souffrance, elle, est optionnelle, confie Nicole Bordeleau en entretien téléphonique. «Je fais la distinction entre la douleur du corps et la souffrance, soit tout ce que je rajoute par-dessus (l’anticipation, la rumination, les projections ou la culpabilisation) et qui me fait payer en double en ayant mal à la fois physiquement et émotionnellement.»

Vous revenez souvent sur l’importance de bien choisir les mots que nous employons...
À défaut de choisir nos maux, choisissons nos mots! Les mots sont porteurs d’énergie invisible. À force de dire «mon» cancer, «mes» migraines ou «mon» mal de dos, on perd notre véritable identité. Avec beaucoup de respect, je suggère plutôt de choisir consciemment les mots que nous utilisons pour parler de notre condition, aussi douloureuse soit-elle.

Pourquoi parlez-vous désormais de méditation de pleine présence? Est-ce la même chose que la pleine conscience?
Encore là, je trouve que les mots ont vraiment une importance capitale. L’expression mindfulness a d’abord été traduite par méditation de pleine conscience, mais avec le recul, on se rend compte que c’est plus juste de dire pleine présence. Et je le vois dans mes cours: en parlant de pleine présence, les gens deviennent attentifs et font appel à tous leurs sens, contrairement à la pleine conscience, qui semble toujours plus dans l’intellect.

En quoi la méditation de pleine présence vous a-t-elle aidée?
Grâce aux avancées de la neuroscience, on sait aujourd’hui que ce genre d’outil peut faire une différence et qu’une pratique régulière de la méditation a un effet sur le cerveau. Je trouve important de le dire, parce que sinon ça peut sembler ésotérique. Reste quand même que ça ne se fait pas en claquant des doigts, et je le dis d’entrée de jeu dans mon livre: pour moi, ça ne s’est pas fait à coup de mantras et d’alléluias! Ça exige de la patience et de la répétition. En méditant, j’essaie de vivre le moment présent du mieux que je peux. Quand je deviens en pleine présence, j’ai accès à toutes mes ressources et je ne suis plus dans la souffrance, en train de me projeter ailleurs. Je dis méditation, mais je pourrais aussi bien dire contemplation.

On n’a pas besoin de s’asseoir en silence les yeux fermés pour y arriver! Certaines personnes pratiquent la pleine présence en faisant de la peinture, en s’adonnant à la calligraphie ou en marchant dans la nature. Aucune manière de faire n’est meilleure qu’une autre; il suffit de l’adapter à son style de vie.

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