Tout pour des rénovations réussies

Tout pour des rénovations réussies

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStockphoto.com

On n’est pas tous bricoleurs. Peindre une pièce, poser un parquet flottant ou remplacer des boiseries, ça peut toujours aller. Mais quand il s’agit de travaux d’envergure, comme refaire la salle de bains, changer portes et fenêtres ou ajouter une pièce à la maison, mieux vaut s’en remettre à des professionnels. Assurez-vous toutefois de faire les choses correctement. 

Planification. 

Avant de chercher un entrepreneur, cernez vos besoins actuels et futurs. Aujourd’hui, vous êtes en bonne santé physique. Mais dans quelques années vos besoins pourraient changer. N’hésitez pas à repenser la disposition des appareils et des meubles, à modifier certains matériaux ou à ajouter certains accessoires (barre d’appui dans la baignoire, céramique antidérapante, poignées becs-de-cane plutôt que rondes, etc.) pour rentabiliser l’espace, minimiser les déplacements et augmenter la sécurité. 

Notez également les problèmes existants (isolation inadéquate, infiltration d’eau ou d’air, plomberie et système électrique désuets, etc.). Profitez-en pour les régler. 

Planifiez ensuite minutieusement votre projet de rénovation. Dressez la liste complète des travaux à accomplir, en tenant compte de vos priorités et de votre budget. S’il s’agit de travaux majeurs comme la rénovation du sous-sol, de la cuisine ou encore l’ajout d’une pièce, faites préparer des plans et devis par un professionnel. 

Budget et permis municipal.

Budget

Fixez-vous un budget réaliste et respectez-le. La bonne idée: prévoir un coussin de sécurité de 10 à 20% pour les imprévus. En rénovation, les mauvaises surprises sont légion, notamment lors de l’ouverture d’un mur, d’un plafond ou d’un plancher. Moisissure, pourriture ou fils électriques désuets se cachent parfois derrière. Et méfiez-vous des «tant qu’à faire…». 

Permis municipal

Plusieurs travaux de rénovation et de construction requièrent un permis municipal. Vérifiez auprès de votre municipalité si ceux que vous comptez entreprendre nécessitent l’obtention d’un tel permis. Profitez-en pour vous enquérir des normes et des règlements en vigueur. Les exigences de construction diffèrent d’une municipalité à l’autre, entre autres quant au zonage, à l’architecture et aux matériaux extérieurs. Par ailleurs, assurez-vous que l’entrepreneur avec qui vous ferez affaire respecte les normes du Code du bâtiment. 

Choix de l’entrepreneur

Pour dénicher un entrepreneur qualifié, demandez des références à vos parents, amis et voisins ayant fait effectuer des travaux similaires aux vôtres. Consultez aussi les listes d’entrepreneurs sur les sites web d’associations ou de corporations professionnelles. Méfiez-vous de ceux qui ne fournissent qu’un numéro de téléphone. En cas de problème, vous pourriez avoir de la difficulté à les atteindre. 

Licence

L’entrepreneur que vous choisirez doit détenir une licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) dans la catégorie (entrepreneur général ou entrepreneur spécialisé) et la sous-catégorie (isolation, portes et fenêtres, etc.) appropriées au type de travaux à exécuter. Cette licence prouve que la Régie a vérifié les qualifications professionnelles et la solvabilité de l’entrepreneur, et que ce dernier a fourni un cautionnement – entre 10 000$ et 20 000$ – destiné à vous indemniser en cas de problème, par exemple un vice de construction ou une fraude. Demandez à voir sa licence. Notez le numéro, la catégorie, la sous-catégorie, la date d’expiration et l’adresse complète. Vous pourrez valider ces informations en consultant le Registre des détenteurs de licence sur le site web de la RBQ ou en téléphonant au service à la clientèle. 

Par ailleurs, sachez qu’un entrepreneur en rénovation qui vend ou installe des portes, des fenêtres, une toiture, un isolant thermique ou un revêtement extérieur, qui vous sollicite ailleurs qu’à son commerce ou qui se présente chez vous est considéré comme un vendeur itinérant. Il doit détenir en plus de sa licence un permis de l’Office de la protection du consommateur (OPC). Pour savoir si un entrepreneur itinérant possède un tel permis, consultez le site web de l’OPC. Sur ce site, vous pourrez également savoir si un entrepreneur a été l’objet de plaintes de la part de consommateurs. Le Bureau d’éthique commerciale peut aussi vous fournir ce type de renseignements. 

