L’Île-du-Prince-Édouard au temps des récoltes

L’Île-du-Prince-Édouard au temps des récoltes

Par Sylvie Ruel

Crédit photo: Sylvie Ruel

Des routes tranquilles serpentant au travers d’immenses champs, des ports de pêche pittoresques, des falaises rouges qui tombent droit dans une mer bleue, de longues dunes de sable… un véritable décor de carte postale nous attend sur cette île en forme de croissant! L’Île-du-Prince-Édouard s’est fait connaître à l’international avec la fabuleuse histoire d’Anne… la maison aux pignons verts, de l’auteure Lucy Maud Montgomery. Aujourd’hui, on la découvre aussi de plus en plus comme le paradis des gourmets et gastronomes. La plus petite province canadienne, avec ses 224 kilomètres de long, devient une véritable destination culinaire.

«Nous avons chez nous d’excellents chefs, formés à l’Institut culinaire du Canada, à Charlottetown, explique Isabel MacDougall, représentante du tourisme à l’Île-du-Prince-Édouard. Nous disposons également de produits qui nous permettent de toujours manger frais et local.» Le visiteur se retrouve en contact avec des agriculteurs, des pêcheurs, des éleveurs et des producteurs artisans qui, de génération en génération, transmettent la passion des aliments locaux. Sur l’immense ferme verdoyante qu’est l’île, on compte plusieurs élevages divers, des cultures de légumes et de petits fruits, sans oublier la fameuse pomme de terre, exportée dans plus de 30 pays, qu’on fait pousser dans la riche terre sablonneuse depuis le XVIIIe siècle et qu’on apprête de bien des façons.

Terre et mer

L’île se voit encerclée d’une mer généreuse, dans laquelle le homard, la plus importante pêche locale, abonde au début et à la fin de l’été. On goûte aussi sans faute aux moules bleues, qui représentent 80 % de la production canadienne et s’exportent partout à travers le monde. Et aux huîtres! Chez Raspberry Point Oyster (raspberrypoint.com), une entreprise qui opère depuis une vingtaine d’années, on s’en procure à longueur d’année. À Souris, dans l’est de l’île, Johnny Flynn attire aussi de nombreux visiteurs avec ses huîtres à coquille verte et chair dodue qu’il cultive dans les eaux pures de la baie de Colville (colvillebayoysterco.com).

Grâce à cette abondance de produits frais, l’Île-du-Prince-Édouard accueille de nombreux festivals culinaires, dont celui des Saveurs d’automne, durant le mois de septembre. Tous les restaurants proposent des activités originales, et les chefs organisent leur propre événement signature. Festival de homard à la plage, repas thématique dans un verger autour de la pomme, excursion sur un bateau de pêche pour nourrir les gros thons, barbecue à la plage, dégustation de moules sur une colline… Des expériences gastronomiques sans pareil!

Menu de choix

Un séjour dans l’île débute bien souvent dans la capitale, Charlottetown. Cette charmante ville chargée d’histoire se visite à pied, pour découvrir ses maisons anciennes restaurées, ses restos, ses pubs et ses jolies boutiques. Quel plaisir que de s’attabler aux terrasses des bons restaurants et d’écouter les musiciens dans la rue! Tous les dimanches de septembre et d'octobre, le marché fermier de Charlottetown nous attend avec ses produits de la terre et de la mer, ses mets préparés et son artisanat local.

On va ensuite où notre appétit de découvertes nous mène: partout dans l’île, on peut vivre des expériences particulières. Dans le petit village de pêcheurs de Georgetown, à seulement 45 minutes de Charlottetown, Perry Gotell, propriétaire de Tranquility Cove Adventures (tcapei.com), propose de pêcher le maquereau en haute mer dans son bateau, qu’il utilisait pour la pêche au homard. Il offre également une excursion d’une demi-journée, au cours de laquelle on cueille soi-même ses palourdes avant de les faire cuire sur la plage. Inclus dans la balade: la découverte de la culture des moules, la chasse aux étoiles de mer et un arrêt dans le plus vieux phare de l’île. 

