Douleurs aux mains, causes et traitements

Douleurs aux mains, causes et traitements

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStockphoto.com

La rhizarthrose, aussi appelée arthrose du pouce, est l’usure de l’articulation de la base du pouce. Elle touche principalement les femmes âgées de 45 ans et plus, soit une femme sur dix. Des facteurs hormonaux l’expliqueraient. Ce qui n’empêche pas les hommes d’en souffrir, mais plus tardivement. 

Causes. 

La rhizarthrose est le plus souvent héréditaire. Mais elle peut également survenir après un traumatisme ou une fracture. 

Symptômes. 

De la douleur parfois importante. Au fur et à mesure de son évolution, on peut aussi noter une rigidité, une perte de force et une déformation du pouce appelée «pouce en Z». Les gestes requérant l’usage de la main, comme dévisser le bouchon d’un contenant, saisir des objets ou écrire, deviennent alors difficiles. 

Traitements. 

Pour soulager la douleur, on fait appel aux analgésiques (acétaminophène, ibuprofène), aux anti-inflammatoires oraux ou topiques, au port d’une orthèse pour mettre les articulations au repos et, parfois, aux infiltrations de cortisone dont les effets durent entre trois et six mois. Rien n’y fait? On peut alors envisager la chirurgie. 

Pour les rhizarthroses légères, l’arthroscopie est conseillée. L’intervention consiste à pratiquer deux petites incisions et à introduire une caméra et des instruments miniaturisés afin de limer les zones de frottement et de nettoyer les débris accumulés. 

Pour les stades plus avancés, la trapézectomie est la chirurgie classique. Elle sert à supprimer un os de la base du pouce, nommé trapèze, pour éliminer le frottement douloureux entre les os. Résultat: une récupération d’environ 70% de la force initiale du pouce, six à douze mois après la chirurgie. 

Depuis 2010, il existe toutefois une autre solution, principalement pour les stades modérés: la chirurgie de remplacement articulaire par prothèse. Bien que récente au Québec, cette technique est offerte depuis de nombreuses années, en Europe, notamment. Elle vise à remplacer l’articulation malade par une prothèse, comme on le fait pour la hanche ou le genou. Résultat: une récupération plus rapide – environ deux à trois mois – que la chirurgie traditionnelle. De plus, comme elle préserve le trapèze, l’intervention conserve au pouce sa pleine longueur, ce qui lui redonne presque 100% de sa force initiale et de sa mobilité. Seul hic: la chirurgie est peu accessible dans le réseau public en raison des coûts de la technologie et des restrictions des blocs opératoires. Quelques chirurgiens la pratiquent cependant en clinique privée. Le prix? Environ 7 000$. Et parce que les prothèses s’usent, elles doivent être remplacées tous les 10 à 15 ans. 

L’arthrose de la main

L’arthrose découle de l’usure du cartilage qui recouvre les articulations et protège les os. L’arthrose de la main peut affecter non seulement le pouce, mais aussi les doigts. Elle apparaît généralement après 45 ans et touche plus de femmes que d’hommes. 

Causes. 

L’hérédité joue un rôle important dans l’apparition de l’arthrose, et plus encore dans celle de la main. Les chercheurs ignorent le rôle exact de la génétique dans ce processus, mais ils croient que ce phénomène pourrait être lié à la forme et à l’emboîtement des os ou à la capacité de formation et de réparation du cartilage. L’arthrose peut aussi provenir d’une blessure antérieure de l’articulation ayant endommagé le cartilage ou modifié le mouvement de l’articulation. 

Symptômes.

De la douleur et de la raideur matinale. Avec le temps, des changements osseux peuvent apparaître et engendrer de petites excroissances osseuses. 

Traitements. 

Des analgésiques, des anti-inflammatoires, des orthèses et des infiltrations de cortisone occasionnelles font partie des traitements de première ligne pour soulager la douleur. Certains gestes peuvent aussi aider: tremper les mains dans l’eau chaude pour soulager la raideur matinale, appliquer une compresse froide sur une articulation enflammée pour atténuer l’inflammation et l’enflure, utiliser des outils adaptés pour faciliter le travail ou les loisirs, changer fréquemment de position ou faire des pauses lors de tâches longues et exigeantes. La physiothérapie, l’ergothérapie et l’exercice sont également utiles pour contrer la douleur et maintenir la souplesse des muscles et des tendons entourant les articulations atteintes. 

Mais lorsque les traitements non médicaux et médicaux ne fonctionnent pas, la chirurgie vient à la rescousse. La plus commune: l’arthrodèse. Elle sert à fusionner les os de l’articulation pour restreindre son mouvement et, ainsi, réduire la douleur. Le prix à payer est toutefois une perte de mobilité. Le remplacement articulaire, soit la pose d’une prothèse, peut aussi être pratiqué. En matière de récupération de la mobilité des doigts, les résultats sont toutefois moins spectaculaires qu’après l’opération à la base du pouce. 

