L’air du temps est au tourment face aux nouvelles préoccupantes qui nous parviennent chaque jour par l’entremise de la télé, la radio, les journaux… Voici des conseils et des solutions pour garder le moral.
Geneviève Belleville, spécialiste des troubles anxieux et professeure titulaire à l’École de psychologie de l’Université Laval, le précise d’entrée de jeu : il est normal d’éprouver certaines craintes en prenant connaissance de l’actualité.
«Quand on entend parler de pertes d’emploi, d’inflation ou de droits humains bafoués, c’est tout à fait naturel de ressentir certaines émotions négatives. C’est même bénéfique!»
Période d’incertitude
Les sources de stress sont nombreuses pour les personnes qui suivent l’actualité de près. «Il y a énormément de menaces qui planent en ce moment, alors les gens sont plus susceptibles de ressentir des symptômes liés à l’anxiété comme l’hypervigilance : être constamment à l’affût, vouloir ne rien manquer, regarder les analyses que font les experts après les bulletins de nouvelles… D’autres ressentent des symptômes dépressifs ou encore une grande frustration qui peut se manifester en comportements impulsifs, voire agressifs», explique Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue clinicienne et autrice du livre Trucs de psy : guide pratique pour s’aider soi-même.
Un sentiment d’impuissance peut aussi s’installer face aux actions des dirigeants et aux conséquences qui en découlent. «L’incertitude actuelle peut générer un sentiment d’anxiété, mais aussi une impression de perte de contrôle », ajoute Geneviève Belleville. Face à l’instabilité, le cerveau humain réagit souvent en déclenchant un processus de résolution de problème qui n’aboutit jamais. « Ça fait en sorte qu’on n’arrête pas de générer des solutions à des scénarios qui sont de plus en plus catastrophiques. C’est tout à fait humain de vouloir prévoir ce qui va arriver et de s’assurer que notre survie, notre confort, sont assurés pour le futur.»
Cessez de vous inquiéter!
Heureusement, nos deux spécialistes s’entendent pour dire qu’il est possible de se sortir la tête de l’eau, moyennant quelques ajustements.
Éviter la surexposition
«On gagne à limiter notre temps d’exposition aux nouvelles, affirme Geneviève Belleville. On n’a pas besoin d’être informé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. À l’époque, on se contentait de lire le journal le matin ou encore de regarder le bulletin de nouvelles en soirée. C’est plus difficile aujourd’hui parce que les informations nous parviennent en continu.» On peut aussi s’accorder une pause des actualités pendant quelques jours.
Bien choisir ses sources
On trouve tout et son contraire en matière d’informations, d’où l’importance de s’abreuver à des sources journalistiques crédibles. «Mieux vaut éviter les médias plus sensationnalistes, rappelle Geneviève Beaulieu-Pelletier. On doit miser sur le médium qui nous rend confortable et non sur ceux qui activent notre anxiété.» On surveille aussi l’actualité qui nous parvient par l’entremise des réseaux sociaux, quitte à se désabonner de certaines pages au besoin.
Accepter l’inconnu
Pour mieux composer avec la turbulence, on doit exercer un certain lâcher-prise. « Notre vie est faite d’incertitudes, alors aussi bien apprendre à accepter ce qu’on ne contrôle pas », souligne Geneviève Beaulieu-Pelletier. Si le futur nous semble inquiétant, affronter notre quotidien avec la tête haute est un premier pas dans la bonne direction. «La vie continue et il faut en profiter ! On ne doit pas mettre sa vie en veilleuse. Il faut avoir du plaisir.»
Passer à l’action
Pour contrer le sentiment d’impuissance qui nous envahit, rien de tel que le militantisme ou l’implication sociale. « Il faut trouver des actions qui nous permettent de concrétiser nos valeurs, indique Geneviève Belleville. Si on souhaite défendre l’environnement, on gagne à faire un geste de plus pour recycler, par exemple. Si on est contre la guerre commerciale, on peut privilégier les achats locaux. Le bénévolat est aussi une bonne option. Ce sont tous des gestes qui vont amener un contrepoids au sentiment d’impuissance. »
Savoir s’entourer
L’anxiété nous empêche de bien dormir? Rien de tel qu’un moment avec des êtres chers pour nous ramener à l’essentiel. «Il faut continuer d’alimenter les contacts sociaux avec nos amis et les membres de notre famille. Verbaliser et nommer ses inquiétudes, ça fait du bien et ça permet de les apaiser. En revanche, mieux vaut éviter les déversements de frustration, qui ne feront qu’alimenter nos sentiments négatifs», précise Geneviève Beaulieu-Pelletier.
Prendre soin de soi
En ces temps incertains, pas question de négliger notre santé physique et mentale. «Il faut se garder du temps pour pratiquer des activités qui nous plaisent, aller en nature, rire… » suggère Geneviève Belleville. Pour conserver un esprit sain dans un corps sain, il faut aussi porter attention à notre alimentation, sortir à l’extérieur et ne pas négliger l’activité physique. Les petits bonheurs qui adoucissent le quotidien sont un parfait antidote à la morosité ambiante.