Sida et ITSS, suis-je à l’abri?

Sida et ITSS, suis-je à l’abri?

Par Isabelle Bergeron

Crédit photo: iStock Photo

Au cours des dernières années, les cas d’infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS) ont augmenté. Au Québec, entre 2010 et 2014, les cas de chlamydia, par exemple, ont grimpé de 34 % et ceux de gonorrhée, de 59 %! Or,  les 50 ans et plus ne sont pas épargnés. «Entre 2005 et 2015, on a noté une augmentation des ITSS de 36 % chez les Québécois de 50 ans et plus», note Stéphanie Michaud, coordonnatrice de la clinique ITSS Sécure de la Cité médicale de Québec. Et si les nouveaux cas d’infection au VIH, eux, sont relativement stables, le pourcentage des 50 ans et plus touchés est plus grand, passant de 16 % en 2002 à 25 % en 2014. Plus grande accessibilité des tests de dépistage, tests plus performants, personnes sexuellement actives plus longtemps, campagnes de prévention pratiquement absentes pour les plus de 50 ans, méconnaissance… Les raisons sont multiples.

Quand consulter?

«Certains symptômes, comme des pertes vaginales ou des écoulements du pénis anormaux, des lésions, des éruptions ou des douleurs génitales, sont de bons indicateurs, explique Stéphanie Michaud. Dans ces cas-là, on n’hésite pas à consulter.» Il existe toutefois une pléiade d’autres symptômes (fièvre, fatigue, perte d’appétit, etc.) qui peuvent aussi résulter d’une ITSS ou du VIH, mais qui n’inciteront peut-être pas à voir un médecin. Sans compter le fait que plusieurs ITSS ne provoquent aucun symptôme! Que faire, alors? «Idéalement, dès qu’on a un nouveau partenaire, il faudrait passer un test de dépistage, tout simplement», conseille Stéphanie Michaud. 

Et après?

Si elles sont détectées assez tôt, la plupart des ITSS se guérissent bien. Dans le cas contraire, elles se contrôlent aussi plutôt bien, grâce à des traitements adéquats. «Pour l’herpès, par exemple, les traitements sont beaucoup plus efficaces qu’avant, note le Dr Harold Dion, de la clinique l’Actuel, à Montréal. Ils entraînent aussi moins d’effets secondaires et réduisent considérablement le risque de contagion.»

Une personne infectée devra-t-elle toujours utiliser un condom? Si elle est dans une relation stable et que son partenaire accepte les risques, aussi minimes soient-ils, pas nécessairement. Idem pour une infection au VIH. «Avant, une personne devait prendre 30 pilules quotidiennement, rappelle le Dr Dion. Aujourd’hui, elle n’en prend plus qu’une, et son partenaire peut aussi recevoir un traitement préventif qui réduira considérablement les risques de contracter la maladie.» Mais malgré toutes les avancées médicales en la matière, vivre avec l’herpès, le VIH, l’hépatite C ou la syphilis reste tout sauf souhaitable. Autant donc l’éviter quand c’est possible! 

Pour se protéger 

Le condom, encore et toujours.

Il demeure l’allié numéro un contre toute infection indésirable. «À condition, bien sûr, qu’il soit bien utilisé, ajoute Mme Michaud. C’est-à-dire du début à la fin de la relation sexuelle.» Et chaque nouvel acte sexuel nécessite un nouveau préservatif, tout comme les actes buccogénitaux, car on a parfois de petites lésions dans la bouche sans s’en rendre compte.  

La qualité plutôt que la quantité.

Plus on a de partenaires, plus grands sont les risques de contracter une ITSS ou le VIH. «Si on a trois partenaires ou plus dans une année, on devrait faire un test de dépistage même si on utilise un condom», recommande le Dr Dion. Notre relation devient plus sérieuse et on voudrait arrêter de se servir de condoms? «Dans ce cas, les deux partenaires doivent faire le test de dépistage», avise Stéphanie Michaud. 

Vaccin en vue.

«On pourrait considérer le vaccin contre l’hépatite B, surtout si on a des partenaires multiples ou qu’on voyage», suggère le Dr Dion. Pourquoi ne pas en parler à notre médecin? Il existe aussi un vaccin contre le VPH. Devrait-on le recevoir? On en discute avec lui. 

Communication 101.

«Il n’y a rien de gênant, de honteux ou de déplacé à parler de comportements sexuels adéquats avec notre partenaire», insiste Mme Michaud. On lui pose des questions sur ses expériences sexuelles passées, on lui suggère de passer un test de dépistage, etc. 

Le dépistage, un must.

Arrêt du condom, partenaires multiples, pratiques à risque = dépistage! «Il arrive assez souvent qu’un diagnostic soit posé tardivement chez les personnes plus âgées, à cause, notamment, d’un manque d’information et de prévention, observe le Dr Dion. Et si la personne n’est pas en parfaite santé au départ, une infection risque de dégrader son état de santé plus rapidement.» 

Pour plus d’info: itss.gouv.qc.ca 

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