Vivants, tout simplement

Vivants, tout simplement

Par Aline Pinxteren

Crédit photo: Laurence Labat; maquillage-coiffure: Sylvy Plourde.

Arrivée à ce seuil fatidique à ses yeux, derrière cette sentence définitive, elle ne sait surtout plus comment se définir. Les enfants sont élevés, laissant la maison vide. Son métier-passion (elle sculpte) a tellement changé avec le tout-à-l’internet qu’il ne la nourrit plus vraiment, au propre comme au figuré. Et malgré les crèmes antirides, les colorations et le sport au quotidien, visage et corps poursuivent leur avancée dans le temps, ce qui change aussi du tout au tout le regard des autres sur eux.

Comment négocier ce grand tournant où les étiquettes avec lesquelles on évoluait socialement se décollent? Et comment se choisit-on de nouveaux rôles épanouissants à jouer? France s’est lancée dans des recherches sur le vieillissement, sa gestion, son acceptation, sans y trouver l’apaisement: «Rien ne nous prépare à ce basculement. Les générations précédentes ne vivaient pas en santé si longtemps.» Elle se sent en pleine forme, jeune, curieuse, remplie d’envies et d’énergie, mais ce n’est plus cette image d’elle-même que lui renvoie le monde autour. 

Performance, efficacité, activité… ce trio ultra-valorisé empêche parfois de voir qu’on peut aussi simplement exister. Sans tambours ni trompettes. Sans rester à tout prix dans la course. Pourquoi faudrait-il être «utile» pour que notre vie compte? Je suis moi et c’est déjà un petit miracle en soi. Suzanne Rousseau et Nicole Bordeleau nous le rappellent en page 30 dans un texte passionnant sur le sens à (re)trouver dans l’existence. Arriver à exister pour soi, par soi, avec un corps qui change, une identité à reconstruire pour les 20, 30, 40 ans à venir, quel défi! Et c’est dans les moments où on se sent pleinement vivant qu’on y parviendra le plus clairement.

Quand vous sentez-vous «dedans», vraiment là physiquement et émotionnellement? Notre collègue Sandrine embarque cette semaine pour la Côte-Nord à bord du Bella Desgagnés. Pas de connexion wifi, peu de contacts, juste une pile de livres à lire et des paysages grandioses qui défilent. Francine, qui travaille au magazine aussi, retrouvera bientôt son lac tant aimé des Laurentides pour recharger ses batteries en famille. Et France a finalement décidé de donner à ses questionnements un sens inattendu, en écrivant un spectacle dessus. L’été, c’est la période rêvée pour ralentir, savourer, échanger, faire peau neuve. C’est ce qu’on se souhaite à tous? Profitez-en bien!

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Aline Pinxteren, rédactrice en chef

aline.pinxteren@lebelage.ca

  


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