À New London, on passera à coup sûr un bon moment avec Derrick Hoare, propriétaire de The Table Culinary Studio (thetablepei.ca). Cette sympathique entreprise s’est nichée dans une petite église, construite en 1953 et joliment restaurée. Originaire de Toronto, Derrick était venu en vacances dans l’île… et il est tombé en amour avec l’endroit. «J’aime cette façon de vivre tout à fait différente.» Le chef organise des cours de cuisine particuliers: les gens préparent leur repas en sa compagnie, pour le partager ensuite en grandes tablées, ce qui permet de belles rencontres internationales. «Nous créons à partir de ce que la terre et la mer nous donnent», confirme Derrick Hoare. En septembre et octobre, tout est frais. La plupart des restaurants ferment après l’Action de grâces, mais nous, nous n’arrêtons qu’à la mi-novembre.»

À Victoria-by-the-Sea, minuscule village de 120 habitants au cachet vieillot situé à mi-chemin entre Charlottetown et Summerside, la Island Chocolate Factory est un arrêt obligé (islandchocolates.ca)! Cette fabrique de chocolats faits à la main que dirige la famille Gilbert loge dans le vieux magasin général, décoré de vieilles boîtes de chocolat, de moules anciens, de livres sur l’histoire du chocolat… On peut même participer à un atelier de fabrication de chocolats! Et c’est dans ce village patrimonial fondé au XIXe siècle qu’on admire le plus vieil orme de l’île.

Après avoir fait bombance, place à une petite marche digestive! On profite de la belle lumière de septembre pour parcourir à vélo un bout du Sentier de la Confédération (il est possible de le prendre directement de Charlottetown). Cette piste cyclable de 435 kilomètres traverse l’île d’est en ouest, offrant plusieurs embranchements qui mènent directement à la mer. On en profite pour se détendre sur les belles plages de sable qui ont fait la renommée de l’île. Avec une préférence pour celle de Cavendish, dans le Parc national de l’Île-du-Prince-Édouard, reconnue pour son sable doré et ses remarquables couchers de soleil.  

En pratique

Comment y aller Air Canada offre des vols directs Montréal-Charlottetown. En voiture, on emprunte le pont de la Confédération sur 12,9 km. Ce dernier part du Nouveau-Brunswick et rejoint Borden-Carleton, dans l’île. La compagnie Northumberland Ferries offre aussi des traversées depuis la Nouvelle-Écosse (1 877 762-7245). 

Où dormir Au Holman Grand Hotel (123, Grafton St., à Charlottetown) ou au Fairholm National Historic Inn (230, Prince Street, à Charlottetown).

Où manger Dans une ambiance bistro, le Local 343 offre des produits de la mer et de la terre. Au premier étage, on trouve également un petit marché avec produits à emporter (98, Water Street, à Charlottetown). Chez Terre Rouge Bistro Marché, un petit resto sympa également, les produits passent de la ferme et de la mer à la table en seulement quelques heures (terrerougepei.ca, 72, Queen Street, à Charlottetown). Au Lobster Barn Pub & Eatery, on déguste de délicieux fruits de mer, directement sur le quai (19, Wharf Road Victoria). Homard et pétoncles sont les favoris des visiteurs!

Quoi visiter Le festival des saveurs d’automne se tiendra cette année du 1er septembre au 1er octobre (fallflavours.ca). Au Green Gables Heritage Place, on croisera Anna, la petite fille aux tresses rousses et au chapeau de paille devenue l’un des personnages préférés des Canadiens (pc.gc.ca, sous l’onglet Lieux historiques nationaux). Sur le côté sud de l’île, au bord du détroit de Northumberland, on découvre le premier établissement français de l’île, Port-la-Joye – Fort Amherst, et les premières fortifications britanniques (pc.gc.ca, sous l’onglet Lieux historiques nationaux). Un centre d’interprétation plonge en plus dans la vie des Acadiens avant le Grand Dérangement.

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