Intestin irritable: quoi faire pour le soulager?

Intestin irritable: quoi faire pour le soulager?

Par Marie-Josée Roy

Crédit photo: Lauren Mancke via Unsplash

Vivre avec le syndrome de l’intestin irritable nuit parfois grandement à la qualité de vie. Voici des trucs pour l'apprivoiser. 

Modifier notre hygiène de vie

Le SII est influencé par le contenu de notre assiette, mais aussi par la façon dont on ingère la nourriture. «Certains médicaments sont assez efficaces contre la constipation sévère, mais pour les autres symptômes, comme la diarrhée et les ballonnements, les habitudes de vie représentent de 80 % à 90 % de la prise en charge», souligne le Dr Michaël Bensoussan, gastroentérologue. Changer notre hygiène de vie peut donc réduire les symptômes. À ce propos, quels sont les bons gestes à poser?

À TABLE

 On mange plus lentement. Pas question de souper en deux minutes devant la télé! «Il ne faut pas oublier que la digestion commence dans la bouche. Bien mastiquer les aliments, c’est important», rappelle la nutritionniste Isabelle Huot.

 On diminue la quantité de liquide ingérée. «Si on ne prend pas de soupe en entrée, on peut consommer une boisson, mais sans dépasser 250 ml de liquide lors des repas ou des collations», mentionne Nicole LeBlanc. 

 On fractionne nos repas. Comme un intestin irritable a du mal à gérer un grand volume de nourriture, il vaut mieux diviser l’apport alimentaire.

 On surveille nos collations. «Certaines personnes grignotent trop souvent ou trop vite après le repas», observe la nutritionniste Nicole LeBlanc. Les collations trop grasses ou salées sont également à proscrire.

 On évite d’avaler de l’air. Mâcher de la gomme peut causer des ballonnements, tout comme boire des boissons gazéifiées.

 On ne consomme pas d’aliments ou de liquides très froids. «Ils peuvent provoquer des contractions au niveau de l’estomac et du tube digestif», avertit Mme LeBlanc.

AU QUOTIDIEN

 On tient un journal alimentaire. Pendant quelques jours, on note rigoureusement les repas, collations et boissons consommés. Cet outil sera très utile lors d’une éventuelle consultation.

 On mange régulièrement. Sauter un repas risque de nous exposer à des excès alimentaires. «Il ne faut pas manger trop légèrement au dîner et se retrouver affamé au souper», note Nicole LeBlanc.

 On s’assure de bien dormir. Profiter d’un sommeil réparateur peut avoir un effet apaisant sur les symptômes.

 On bouge. Si on n’a pas l’âme d’un sportif, on commence par intégrer de courtes marches à notre routine.

 On se détend. En s’adonnant à une activité relaxante, on oublie nos soucis. «La fatigue et le stress jouent énormément sur les symptômes de l’intestin irritable», affirme le DBensoussan.

Revoir notre alimentation

Jumelée à de saines habitudes de vie, l’alimentation peut fortement contribuer à la diminution des symptômes de l’intestin irritable. «L’alimentation a une influence sur la manière dont s’équilibre et se développe notre microbiote. Si le microbiote est déséquilibré parce que notre alimentation n’est pas assez variée ou assez saine, ça aura probablement une influence sur les symptômes d’un intestin irritable», explique le Dr Bensoussan. Certains aliments, plus faciles à tolérer que d’autres, sont à privilégier, par exemple:

• Les viandes, volailles et poissons maigres.

• Certains fruits frais (canneberge, agrumes, banane, kiwi, ananas, bleuet, cantaloup, melon miel).

• Certains légumes cuits (carotte, panais, haricot jaune ou vert, tomate, concombre, céleri, courgette, patate douce, poivron, épinard, chou frisé).

• Les céréales ne contenant pas de son de blé. Les produits céréaliers vendus au supermarché contiennent pour la plupart du blé comme premier ingrédient. Or, quand on souffre du SII, il est avantageux de diversifier nos choix en optant à l’occasion pour des produits céréaliers à base d’autres grains (avoine, quinoa, millet, riz, sarrasin).

