Mère intérieure

Mère intérieure

Par Aline Pinxteren, rédactrice en chef

Crédit photo: Laurence Labat; maquillage-coiffure: Sylvy Plourde.

Il y a trois jours, mon ancienne collègue Carmela présentait en pleine page dans le journal local la classe qu’elle a réussi à créer dans une école primaire pour son petit Luther et d’autres enfants trisomiques. Hier, mon amie Marie me raconte au téléphone qu’elle a fini de retaper, seule et malgré sa fibromyalgie, le gîte dans lequel son grand garçon dysphasique pourra bientôt travailler en pleine nature. Deux avenirs angoissants, deux mères qui prennent les devants. Au bureau, des mamans aussi, et d’autres inquiétudes... L’une, désemparée, apprend que son fils a rompu avec sa blonde de toujours; l’autre, le coeur déchiré, doit sécher les larmes de sa fille laissée par son amoureux. Même ma mère à moi se retrouve en ce moment avec un fils parti pour un mois de vacances en Iran, de Bruxelles, au lendemain des attentats, et une petite-fille de trois semaines à peine à qui on vient de diagnostiquer une possible maladie orpheline. 

C’est quoi, une bonne mère? J’en suis une et je ne le sais pas... Je crois même que je le sais encore moins depuis que je le suis! Je m’énerve trop, je travaille trop, je n’écoute pas assez, je suis trop stricte sur la dose de télé et l’heure du dodo, mais qu’est-ce que j’y tiens, à mes deux ados! Dans le fond, c’est peut-être ça... Chaque mère fait de son mieux, comme elle peut, avec ses valeurs, son bagage, son passé aussi. Parfois trop présente, parfois pas assez. On s’en veut probablement toutes quand on ne trouve pas les mots justes pour soulager leurs grandes douleurs, quand on se sent un poids parce qu’on n’arrive plus à se déplacer ou à se débrouiller comme avant, quand on n’a pas assez de sous pour leur donner un coup de main financier dans les coups durs. 

Être maman, c’est aussi, parfois, perdre son merveilleux fils de 57 ans d’un cancer foudroyant comme mon ami Theo, alors qu’on aurait tout donné pour partir à sa place. Continuer à espérer chaque jour le retour de son Patrick qui a décidé de couper les ponts voilà huit ans même s’il vous a volé de l’argent. Ou, hospitalisée après un infarctus en pleine nuit, veillée par ses filles, insister pour que son aînée, Francine, notre directrice artistique, avertisse dans la minute le bureau de son absence pour que je ne sois pas prise au dépourvu en pleine production du magazine. Ce souci pour nos «petits», même bien grandis, qui ne quitte plus dès que bébé pousse son premier cri, cette pensée pour eux ancrée au coeur, ce fil tendu, toujours, entre une mère et son enfant, c’est le plus beau des amours. Indestructible. 

Et pour vous, une maman, c’est quoi? N’hésitez pas à nous écrire, on aime vous lire!

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Aline Pinxteren, rédactrice en chef

aline.pinxteren@lebelage.ca

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