Insupportable, l’hypersensible? Que nenni! répond le philosophe français Fabrice Midal, qui a analysé sa propre hypersensibilité.
En réalité, ce trait de caractère est un «don», affirme-t-il dans son dernier essai, Suis-je hypersensible? L’auteur et conférencier a accepté de partager ses observations sur le sujet.
Qu’est-ce que l’hypersensibilité?
Selon Fabrice Midal, «il existe une diversité d’indices qui indique que l’on est hypersensible: une réceptivité très intense à n’importe quel champ des cinq sens, une grande capacité à ressentir tout ce qui se passe autour de soi — l’angoisse ou le stress d’un proche, par exemple.» Un hypersensible se sentira en outre différent, renchérit-il. «Cette personne ne comprend pas très bien les règles du jeu social, car elle a besoin de relations profondes et sincères.» Sans compter le jeu des émotions, qui sont vécues de manière intense. «Ce sont les montagnes russes!»
Quelles sont les forces et les faiblesses des personnes hypersensibles?
Trop d’émotions, trop de sensations, trop d’intensité… Fabrice Midal l’explique d’emblée: on doit apprendre à «transformer cette avalanche de trop en chance la faiblesse de l’hypersensible est d’être facilement bousculé, ému, touché par la vie. Mais c’est aussi une force!»
Comment faire la paix avec notre propre hypersensibilité et apprivoiser cette condition?
«Le plus important, c’est de la comprendre, avance le philosophe. Si on ne reconnaît pas qu’on est hypersensible, on se sent anormal, voire coupable, et on multiplie les erreurs. La pire chose qu’on puisse dire à un hypersensible, c’est: “Sois zen. Calme-toi.” L’hypersensible a un don très précieux: il sait repérer ce que l’on appelle les “signaux faibles”. Il est aussi un précurseur. Il sait sortir des sentiers battus et a une capacité extraordinaire à ressentir ce que les gens vivent. Génial, n’est-ce pas?»
On n’est peut-être pas hypersensible soi-même, mais on reconnaît peut-être quelqu’un de notre entourage dans cette description. Comment alors vivre en harmonie avec une personne hypersensible?
«En lui demandant simplement de nous expliquer ce qu’elle vit, conseille Fabrice Midal. Nous avons l’impression qu’elle exagère, qu’elle fait des caprices, mais non: elle vit tout de façon beaucoup plus intense.»
La pandémie peut-elle être la cause d’une hypersensibilité nouvelle ou exacerbée?
«Nullement, expose l’auteur. On naît hypersensible.» D’ailleurs, selon lui, 25 % de la population le serait. «Ce n’est ni une maladie ni une réaction à un stress, mais une caractéristique qu’il faut découvrir. Il est vrai, cependant, que la pandémie, qui exacerbe la solitude et l’impossibilité de faire des rencontres rend les choses difficiles en particulier pour les hypersensibles.»
Le pouvoir apaisant de la nature à la rescousse
Il suffit parfois d’une simple promenade au parc d’à côté pour se reconnecter et calmer les esprits hypersensibles, fait valoir Fabrice Midal. «Le pouvoir thérapeutique de la nature, ne serait-ce que d’une plante verte ou d’un bouquet de fleurs, est corroboré par une série d’études scientifiques», écrit-il dans son dernier essai.
Merci de votre message !
Merci pour cet article!
J’ai tant souffert des commentaires désobligeants de certains « ami.e.s » à cause de ça.
Mais moi je savais que c’était une richesse que j’avais.
Je me croyais sensible à la douleur. Je confirme avec cet article que je suis aussi hypersensible aux émotions etc.
Merci. Bel article. Ça nous permet d’être tolérant et bon avec soi. Je réalise qu’il faut s’aimer et se pardonner. On est humain après tout.
Être hypersensible c’est vivre seule tout en étant entourée! Très peu de gens peuvent arriver à saisir ce que nous ressentons, ce que nous exprimons. Heureusement nous, nous savons et parfois ça nous suffit, car pourquoi se perdre en explication.
Très belle description ! Mais je note qu’en avançant dans la vie cet état s’amplifie….. ce qui, malheureusement, n’est pas toujours simple.
Je pense l’être….