On leur fait la peau!

On leur fait la peau!

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStock

Acné, eczéma, mycoses, psoriasis, rosacée… Autant de problèmes dermiques qui peuvent saper notre moral. Heureusement, il existe des traitements ciblés pour nous redonner le sourire. 

Les affections dermatologiques ne sont pas à prendre à la légère. Plus la maladie est sévère, plus elle risque de bouleverser notre qualité de vie et notre estime de soi, ainsi que d’entraîner des répercussions sociales et psychologiques. Il est donc crucial de les diagnostiquer et de les traiter avant qu’elles n’empirent. Tour de piste.

Acné

L’acné peut aussi se manifester à l’âge adulte. «On distingue différents types de lésions, soit des comédons (points noirs ou papules blanches fermes), des boutons rouges, des pustules et des lésions nodulo-kystiques», précise Émilie Bourgeault, dermatologue à Québec. Les zones les plus touchées sont le visage, le dos, les épaules, le cou et la poitrine.

Solutions
• Les comédons constituent le premier stade de l’acné. Il est donc important de les éliminer, mais jamais soi-même, car on risque de provoquer de l’inflammation et de laisser des cicatrices. On mise également sur une hygiène irréprochable et une hydratation adéquate. Karine Gravel, enseignante en soins esthétiques dans la région de Montréal, suggère l’emploi de nettoyants doux et de produits cosmétiques adaptés aux peaux acnéiques – notamment à base de probiotiques pour rééquilibrer le microbiote cutané – afin de ne pas exacerber l’inflammation.
• Si on souffre d’acné légère ou modérée, l’emploi d’un médicament topique sans ordonnance contenant du peroxyde de benzoyle ou de l’acide salicylique est généralement indiqué. Mais si le problème persiste ou s’aggrave, mieux vaut consulter notre médecin ou un dermatologue qui prescrira des formules topiques ou orales, notamment à base de rétinoïdes, d’antibiotiques, d’agents hormonaux ou d’isotrétinoïne (Accutane), visant à réduire la production de sébum, enrayer les bactéries et calmer l’inflammation.
• Même l’acné légère peut causer des cicatrices. Selon la Dre Bourgeault, un bon contrôle de l’acné et un traitement rapide permettent de les prévenir. Sinon, les cicatrices rosées et superficielles tendent à s’affiner avec le temps ou peuvent être adoucies à l’aide de divers traitements (masques exfoliants, microdermabrasion, agents de comblement, laser), pratiqués par un professionnel.
• Nouveau: le micro-aiguillage pour la régénération des tissus. «Le traitement se pratique avec un appareil muni de fines aiguilles, explique Karine Gravel. En pratiquant de micro-piqûres de l’épiderme jusqu’au derme, on déclenche le processus naturel de guérison et on relance la production de collagène.»

Eczéma

Cette inflammation chronique et récurrente résulte d’un bris de la barrière cutanée qui entraîne une déshydratation importante de la peau. L’eczéma se caractérise par des lésions sèches, épaisses et rugueuses, des plaques rouges et de fortes démangeaisons parfois associées à des fendillements et des suintements. Même si tout le corps peut être affecté, il apparaît souvent sur les mains, le visage, à l’arrière des genoux et dans le creux des coudes. Les formes les plus fréquentes: l’eczéma atopique (généralement héréditaire et souvent lié à l’asthme et au rhume des foins), l’eczéma de contact allergique (cosmétiques, parfums, acariens, nickel, etc.) ou irritatif (détergents, aliments...) et l’eczéma variqueux associé aux varices.

Solutions
• Pour réduire les poussées, apaiser les démangeaisons et restaurer la barrière cutanée, on hydrate notre peau à volonté avec des crèmes gorgées de substances lipidiques (céramides, acides gras essentiels, acide hyaluronique, etc.). Selon Karine Gravel, le bon réflexe à adopter est d’appliquer un hydratant juste après le bain ou la douche, sur une peau encore humide, afin d’emprisonner l’eau. Les bains et les douches favorisent aussi l’hydratation de la peau. On évite toutefois l’eau très chaude, les savons parfumés et les ablutions prolongées.
• Le traitement de base: l’application de crèmes ou d’onguents de cortisone jusqu’à ce que l’inflammation soit résorbée. Pour les atteintes plus sérieuses, des médicaments par voie orale (cyclosporine, méthotrexate, etc.) peuvent être ajoutés. «La photothérapie – l’exposition aux UVB – est également recommandée, note la Dre Bourgeault. Bien que les UV soient bénéfiques, il n’est cependant pas question de fréquenter les salons de bronzage. Le traitement de photothérapie se pratique chez le dermatologue, sous surveillance médicale.»

Mycoses cutanées

Elles sont causées par la prolifération de champignons microscopiques présents dans la flore cutanée. Dans la grande majorité des cas, les champignons siègent dans les régions corporelles chaudes et humides comme l’aine, le cuir chevelu, les pieds, sous les seins et entre les fesses. Les symptômes varient en fonction de la localisation des mycoses. Parmi ceux-ci: des rougeurs, des squames, des démangeaisons parfois intenses et une sensation de brûlure.

