Plus on vieillit, plus le temps passe vite?

Plus on vieillit, plus le temps passe vite?

Par Suzanne Décarie

Crédit photo: iStockphoto.com

Sans preuve à l’appui pour affirmer que plus on vieillit, plus le temps passe vite, Simon Grondin, professeur et directeur du laboratoire de recherche en psychologie de la perception (du temps en particulier) à l’Université Laval, partage cette impression. «J’en ai entendu parler souvent, j’ai lu sur le sujet, on en a discuté dans des congrès, dit-il. Les gens l’expliquent, d’une part, par le ralentissement biologique et, d’autre part, en fonction de la proportion de ce que représente une semaine, un mois ou une année sur l’ensemble de notre vie.»

Un an, c’est le 10e de la vie d’un enfant de 10 ans, mais le 100e de celle d’une personne de 100 ans! «Et une année passe 10 fois plus vite pour elle que pour l’enfant», note Luc Rousseau, professeur et coordonnateur du programme francophone de psychologie à l’Université Laurentienne et spécialiste de la perception du temps. Il précise cependant que la proportion décrit le phénomène plus qu’elle ne l’explique…

Avez-vous parcouru adulte le quartier de votre enfance, le parc où vous jouiez? Vous êtes-vous retrouvé dans votre école primaire? «Ce qui semblait immense est maintenant bien petit, constate Luc Rousseau. Le point de vue de l’enfant qui voit les choses comme autant d’univers à explorer est différent de celui de l’adulte. Dans nos souvenirs, notre chambre était vaste, notre maison énorme, et le temps infini!»

Enrichir le temps

Aller retour

Comment se fait-il qu’un trajet semble presque toujours plus long à l’aller qu’au retour? Parfois, une série de choses à faire nous trottent dans la tête et éternisent notre trajet. Ou l’on est inquiet concernant notre destination – on ne connaît pas le chemin, on ne sait pas où l’on va. On regarde chaque arbre, chaque pancarte, on consulte les cartes routières, on parle avec son passager. Au retour, même si l’on roule devant les mêmes maisons, les mêmes arbres, les mêmes pancartes, les mêmes haltes routières, on n’a pas à recommencer tout le processus, on est dans la re-connaissance.

«On peut faire l’analogie avec le trajet temporel de notre vie, avance Simon Grondin. Ainsi, les Noëls ou les Pâques se suivent et se ressemblent, tout comme les arbres sur notre route. Au début de notre vie, on y porte une grande attention. Puis moins, et le temps file. Cela revient à la notion de routine. Ce n’est pas la complexité de nos activités qui marquent, mais à quel point cette complexité est nouvelle et régulière.»

Enrichir le temps

Profiter de la retraite pour entreprendre de nouvelles activités (un programme d’entraînement physique, du bénévolat, l’initiation à l’ordinateur, l’apprentissage d’une langue…) devrait, «en théorie, ralentir notre vie, poursuit le chercheur. Sur le coup, la journée passera très vite. Mais quand on songera au mois qui vient de s’écouler et à tout ce que l’on a fait, il nous semblera plus long. On aura l’impression que notre temps est plus riche.»

Le fait de ressentir que le temps s’accélère a de bons côtés. Sachant que l’on n’a pas de temps à perdre, on se tourne vers l’essentiel!

Mise à jour: décembre 2007

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