5 mots-clés pour démystifier l’aphasie

5 mots-clés pour démystifier l’aphasie

Par Jessica Dostie

Crédit photo: Isabelle Vaillancourt

Josée Boudreault sait de quoi elle parle quand elle décrit le quotidien d’une personne aphasique: l’animatrice vit avec les séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2016.

«Dans ma tête tout est clair, mais c’est comme si ma bouche était mal connectée et quand ça sort, ce n’est pas toujours très facile à comprendre, a-t-elle déjà expliqué sur son compte Facebook. C’est comme une partie de Mâche mots qui ne finit jamais!» Avec son conjoint Louis-Philippe Rivard à ses côtés, Josée démystifie ici le quotidien d’une personne aphasique. Voici cinq mots-clés pour mieux saisir en quoi consiste ce trouble de l’expression.

Langage

Trouble du langage s’exprimant tantôt par la difficulté à trouver ses mots, tantôt par la perte de toute faculté de parole, l’aphasie survient subitement, que ce soit à cause d’une tumeur au cerveau, d’un traumatisme crânien ou, comme dans le cas de Josée Boudreault, à la suite d’un AVC. Puisque l’aphasie est invisible, on la confond parfois avec la maladie mentale, mais il n’en est rien, souligne Josée: «On n’est pas diminué intellectuellement – tout est clair dans notre tête – mais ça ne sort pas toujours comme on veut.»

Rééducation

Il n’est pas rare que des personnes aphasiques n’arrivent plus à parler dès l’apparition du trouble, mais ça ne signifie pas pour autant que tout espoir est perdu. C’est là que l’orthophoniste entre en scène. «Amorcer une rééducation le plus tôt possible est propice à une meilleure récupération», indique-t-on sur le site Internet d’Aphasie Québec (aphasiequebec.org), tout en précisant que la durée du traitement varie en fonction de la sévérité des problèmes et de la motivation du patient. Objectif: rétablir une communication fonctionnelle, c’est-à-dire qui permettra à la personne de se faire comprendre dans les lieux publics, par exemple.

Stimulation

Au-delà du travail avec l’orthophoniste, il importe de stimuler le langage des personnes aphasiques au quotidien, rappelle Louis-Philippe Rivard. «Ce qui aide le plus, c’est la conversation, précise-t-il. Il faut continuer à jaser avec eux même si ça ne semble pas toujours évident, notamment parce qu’ils parlent plus lentement.»

Défis

Outre la difficulté à s’exprimer verbalement, l’aphasie peut toucher les zones du cerveau qui contrôlent la lecture et l’écriture, voire la compréhension des textes. «Je ne peux plus vraiment lire ni écrire», confirme Josée, ajoutant que ses trois filles l’aident souvent pour des tâches aussi banales que rédiger la liste d’épicerie. Avec le temps, elle a également découvert quelques trucs bien pratiques, comme les listes d’épicerie à cocher. «Ricardo ne le sait peut-être pas, mais il aide beaucoup les personnes aphasiques», lance son conjoint à la blague.

Soutien

On le devine, être bien entouré est aussi essentiel, tant pour les personnes aphasiques que pour leurs proches aidants. «Le pire, c’est de se retrouver tout seul», croit Josée Boudreault. Des organismes tentent d’ailleurs de pallier l’isolement en proposant des activités (théâtre, chant choral, impro) qui permettent autant de stimuler le langage que de faire de belles rencontres. Info: deuxiemepremiermot.org.

L’aphasie en chiffres

• Au Québec, 6000 cas d’aphasie sont recensés chaque année. En tout, quelque 20 000 Québécois de tous les âges ont reçu un diagnostic d’aphasie.

• Seulement 10 % des patients aphasiques sont aptes à retourner au travail après leur rééducation. Source: Aphasie Québec.

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