Solutions
• Des traitements antifongiques topiques ou oraux permettent généralement d’en venir à bout.
• Selon certaines études, un débalancement du microbiome cutané pourrait entraîner une prolifération des levures responsables des mycoses. Prendre des probiotiques pourrait donc être bénéfique pour rétablir la flore microbienne de la peau.

Psoriasis

L’inflammation survient à la suite d’un cycle cellulaire accéléré: les cellules cutanées se renouvellent en quelques jours au lieu d’un mois. Les symptômes peuvent être légers à sévères, permanents ou épisodiques, couvrir une petite partie du corps ou être étendus. «Il existe plusieurs formes de psoriasis, mais la plus fréquente est celle en plaques, rappelle la Dre Bourgeault. Elle forme des plaques rouges, au contour bien délimité, épaisses et recouvertes de squames argentées qui démangent parfois.» Les zones les plus touchées sont les coudes, les genoux et le cuir chevelu.

Solutions
• Selon Karine Gravel, divers soins esthétiques comme les traitements à base d’agents kératolytiques (urée, acide glycolique à taux faible, etc.), peuvent aider à réduire les plaques squameuses et les démangeaisons.
• Hydrater notre peau, beaucoup et souvent. C’est essentiel.
• Les formes légères et modérées se contrôlent à l’aide de crèmes ou d’onguents généralement à base de cortisone, de rétinoïdes ou de dérivés de vitamine D. Les médicaments administrés par voie orale ou par injection sont généralement réservés aux formes graves ou rebelles, tout comme les agents biologiques et la photothérapie. Les objectifs? Ralentir le renouvellement cellulaire de la peau, réduire l’inflammation et refréner le système immunitaire.
• Le psoriasis du cuir chevelu se traite avec des produits à base de goudron ou de cortisone.

Rosacée

Cette maladie chronique inflammatoire résulte d’une hyperactivité vasculaire qui touche principalement la zone centrale du visage. L’Association canadienne de dermatologie répertorie quatre formes de rosacée. La rosacée érythématotélangiectasique se caractérise par des rougeurs intermittentes et des petits vaisseaux sanguins dilatés, parfois accompagnée de picotements ou d’une sensation de brûlure. La rosacée papulopustulaire se reconnaît à une rougeur persistante et des «bosses» ressemblant à des boutons d’acné. La rosacée phymateuse cause un épaississement de la peau, qui devient bosselée. Elle affecte le plus souvent le nez des hommes (rhinophyma). Enfin, la rosacée oculaire peut provoquer des rougeurs, une sensation de corps étrangers, de brûlure, de picotement, de sécheresse, une sensibilité à la lumière, une vision floue ainsi que des yeux larmoyants et injectés de sang.

Solutions
• On doit éviter à tout prix les facteurs aggravants, tels que les températures extrêmes (chaudes ou froides), l’exposition au soleil (protection solaire quotidienne à FPS élevé obligatoire!), l’effort physique intense, le stress, les soins et produits asséchants et abrasifs, l’alcool et les aliments épicés, ainsi que les boissons et aliments très chauds.
• On hydrate souvent notre peau avec des crèmes adaptées à la peau rosacée.
• Le médecin prescrira des crèmes et des onguents topiques comprenant entre autres de la brimonidine, du métronidazole ou de la trétinoïne pour les formes moins graves de rosacée, des médicaments oraux ou une combinaison d’antibiotiques topiques et oraux pour les cas plus sévères et des rétinoïdes topiques ou oraux, parfois associés à la dermabrasion ou au laser, pour les atteintes phymateuses.
• Le laser vasculaire et le photorajeunissement par lumière pulsée permettent d’atténuer les vaisseaux sanguins apparents, les rougeurs et les bouffées de chaleur de la rosacée.

Conseil

Dans tous les cas, consulter le médecin si les symptômes persistent ou si les traitements en vente libre sont inefficaces pour éviter que la situation ne s’aggrave.

La vérité sur les épidermes foncés

Bien que les peaux noires et méditerranéennes se traitent sensiblement de la même façon que les peaux blanches, elles possèdent tout de même certaines particularités dont il faut tenir compte. «Elles ont tendance à faire de l’hyperpigmentation post-inflammatoire, souligne le Dr Jean-François Tremblay, dermatologue réputé dans le traitement des peaux de couleur. Certains ingrédients, comme le peroxyde de benzoyle, peuvent aussi causer des taches. Les peaux foncées ont également des spécificités au niveau du diagnostic. Par exemple, l’eczéma forme des taches rouges sur une peau pâle alors qu’elles sont plutôt brunes ou blanches sur une peau foncée.» D’où l’importance de consulter un professionnel qui s’y connaît.

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