Hypertension artérielle: causes et traitements

Hypertension artérielle: causes et traitements

Par Linda Priestley

Crédit photo: iStockphoto.com

On ne badine pas avec l’hypertension artérielle, souvent surnommée la tueuse silencieuse, car aucun symptôme ne l’accompagne. Sans être une maladie en soi, elle représente le plus grand facteur de risque vasculaire à l’échelle planétaire. «Au Canada, 60% d’entre nous subiront une crise cardiaque ou un AVC au cours de notre vie, tandis que 40% des décès sont causés par une maladie cardiovasculaire», rapporte le Dr George Honos, cardiologue et porte-parole de la Fondation des maladies du coeur. L’hypertension peut aussi entraîner d’autres complications, tant au niveau du coeur et du cerveau que des reins et des yeux.

Outre le sexe et les antécédents familiaux, l’âge est une des principales causes d’hypertension: «25% de la population canadienne en souffre et ce taux d’incidence augmente avec l’âge, précise le Dr Honos. Ainsi, la moitié des personnes âgées de 65 ans sont hypertendues.» Parmi les autres facteurs, on compte la sédentarité, l’obésité, un régime alimentaire inadéquat, ainsi qu’une consommation élevée d’alcool ou de sel. «Certaines maladies peuvent aussi être associées à l’hypertension, comme le diabète ou certaines pathologies rénales», ajoute Lyne Cloutier, infirmière, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières et vice-présidente de la Société québécoise d’hypertension artérielle.

 

Prévenir et contrôler l’hypertension

Une surveillance étroite s’impose si on a passé le cap de la quarantaine ou si on a dans notre famille un parent, un frère ou une soeur sujet à l’hypertension. «On peut retarder son apparition et réduire les risques associés aux complications à long terme en adoptant des mesures telles que modifier notre menu, limiter notre consommation de sel ou d’alcool, gérer notre poids et faire de l’exercice», assure le Dr Honos. Et même si on a reçu un diagnostic d’hypertension, on peut continuer à jouir d’une bonne santé. «À l’heure actuelle, au Canada, le taux d’identification des hypertendus est le plus élevé au monde», rapporte le Dr Honos. Une nouvelle porteuse d’espoir, souligne Mme Cloutier, puisqu’on reconnaît de plus en plus qu’une intervention rapide permet de diminuer les complications et de ralentir la progression. «Autrefois, la majorité des gens ignoraient que leur pression artérielle était élevée ou qu’ils pouvaient la contrôler. Aujourd’hui, 66% des hypertendus sont proactifs.»

 

Hypertension et alimentation

Une approche naturelle, en modifiant certains de nos comportements, aide à gérer la pression artérielle de manière efficace. «Chez une personne avec de l’embonpoint, par exemple, une perte de poids serait une solution intéressante», explique Lyne Cloutier. Et dans l’ensemble, une alimentation variée et équilibrée est déjà un pas dans la bonne direction, affirme l’infirmière. «En nous basant sur le Guide alimentaire canadien, en ajoutant au menu des fruits, des légumes et des produits céréaliers à grains entiers en abondance, en surveillant la quantité de sel et de gras saturés que nous mangeons, on met toutes les chances de notre côté.»

L’hypertension, l’insulinorésistance et le surpoids étant étroitement liés, Élodie Kulesza, naturopathe et membre de Ritma (Regroupement des intervenants et thérapeutes en médecine alternative), conseille de surveiller notre apport en glucides et d’éliminer, entre autres, les boissons sucrées. Elle recommande aussi d’inclure des aliments riches en potassium (il ferait baisser la pression, selon certaines études), comme les bananes, les melons, les courges ou les pommes de terre. Les tisanes à base d’aubépine, d’olivier ou d’ail tonifieraient également le coeur et auraient des effets hypotenseurs. «L’essentiel est de traiter l’hypertension à la base, pour obtenir des résultats durables, rappelle la naturopathe. On s’assure donc auprès de notre médecin que tous les éléments de notre traitement agissent de concert.»

 

Du sel caché

On peut manger salé sans le savoir. Du chlorure de sodium se dissimule en effet dans certains de nos aliments préférés: fromages à pâte molle (feta et camembert), mets préparés, eaux gazeuses ou plates, soupes et vinaigrettes du marché, condiments… On reste donc prudent en analysant les étiquettes et on prépare autant que possible nos repas à la maison à partir d’ingrédients frais. «Ces précautions réduiraient déjà jusqu’à la moitié de la quantité de sel quotidienne, dit le Dr Honos. À long terme, ça pourrait permettre de prendre une pilule de moins.»