Le syndrome du canal carpien

Ce syndrome, extrêmement fréquent, résulte de la compression du nerf médian au niveau du poignet. Il faut savoir que dans le canal carpien se trouvent neuf tendons fléchisseurs qui permettent de plier les doigts et le pouce, ainsi qu’un nerf médian qui leur donne motricité et sensibilité et envoie au cerveau des informations essentielles, comme les sensations tactiles. Ce nerf contrôle le pouce, l’index, le majeur et une partie de l’annulaire. Or, lorsque les tendons enflent ou s’enflamment, ils font pression sur le nerf médian qui se trouve coincé, ce qui provoque les symptômes. Environ trois femmes sur dix en souffrent après la cinquantaine. Elles sont d’ailleurs trois fois plus nombreuses que les hommes à développer ce syndrome. 

Causes. 

La périménopause et la ménopause jouent un rôle important, car elles contribuent à la rétention d’eau. Résultat: les tendons gonflent et compriment le nerf médian. Le risque est également élevé chez les travailleurs exécutant des mouvements répétitifs de la main et du poignet durant de longues périodes, tels les coiffeurs, les esthéticiennes et les gens travaillant sur des chaînes de montage ou manipulant des outils électriques qui vibrent. Le diabète, l’hypothyroïdie et l’arthrite sont d’autres facteurs connus. Une blessure ou une fracture au poignet peut aussi entraîner son apparition. 

Symptômes. 

Des engourdissements, des picotements et de la douleur à la main et aux doigts s’intensifiant souvent la nuit et lors d’activités manuelles prolongées. À la longue, on peut noter une perte de sensibilité et de force musculaire. Ceux qui sont touchés deviennent alors maladroits: ils échappent les objets ou ont de la difficulté à les saisir. Ils ont aussi du mal à réaliser des tâches simples, comme tourner une clé dans une serrure ou boutonner leurs vêtements. 

Traitements. 

L’arrêt temporaire des mouvements responsables du traumatisme et le repos de la main suffisent parfois à faire disparaître les manifestations. Des analgésiques ou des antiinflammatoires, des infiltrations de cortisone, des applications de glace en phase aiguë et le port d’une orthèse – principalement la nuit pour éviter de plier le poignet et d’exercer une pression sur le nerf médian en dormant – soulagent les symptômes, tout comme la physiothérapie et l’ergothérapie. 

Par la suite, pour prévenir une récidive, on adopte de bonnes habitudes: reposer régulièrement les poignets et les mains; pratiquer des étirements avant d’entreprendre une tâche répétitive; modifier la position de travail; travailler en alternant d’une main à l’autre; éviter d’avoir le poignet plié vers le haut en manipulant la souris de l’ordi; tenir les objets à pleine main plutôt que du bout des doigts; ne pas utiliser des outils qui vibrent pendant de longues périodes; diversifier les tâches. 

Mais lorsque le problème persiste, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Elle consiste à agrandir le canal carpien en entaillant le ligament transverse du carpe qui fait pression sur le nerf médian. La chirurgie se pratique de deux façons: par incision dans la paume de la main ou par endoscopie. 

La première technique est la plus fréquente. Le hic: pour se rendre au ligament, le chirurgien doit couper non seulement de la peau, mais aussi du tissu graisseux, des muscles et des ligaments dans la main. 

La seconde technique est beaucoup moins invasive. Le chirurgien pratique une petite incision au niveau de l’avant-bras pour introduire une caméra et des instruments miniaturisés permettant de ne sectionner que le ligament en cause. La récupération est deux fois plus rapide qu’avec la technique traditionnelle et moins douloureuse. Autre avantage: contrairement à la chirurgie par incision dans la main, il est possible d’opérer simultanément les deux poignets. Malheureusement, en raison notamment des coûts de la technologie, l’intervention n’est pas privilégiée d’emblée dans le réseau public. Quelques chirurgiens la pratiquent en clinique privée. Le prix: environ 3 000$ par main. 

Le doigt gachette

Il se caractérise par un blocage de l’extension d’un ou de plusieurs doigts. Ce blocage se produit quand un tendon fléchisseur augmente de volume et reste coincé dans la gaine dans laquelle il se glisse normalement pour permettre les mouvements de flexion et d’extension du doigt. Conséquence: le doigt reste bloqué en flexion. Cette pathologie survient généralement après la quarantaine, et affecte davantage les femmes. 

Causes. 

Des facteurs hormonaux, des mouvements répétitifs de la main et certaines maladies, telles que le diabète, l’hypothyroïdie et l’arthrite rhumatoïde, sont les principaux responsables. 

Symptômes. 

Un blocage et de la douleur lors des mouvements de flexion et d’extension du doigt. Les gens atteints doivent souvent forcer pour débloquer le doigt ou encore s’aider de l’autre main pour le remettre en extension. Lorsque la pathologie évolue, le blocage peut devenir permanent. 

Traitements. 

Des analgésiques, des anti-inflammatoires, des infiltrations de cortisone, le port d’une orthèse et, si possible, l’arrêt des mouvements répétitifs apaisent la douleur. En cas de récidives, une intervention chirurgicale, nommée décompression chirurgicale du tendon, peut être requise. Elle permet de libérer le tendon en sectionnant la gaine dans laquelle il glisse. 

Merci au Dr Jean-Paul Brutus, chirurgien plasticien et spécialiste de la main et du poignet à l’Institut de chirurgie spécialisée de Montréal, et à la Société de l’arthrite pour leur collaboration. 


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