Soumissions, assurances et garantie

Soumissions

Demandez une soumission écrite, idéalement à trois entrepreneurs. Elle doit comprendre une description détaillée des travaux, des matériaux et des coûts. Attention: ne choisissez pas d’emblée l’entrepreneur présentant la soumission la plus basse. Il peut avoir sous-estimé l’ampleur des travaux, et certains imprévus pourraient s’ajouter en cours de route. Ne prenez pas de décision hâtive. Comparez chaque élément. Si un entrepreneur se fait insistant ou s’il est évasif dans ses réponses, oubliez-le. Même chose si la communication est difficile ou si vous êtes mal à l’aise en sa présence – l’atmosphère risque d’être tendue durant les travaux. Un plus: communiquez avec d’anciens clients pour connaître leur appréciation des travaux et du service après-vente. 

Assurances

Assurez-vous que l’entrepreneur et ses sous-traitants disposent d’assurances responsabilité civile qui couvriront les dommages causés à votre propriété ou à celle d’autrui, ainsi que les blessures que pourraient subir les ouvriers. Ne vous fiez pas uniquement à leur parole. Notez les numéros de contrat, les noms des compagnies, les dates d’expiration, et validez les infos. Contactez également votre assureur pour connaître l’impact de vos rénovations sur votre assurance habitation ainsi que les protections nécessaires pendant les travaux. 

Garantie

Il existe plusieurs types de garanties: garantie légale du Code civil, garanties prévues dans la Loi sur la protection du consommateur, garantie de l’entrepreneur, garanties d’associations d’entrepreneur, garanties des fabricants sur les matériaux, etc. Bref, prenez le temps de bien vous informer sur les garanties offertes et ce qu’elles couvrent. L’entrepreneur doit vous remettre les documents faisant état de ces garanties. Et faites-les inscrire au contrat. 

Contrat

Une fois l’offre acceptée, exigez un contrat écrit sur lequel vous trouverez notamment les coordonnées de l’entrepreneur, son numéro de licence de la RBQ, une description précise des travaux et des matériaux, le coût total, les exclusions, les modalités de paiement, le montant de l’acompte, un calendrier de réalisation des travaux, les dates du début et de la fin de ceux-ci, les garanties, les assurances et la disposition des déchets. Prévoyez aussi une clause annulation ou une compensation financière en cas de non-respect du contrat. Si l’entrepreneur refuse de s’engager sur papier, passez au suivant. 

Si des modifications ou des travaux imprévus sont faits en cours de route, rédigez un document décrivant la modification et la différence de coût qu’elle entraîne, et demandez à l’entrepreneur de le cosigner. 

N’oubliez pas non plus de préciser les modalités concernant l’utilisation de l’eau courante et de l’électricité. Est-ce que l’entrepreneur aura accès à vos services publics ou s’il doit prendre des dispositions particulières? L’entrepreneur doit vous remettre une copie du contrat cosignée. 

Bon à savoir: vous pouvez télécharger sans frais un modèle de contrat en tapant «modèle contrat rénovation RBQ» sur Internet.

Paiement

S’il s’agit d’un contrat conclu avec un commerçant itinérant, ce dernier ne peut percevoir de paiement total ou partiel avant la fin du délai de 10 jours qui suit la signature du contrat – soit le temps dont vous disposez pour y mettre un terme –, à moins que vous ayez déjà reçu un bien, tels des matériaux. 

En revanche, si les travaux débutent immédiatement, le commerçant peut vous réclamer un acompte, mais il doit déposer l’argent dans un compte en fidéicommis jusqu’à la fin du délai de 10 jours. 

