Tout ce qu’il faut savoir sur la prostate

Tout ce qu’il faut savoir sur la prostate

Par Marie-Josée Roy

Crédit photo: iStock

Bien qu’elle soit source de nombreuses inquiétudes, cette glande reste un mystère pour le commun des mortels. Histoire d’éclaircir le sujet, Monsieur Prostate lui-même répond à nos questions.

Monsieur Prostate, rappelez-nous d’abord quelles sont vos fonctions. Disons que je suis une glande génitale mâle située sous la vessie et devant le rectum. J’ai habituellement la grosseur d’une noix de Grenoble, mais mon apparence est appelée à changer au fil du temps. Comme je suis une glande de soutien, je vis dans l’ombre d’organes vedettes comme le cœur, les poumons et le foie. Pourtant, mon rôle n’est pas sans importance.

Justement, quel est votre rôle dans la sexualité masculine? Mon rôle principal est de produire un liquide prostatique – riche en enzymes, en protéines et en minéraux – qui nourrit et protège les spermatozoïdes. Je fabrique aussi une protéine nommée APS (pour antigène prostatique spécifique) servant à liquéfier le sperme afin de faciliter la mobilité des spermatozoïdes. Finalement, je permets l’éjaculation en me contractant.

En quoi votre travail est-il si important? Je veille à ce que les spermatozoïdes se rendent à bon port, rien de moins! Non seulement je suis indispensable à l’éjaculation masculine, mais je contribue à garder les spermatozoïdes en vie jusqu’à ce qu’ils fertilisent l’ovule en produisant un liquide qui neutralise l’acidité du vagin. Sans moi, les hommes peuvent se reproduire, mais de façon artificielle.

Quels changements vous guettent, au fil des ans? Pour une raison que les scientifiques ignorent, mon volume augmente à partir de la quarantaine. On sait cependant que je ne grossis pas de la même façon chez tous les hommes et que l’hérédité joue un rôle dans mon évolution.

On a laissé entendre que vous seriez la cause de problèmes urinaires. Est-ce vrai? Je l’admets: il arrive parfois que je grossisse trop. Imaginez un beigne dont le trou rétrécit soudainement. Comme j’encercle l’urètre, qui transporte l’urine à partir de la vessie, je peux bloquer le passage et provoquer des troubles urinaires. Il arrive aussi que les muscles qui m’entourent se contractent au point où le passage de l’urine devient difficile, voire impossible. Cette hypertrophie, bien involontaire de ma part, indispose les hommes atteints en les forçant à uriner plusieurs fois par jour, en provoquant des fuites urinaires ou en engendrant des troubles sexuels.

Comment peut-on bien prendre soin de vous? Je fais l’objet de nombreuses recherches, mais elles ne sont pas encore probantes pour affirmer que tel aliment ou tel mode de vie me protège efficacement. Pour l’instant, la communauté scientifique est d’avis que la meilleure façon de me garder en santé est d’avoir une alimentation équilibrée, de réduire la consommation de gras animal et de faire de l’exercice régulièrement. Le gros bon sens, quoi! Certaines études tendent à prouver que le lycopène, un pigment contenu notamment dans les tomates, pourrait avoir un effet protecteur, tout comme la vitamine D. 

Vers quel âge et pour quelle raison vos ennuis de santé surviennent-ils? Chaque prostate est unique, car toutes n’évoluent pas de la même façon. Cependant, c’est à partir de mes 50 ans que je risque davantage de causer des problèmes à mon détenteur. Si mon grossissement peut provoquer des troubles urinaires, il n’est cependant pas lié au risque de développer un cancer, qui augmente avec l’âge. Finalement, que j’aie 30, 50 ou 70 ans, je peux souffrir d’une prostatite, une inflammation très douloureuse qui peut entre autres être causée par une infection. Celle-ci se manifeste par des douleurs aigües dans la région pubienne, de la fièvre ou encore une sensation de brûlure en urinant. 

Advenant un problème, quel spécialiste votre détenteur devrait-il consulter? Tout dépend du problème à traiter. Lors de son examen de santé annuel, mon détenteur se soumet à une prise de sang permettant d’évaluer son taux d’APS. Si celui-ci est anormalement élevé, le médecin recommandera alors un dépistage plus approfondi effectué par un urologue. Un taux élevé d’APS dans le sang peut indiquer la présence d’un cancer, mais bien d’autres éléments entrent en ligne de compte. L’âge, les antécédents en matière de santé et l’hérédité sont aussi des facteurs à considérer pour évaluer la pertinence d’un dépistage préventif. Par contre, si on soupçonne une prostatite, mieux vaut consulter rapidement, que ce soit en prenant rendez-vous chez son médecin de famille ou en se rendant aux urgences.

En cas de troubles urinaires, quels sont les traitements proposés? À moins d’un blocage affectant le fonctionnement des reins, les spécialistes débutent généralement par un traitement médicamenteux. «Ai-je trop grossi ou suis-je trop tendu?» Telle est la question qui permet de déterminer les médicaments qui pourront me soulager. Si l’approche médicamenteuse ne fonctionne pas, je devrai malheureusement me résoudre à passer sous le bistouri pour soulager un peu mon détenteur.

Qu’en est-il du cancer qui peut vous frapper? Je vous rassure tout de suite: les traitements contre le cancer de la prostate sont très efficaces… dans la mesure où la maladie est dépistée assez tôt. À partir d’un certain âge, le cancer se développe si lentement que les spécialistes préfèrent le garder à l’œil plutôt que de le traiter sans délai. Dans le cas où un traitement s’avère nécessaire, une chirurgie et un traitement de radiothérapie ou d’hormonothérapie sont alors envisagés.

Pour en savoir plus: Le cancer de la prostate, Fred Saad et Michael McCormack (Annika Parance Éditeur). Offert gratuitement en ligne à partir du site procure.ca.

Avec la participation du Dr Fred Saad, professeur titulaire de chirurgie et d’urologie à l’Université de Montréal et chef du service d’urologie au CHUM, que nous remercions pour sa contribution à cet article.

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