Hélène Roberge: donner au suivant

Hélène Roberge: donner au suivant

Par Linda Priestley

Crédit photo: Unsplash

Pour Hélène Roberge, il n’y a pas plus grande richesse que celle d’apprendre à connaître nos aînés.

Parce qu’elle considérait avoir été choyée par la vie et qu’elle se trouvait «Mon Dieu, tellement égoïste», Hélène Roberge a décidé un jour de donner au suivant. Une décision qu’elle n’a jamais regrettée depuis. «J’ai découvert un monde que je ne connaissais pas, celui des gens seuls.» Pour Cercovie, une popote roulante de Sherbrooke, elle et son compagnon ont livré des repas du midi aux personnes âgées. «J’adorais jaser avec elles, de tout et de rien, mais des fois, de choses importantes, significatives pour elles, comme leur histoire, des anecdotes de leur passé! Il fallait que je me force à arrêter parce que d’autres attendaient leur repas! (rires)» Puis, elle a entendu parler des Petits Frères. «Je suis tombée en amour avec eux. Ils ont une belle approche, j’aime ce qu’ils font pour nos aînés.»

 

Prendre leur main

Cette ancienne chef d’équipe pour le gouvernement s’est donc empressée d’offrir son soutien à l’organisme. «J’allais à l’hôpital rendre visite à des patients âgés. Je m’assurais qu’ils avaient tout ce qu’il leur fallait. Certains, en quittant leur domicile pour se rendre à l’hôpital ou au CHSLD, ont oublié d’emporter des choses. D’autres sont dans la pauvreté. Je voulais tellement faire pour eux. Leur apporter un châle ou autre chose. Mais ce n’est pas ce qui était important. L’essentiel, c’était de les regarder droit dans les yeux, de prendre leur main. Ma présence seule semblait compter pour eux.»

 

Le hasard fait bien les choses

Quand elle va à la rencontre des gens, dans le cadre de ses fonctions bénévoles, Hélène Roberge ne sait pas toujours ce qui l’attend, mais elle sait que l’expérience ne sera jamais dénuée d’intérêt. «J’aime les hasards!», lance-t-elle. Et pour cause. Ils l’ont bien servie jusqu’à présent. Elle avait eu vent de la situation des personnes isolées, mais sans savoir ce que cela signifiait véritablement. «Pour elles, les visites sont rares. Comme cette dame de 82 ans, elle vit en appartement, ne sort jamais de chez elle, ses enfants ne viennent pas la voir. Avant la pandémie, mon conjoint et moi y allions régulièrement pour prendre de ses nouvelles et placoter. On a essayé de trouver des façons de la faire sortir de chez elle, sans la forcer bien sûr. Mais elle était tellement contente juste de nous voir arriver. C’était le bonheur.» Pour Mme Roberge, ces rencontres sont également une grande source de joie. «Il y a ces moments chaleureux que nous partageons, mais aussi cette richesse d’expériences qu’on perd si on n’écoute pas. Ce monsieur à qui je parle qui a connu la guerre et la grippe espagnole. Chaque personne a ses acquis, son passé.» 

 

Un grand respect

Depuis la crise, les «visites» se font par téléphone. «Je demande aux gens comment ils conçoivent la COVID, on fait un résumé de l’actualité.» Mme Roberge contribue aussi à l’Escouade d’anniversaire, où il s’agit de faire livrer des fleurs et un gâteau aux fêtés. «Ils sont tellement contents. Leur jour d’anniversaire, c’est important pour eux.» Garder le contact est essentiel, et pas seulement en cette période particulière. Mais aussi, on gagne à tendre l’oreille et à ouvrir son cœur, dit-elle. «Il faut apprendre à connaître nos aînés. Juste à Noël, pour le party des Petits Frères, vêtus de leurs plus beaux atours, ils sont magnifiques. On est émus à les entendre chanter des chansons de leur enfance, certains se lèvent pour danser. Mon rêve serait que tout le monde puisse les voir ainsi.» Devant tant de vécu, on ne peut qu’éprouver du respect, ajoute-t-elle. «C’est pour moi une reconnaissance de ce qu’ils ont été, mais aussi de ce qu’ils sont encore.» La prochaine étape pour notre bénévole sera l’accompagnement en fin de vie. «Partir seul, c’est trop triste.» En attendant que reprenne le cours normal du quotidien, ce qui lui permettra de retourner voir les gens dans les hôpitaux et dans les CHSLD, elle demeure attentive et solidaire. «Il y a les liens qui se sont formés entre nous, on est devenus comme une grande famille. S’entraider, s’occuper les uns des autres, c’est ce qui nous unit.»


Ces portraits sont réalisés dans le cadre de notre action On jase-tu? qui vise à briser l’isolement social. Merci à nos partenaires de leur appui: Quebecor | Les Résidences Soleil - Groupe Savoie | Laflamme et Associés | L’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic | McCafé

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