Le commerçant non itinérant peut, quant à lui, réclamer un acompte avant de commencer les travaux. Versez le plus petit acompte possible – 5 à 10% de la valeur totale des travaux. Par la suite, entendez-vous avec l’entrepreneur sur l’étalement des versements subséquents en fonction de l’avancement des travaux. N’oubliez pas de réclamer chaque fois un reçu signé où sont indiqués la date, le motif et le montant du paiement. Remettez le dernier versement (10 à 15% du coût total) seulement quand les travaux seront complètement terminés et à votre entière satisfaction. 

Matériaux et aides financières

Matériaux 

Lors de vos rénovations, profitez-en pour améliorer la cote énergétique de votre maison et prendre un virage plus sain. Exemples: optez pour des thermostats électroniques programmables; mettez en place un système de ventilation adéquat; sélectionnez des produits Energy Star; installez des appareils permettant de régler le débit d’eau; privilégiez des peintures sans composés organiques volatils (COV), des revêtements de sol et de murs (gypse) résistant à l’humidité et à la moisissure, des vernis et teintures à base d’eau, de la colle contact à base d’eau, des mastics à faible toxicité, etc. 

Aides financières

Plusieurs travaux de rénovation sont admissibles à des crédits d’impôt ou à des subventions, dans la mesure où ils sont réalisés par un entrepreneur qualifié. 

Parmi les aides financières se trouve le programme LogiRénov destiné aux propriétaires qui souhaitent rénover leur résidence, l’agrandir, l’adapter aux besoins particuliers d’un membre de la famille ou la transformer en maison intergénérationnelle. 

Il y a également le programme Rénoclimat qui encourage les propriétaires à rénover leur résidence pour en améliorer l’efficacité énergétique (isolation, étanchéité, ventilation, système de chauffage et chauffe-eau). 

Le programme Chauffez vert, lui, offre une aide financière aux propriétaires qui veulent remplacer leur système de chauffage ou leur chauffe-eau au mazout ou au propane par un système à l’électricité ou à d’autres énergies renouvelables (géothermique, solaire, thermopompe). 

Hydro-Québec, Gaz Métro, Gazifère, la Société d’habitation du Québec (SHQ) et certaines municipalités, entre autres, proposent aussi des subventions. Prenez le temps de bien vous informer. 

Précautions

Bruit, poussière, odeurs fortes, va-et-vient… Vivre au milieu d’un chantier n’est pas de tout repos. Mais vous pouvez prendre certaines mesures pour minimiser les inconvénients: 

  • protégez tapis et parquets avec des revêtements de plastique; 
  • retirez des lieux tous les meubles et articles fragiles; 
  • scellez les portes des pièces où il n’y a pas de travaux; 
  • installez des bâches pour éviter de répandre saletés et poussières; 
  • désignez une porte d’entrée pour les allers-retours des ouvriers; 
  • mettez à la disposition des fumeurs des cendriers à l’extérieur. 

Et surveillez de près l’évolution des travaux de façon à être informé rapidement des imprévus, des ajouts et des modifications. Convenez avec l’entrepreneur d’un moment dans la journée pour faire le point. Ouvrez une chemise «Rénovations» dans laquelle vous rangerez tous les documents liés aux travaux. 

Recours

Vous n’êtes pas satisfait des travaux de construction réalisés? Tentez d’abord de vous entendre avec l’entrepreneur. Si vous n’y parvenez pas, vous pouvez payer le montant total «sous protêt», ce qui signifie que vous contesterez le montant payé. Vous devez alors inscrire la mention «sous protêt» sur le chèque remis à l’entrepreneur ou sur la facture. Puis envoyez-lui une mise en demeure par courrier recommandé lui expliquant la nature de votre plainte et la somme réclamée. Conservez la preuve de votre envoi. 

Rien n’y fait? Vous pourrez alors recourir aux services de l’Office de la protection du consommateur, déposer une plainte à la Régie du bâtiment du Québec si l’entrepreneur possède une licence ou encore vous adresser aux tribunaux, notamment à la Cour des petites créances si le montant ne dépasse pas 15 000$. 

Si vous avez souscrit un plan de garantie, faites parvenir une copie de votre mise en demeure à l’administrateur du plan. 

Merci à Wendy Pollard, conseillère à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), à Marie-Claude Masson, conseillère en communication à la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), et à l’Office de la protection du consommateur pour leur collaboration. 


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