Gare au zona!

Gare au zona!

Par Chantal Tellier

Crédit photo: iStock

Chez les adultes, le virus de la varicelle se présente sous forme de zona et cause bien des désagréments. On peut toutefois apaiser la douleur et gérer les risques de complications associés à cette maladie infectieuse.

Quand Céline, 53 ans, a découvert sur son thorax de petites cloques qui provoquaient des démangeaisons insoutenables, elle s’est demandé ce qui lui arrivait. Était-ce une allergie quelconque? Son médecin lui a appris qu’elle avait un zona. Loin d’être un cas unique, Céline compte parmi les quelque 27000 Québécois qui souffrent de cette maladie chaque année. En fait, jusqu’à un adulte sur trois développera un zona au cours de sa vie, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Comment reconnaître un zona?

Aussi appelé herpès zoster, le zona est une éruption cutanée douloureuse causée par le virus de la varicelle. Chez la plupart des gens, ce virus restera dormant dans l’organisme une fois la varicelle passée, mais chez d’autres, il sera réactivé sous forme de zona.

«Il est difficile de mettre le doigt sur la cause exacte de la réactivation du virus. On suppose toutefois que les périodes de grand stress et de fatigue prolongée peuvent affaiblir le système immunitaire de personnes en bonne santé et entraîner un zona. Les troubles de santé chroniques comme les maladies rénales ou pulmonaires, le cancer, le VIH ou d’autres qui affectent le système immunitaire peuvent également augmenter le risque d’une éruption de zona, quel que soit l’âge», explique la Dre Chantal Sauvageau, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive. Elle précise que certains médicaments peuvent aussi rendre une personne plus vulnérable au zona, comme les stéroïdes ou les immunosuppresseurs, ou encore certains traitements médicaux tels que la radiothérapie ou la chimiothérapie.

Quels sont les premiers symptômes du zona? «Ils res- semblent à ceux d’une grippe: frissons, fièvre, maux de tête, fatigue, douleur... Ce n’est que quelques jours plus tard que les boutons (des vésicules rouges remplies de liquide) apparaissent, le plus souvent sur le thorax, l’abdo- men, le dos, le cou ou le visage, provoquant une sensation de brûlure et de picotement. Ils sécheront de 7 à 10 jours plus tard et disparaîtront au bout de deux à trois semaines», mentionne la Dre Julie Bestman-Smith, microbiologiste et infectiologue au CHU de Québec.

Quels sont les risques de complications?

Ces deux à trois semaines peuvent sembler très longues, parlez-en à Céline! «Je n’ai pas eu trop de douleur, mais les démangeaisons étaient intenses, se rappelle-t-elle. Je me badigeonnais de calamine et j’avais hâte que ça s’arrête!»

Céline n’a pas souffert de complications, mais d’autres n’ont pas cette chance. Parfois, la douleur liée au zona persiste des semaines, voire des mois après la disparition des lésions. La névralgie post-herpétique se caractérise par une douleur intense sur la trajectoire des nerfs touchés et concerne environ 15 % des personnes atteintes de zona. On n’en connaît pas la cause.

D’autres complications peuvent survenir si le virus touche le nerf trijumeau du visage. «Si un zona dans la région des yeux est suspecté, il ne faut pas hésiter à consulter un ophtalmologiste immédiatement, car s’il n’est pas traité, le virus peut entraîner la perte de vision», met en garde la Dre Sauvageau. Le virus pourrait aussi causer le syndrome de Ramsay Hunt, comme en a récemment souffert le chanteur Justin Bieber. Cette infection virale entraîne une douleur aux oreilles et une paralysie temporaire du visage.

Comment le traiter?

• Avec les antiviraux
Heureusement, il existe des traitements pour diminuer la durée ou l’intensité de la douleur et des démangeaisons. On recommande habituellement de prendre un antiviral, comme le famciclovir (Famvir), le valacyclovir (Valtrex) ou l’acyclovir (Zovirax). «Les antiviraux devraient freiner la propagation du virus et la formation de nouvelles lésions, en plus de diminuer le risque de souffrir de douleur chronique», mentionne la Dre Bestman-Smith. Autre bonne nouvelle: on n’a pas besoin de consulter un médecin pour obtenir une prescription d’antiviral. Si notre pharmacien soupçonne la présence d’un zona, il peut, sous certaines conditions, nous en prescrire. C’est une bonne chose puisque, pour être efficace, l’antiviral doit être pris moins de 72 heures après l’éruption.

• Avec les analgésiques
Pour calmer la douleur durant la phase aiguë du zona, on peut utiliser un analgésique en vente libre (acétaminophène ou ibuprofène). Par contre, si la douleur est intense, comme c’est souvent le cas, le médecin pourra nous prescrire un médicament plus puissant, tel un opioïde.

• Avec les traitements topiques
«On peut étaler de la calamine sur les vésicules, appliquer des compresses fraîches ou prendre un bain dans une eau additionnée d’avoine colloïdale (comme Aveeno) ou de fécule de maïs pour calmer les démangeaisons», suggère la pharmacienne Catherine Plamondon, auteure du livre Les super conseils de votre pharmacienne – Prévention, traitements, astuces et trucs de pro (Les Éditions JCL).

Après le zona

La douleur peut subsister après la disparition des vésicules. La lidocaïne, un anesthésique local offert sous forme de patch ou de crème, aide parfois à la réduire. La capsaïcine, qui provient du poivre de Cayenne, peut aussi soulager certaines personnes. Cette crème ne doit cependant pas être appliquée sur les lésions.

Anticonvulsivants et antidépresseurs

«Les anticonvulsivants vont soulager la douleur en calmant les nerfs trop actifs. La gabapentine (Neurontin) et la préga- baline (Lyrica) sont deux médicaments souvent utilisés pour la douleur neuropathique associée aux névralgies post-zona. Le résultat n’est évidemment pas garanti, mais on a un bon taux de succès», indique la Dre Sauvageau. Certains antidé- presseurs tricycliques comme l’amitriptyline (Elavil), l’imi- pramine (Tofranil) ou la nortriptyline (Aventyl) peuvent aussi apaiser ce type de douleur.

Vaccination = prévention

Le vaccin contre le zona peut contribuer à prévenir la maladie et à réduire la probabilité de complications, dont les douleurs persistantes. «Si la maladie se développe chez une personne déjà vaccinée, le risque de névralgie, c’est-à-dire la douleur qui persiste plusieurs mois après la disparition des lésions, diminue de 90 %. Ça vaut la peine!» affirme la Dre Sauvageau.

Le Zostavax, un vaccin vivant, n’est plus beaucoup inoculé. On lui préfère le Shingrix, autorisé au Québec depuis 2017. Ce vaccin inactivé est beaucoup plus efficace (jusqu’à 90%) pour prévenir le zona. La protection offerte par ce vaccin serait maintenue de 7 à 10 ans après la vaccination, selon les experts.

Deux doses espacées de 2 à 12 mois sont nécessaires pour assurer une protection de longue durée. On peut en faire la demande auprès de notre pharmacien. Le hic? Le vaccin n’est pas couvert par la RAMQ et les deux doses coûtent environ 150 $ chacune.

En ce qui concerne l’avenir, les laboratoires Pfizer et BioNTech, alliés dans le développement d’un des principaux vaccins contre la COVID-19, ont annoncé récemment qu’ils colla- boreraient à la mise au point d’un vaccin à base d’ARN messager contre le zona. À suivre.

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