Les fibres: un cas à part

Les fibres favorisent la santé intestinale, mais encore faut-il choisir les bonnes… Les fibres insolubles, qu’on trouve notamment dans la pelure des fruits, le son de blé, les noix, les graines et la membrane des légumineuses, risquent d’accélérer le transit intestinal et de provoquer des contractions. Cependant, elles ne sont pas nécessairement à proscrire. «On peut moduler le transit avec le type de fibres qu’on ingère», précise Nicole LeBlanc, en rappelant que des fibres solubles et insolubles sont souvent présentes dans le même aliment. «Si la personne ne consomme pas assez de fibres, on suggérera une augmentation en ciblant des aliments appropriés en fonction de ses symptômes.»

Et les produits laitiers?

Contrairement à la croyance populaire, il est inutile de se priver des produits laitiers. «À moins que le patient n’ait une intolérance, il n’est pas justifié de contrôler leur consommation, sauf peut-être pour le fromage, qui est plus gras», mentionne Mme LeBlanc. De plus, les probiotiques contenus dans certains yogourts contribuent à la santé intestinale.

L’approche FODMAP

Mise au point par la nutritionniste australienne Sue Sheperd au début des années 2000, l’approche FODMAP connaît des résultats probants dans le traitement du SII. L’acronyme FODMAP désigne un groupe de glucides à chaîne courte. Ces glucides ont la propriété d’être moins bien absorbés par l’intestin. Les bactéries naturellement présentes dans le tube digestif s’en nourrissent, ce qui provoque la fermentation des glucides et, du même coup, une intensification des symptômes du SII. En retirant de notre menu les aliments riches en FODMAP avant de les réintroduire à petites doses, on permet à notre corps de repartir à zéro. Le blé, les produits laitiers, les légumineuses et de nombreux fruits, légumes, noix et graines contenant des FODMAP sont ainsi temporairement exclus. «Cette approche restrictive doit être utilisée de façon temporaire et avec l’accompagnement d’un nutritionniste ayant une connaissance des maladies digestives, prévient Nicole LeBlanc. En incluant les tests et la réintroduction des FODMAP, la démarche ne dure pas plus de deux à trois mois.»

La modération a bien meilleur goût

L’alcool, la caféine et les mets très épicés, gras ou sucrés peuvent nuire au confort gastro-intestinal et à la santé digestive. «Je dis souvent aux gens que leur intestin a deux ennemis: trop de gras et trop de sucre. Il faut faire attention aux deux, et manger modérément, sans excès», explique Nicole LeBlanc. La nutritionniste recommande aussi d’étaler notre consommation de fruits sur toute la journée. «Quand on analyse le déjeuner d’une personne, on constate souvent qu’elle consomme tous ses fruits au déjeuner. Le problème, c’est l’accumulation. Même si le sucre provient des fruits, s’il y en a trop dans un même repas, il peut arriver que l’intestin le supporte mal.» 

Choisir les bons probiotiques

Micro-organismes vivants, les probiotiques contribuent à rétablir l’équilibre de la flore intestinale. Ils peuvent s’avérer utiles dans le traitement des symptômes de l’intestin irritable, à condition de choisir la variété appropriée et de consommer ces probiotiques au moment opportun. «Il s’agit d’un traitement complémentaire, affirme Mme LeBlanc. Il faut d’abord corriger nos habitudes de vie et notre alimentation. S’il y a des symptômes résiduels, on complète ensuite avec les suppléments de probiotiques.» Comme les souches probiotiques ne sont pas toutes efficaces pour soulager les symptômes, on se renseigne bien au préalable. 


Pour plus d’info 

• Société canadienne de recherche intestinale, à mauxdeventre.org.

• Guide clinique des produits probiotiques disponibles au Canada, à probioticchart.ca.

• Fondation de l’Association canadienne de gastroentérologie, à cdhf.ca/fr.

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