Vieillir avec l’autisme

Vieillir avec l’autisme

Par Anne-Christine Schnyder

Crédit photo: Mathias Konrath via Unsplash

Au Canada, la prévalence de l’autisme est estimée à un individu sur 94, tandis que 1,4 % de la population serait touchée au Québec. En ce mois de l’autisme, le 2 avril étant la Journée mondiale de sensibilisation à cette condition, on se penche sur les personnes âgées autistes.

On sait en effet très peu de chose sur le vieillissement dans ce contexte. La raison? Le syndrome a été décrit pour la première fois en 1943. Georges Huard, 60 ans, a lui-même été diagnostiqué du trouble d’Asperger tardivement, à 36 ans. Pourtant, déjà enfant, il se sentait différent. «C’était peu connu dans le temps, dit-il. À l’époque, pour ceux qui avaient de la misère à gérer leurs émotions ou qui vivaient trop dans leur bulle sans être déficients intellectuels, on utilisait un terme fourre-tout: les “troubles émotifs”.»

Et comment vieillissent les autistes? Georges Huard a accepté d’en parler, tout en précisant ne pas être un expert en la matière, mais plutôt quelqu’un qui vit avec la condition. Technicien en informatique à l’UQAM depuis 1997, il y est très heureux et bien intégré. S’adapter à la société n’a toutefois pas été facile pour lui, mais il a appris à se débrouiller. 

Camouflage des symptômes

«Avec le temps, certains traits se camouflent derrière l’âge», constate Georges. Par exemple, la lenteur à répondre. «J’ai toujours été lent à répondre aux questions et les gens pensaient que je préparais une menterie. En vieillissant, on réfléchit, et c’est bien perçu.»

La difficulté qu’ont les autistes – jeunes ou vieux – à accomplir plusieurs tâches à la fois, ce qu’on remarque aussi chez des personnes plus âgées en général, passe mieux. Idem pour l’absence de spontanéité. «J’en manquais déjà quand j’étais jeune et c’est encore le cas en vieillissant, mais c’est vu comme une trace de l’âge plutôt qu’un trait d’Asperger», s’exclame Georges en riant. «Je commence à mieux connaître les rouages de la vie», explique Georges qui, en plus de s’être habitué à certains comportements propres à son syndrome, a appris à mieux les gérer.

Reste que certaines embûches continuent de se présenter sur son chemin. «Je dois désormais prendre des pilules pour l’hypertension. Quand le médecin me dit qu’il faut changer mon régime, ça me déstabilise.» Et même s’il aime être avec des gens, surtout ceux d’humeur égale et qui ne changent pas d’idée tout le temps, George a besoin de périodes de solitude: «Je n’aime pas les foules, alors je pars souvent plus de bonne heure que les autres quand je sors. Ça m’enlève du stress et je peux avoir une place assise dans le métro, être un peu dans ma bulle. Si les choses sont précipitées, ça peut me rendre de mauvaise humeur, mais sinon, je suis toujours de bonne humeur!»

Info: autismequebec.org; autisme.qc.ca; autismcanada.org.

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