 

Hypertension et activité physique

Selon des études, les exercices cardiovasculaires (marche à un rythme soutenu, natation, bicyclette, patin) demeurent une arme efficace pour combattre l’hypertension, surtout au rythme de quatre à sept séances par semaine. Chacune d’entre elles devrait durer de 30 à 60 minutes. Pour des bénéfices accrus, on ajoute deux séances de musculation hebdomadaires de deux ou trois séries de 12 à 15 répétitions, idéalement avec des poids légers ou des bandes élastiques.

Certains gestes quotidiens, comme stationner la voiture un peu plus loin de notre destination finale ou emprunter les escaliers, sont aussi profitables, rappelle Lyne Cloutier. Par ailleurs, même si le stress ne cause pas l’hypertension, le gérer a des effets bienfaisants sur l’ensemble de notre organisme. Pour l’évacuer, le Dr Honos recommande de pratiquer des activités relaxantes et plaisantes: promener notre chien, faire du yoga ou du vélo, aller au spa, se réserver du temps pour soi, etc.

 

Hypertension et médicaments

Ce nouveau régime de vie devra fort probablement inclure une prise de médicaments. Or, s’astreindre à une telle discipline n’est pas toujours facile. «Une personne sur deux ne fait pas remplir son ordonnance, révèle Mme Cloutier. Elle se croit à l’abri et néglige de prendre ses médicaments, souvent à cause des effets secondaires. Ces mesures pourraient pourtant lui épargner un infarctus à long terme, mais à ses yeux, 10 ou 15 ans, c’est loin.» Dans le but de simplifier la gestion de l’hypertension, en plus de favoriser une approche multidisciplinaire passant d’abord par l’alimentation et l’exercice, les spécialistes de la santé essaient de réduire le nombre de médicaments à prendre. «Par exemple, le médecin prescrira un seul comprimé contenant deux médicaments hypertenseurs», explique le Dr Honos.

En règle générale, on gagne sur la longueur en demeurant vigilant. Les recherches tendent en effet à montrer que, chez les personnes de 80 ans et plus, une meilleure maîtrise de la pression artérielle fait toute la différence entre la poursuite d’une existence autonome et active et un séjour à l’hôpital, rapporte Mme Cloutier. De quoi nous encourager à agir!

 

Pourquoi mesurer sa pression artérielle plutôt à la maison?

Les mesures obtenues dans une clinique ne donnent pas toujours l’heure juste, notamment à cause du fameux syndrome du sarrau blanc. La peur du médecin induit en effet chez certains une montée de stress, ce qui fait temporairement grimper la pression artérielle, sans compter que le taux de pression fluctue au cours de la journée. Pour ces raisons, des mesures à domicile ou par le monitorage ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) sont désormais exigées afin d’établir un diagnostic d’hypertension.

Dans les deux cas, on obtient une moyenne des résultats quotidiens, ce qui permet de dresser un portrait plus précis et réel de la situation.

 

Quelles valeurs viser? 

Les valeurs systolique et diastolique doivent être inférieures à 135/85 à domicile et à 140/90 chez le médecin, précise le Dr Georges Honos. «Les valeurs sont toujours plus élevées le matin, en raison des hormones du réveil. Si les chiffres sont normaux à ce moment-là, ils le demeureront généralement toute la journée.» À retenir: on doit tenir compte des deux chiffres. «Ils sont d’importance égale», précise Lyne Cloutier.

 

Quel tensiomètre acheter? 

De nombreux modèles sont proposés en pharmacie. Pour faire le bon choix, on opte pour un appareil certifié par Hypertension Canada.

 

Comment mesurer sa pression? 

Les conditions doivent être favorables pour ne pas fausser les données: notre posture est bonne, on est détendu, on ne souffre d’aucune douleur particulière, on a bien dormi la veille, etc. «Mal utilisé, un appareil peut causer des soucis au lieu de soulager», souligne le Dr Honos.

Pour obtenir plus d’info et d’outils, on se rend sur les sites de la Fondation des maladies du coeur (fmcoeur.qc.ca, sous la rubrique «Mode de vie sain»), de la Société québécoise d’hypertension artérielle (hypertension.qc.ca) et d’Hypertension Canada (Programme éducatif canadien sur l’hypertension, http://www.hypertension.ca/fr/).

 

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