Une frayeur soudaine peut se manifester sans crier gare et être ressentie n’importe où, à tout moment. Et nul n’est à l’abri. Comprendre l’attaque de panique peut toutefois aider à y faire face.
Selon le Dr François Borgeat, psychiatre spécialiste des troubles anxieux et professeur à l’Université de Montréal, les troubles anxieux toucheraient 12,1% de la population, et le trouble panique, environ 1,7%. Cependant, d’après la Fondation des maladies mentales, jusqu’à 40% des personnes auraient déjà vécu des crises de panique à un moment de leur vie, sans forcément développer un trouble panique. Fait intéressant : les femmes sont deux fois plus susceptibles d’en être affectées que les hommes.»
Crise d’anxiété ou de panique?
La crise de panique se définit comme une crise d’anxiété aiguë. «En psychiatrie, on parle de crise de panique plutôt que de crise d’anxiété», précise le Dr Borgeat. Concrètement, l’anxiété est une réponse normale à la perception d’une menace. Un signal d’alarme.
«L’anxiété est nécessaire à notre survie parce qu’elle nous aide à éviter un danger, explique Camillo Zacchia, psychologue spécialisé dans le traitement des troubles anxieux. Elle nous empêche de conduire trop vite sur une route glacée ou de nous avancer trop loin sur une falaise. Elle nous met en état d’alerte devant un danger réel – quand on se retrouve face à un ours, par exemple. Elle est une réaction naturelle à un stress, comme une séparation ou une insécurité financière. Cela dit, l’anxiété devient pathologique lorsqu’elle est chronique et injustifiée.»
La crise de panique, elle, est un épisode de peur intense. Elle survient soudainement, sans avertissement et sans danger apparent. La peur ressentie est brutale, intense, et elle s’accompagne de symptômes physiques et de pensées affolantes. Une personne peut subir une seule crise de panique dans sa vie, alors que d’autres en vivent à répétition. Lorsque les crises sont récurrentes, les gens peuvent développer un trouble panique, avec ou sans agoraphobie (peur des lieux publics).
D’où ça vient?
Il est souvent difficile de déterminer avec précision la cause d’une crise de panique. Elle se produit générale- ment sans raison précise, parfois même en pleine nuit. Parmi les facteurs potentiels: le stress, les phobies, les traumatismes, l’environnement et le tempérament. Selon le Dr François Borgeat, la sensibilité à l’anxiété et la capacité d’adaptation aux situations varient beaucoup d’une personne à l’autre. Il existe aussi une composante génétique: une personne dont un parent proche souffre d’anxiété court un risque plus élevé d’en ressentir.
Enfin, les expériences vécues peuvent renforcer les peurs. À titre d’exemple, si on s’évanouit en public, on sera plus craintif par la suite. «Souvent, la crise survient quand les gens appréhendent de revivre une situation angoissante», note Camillo Zacchia.
Symptômes et durée
Palpitations, douleur thoracique, difficulté respiratoire, transpiration, tremblements, étourdissement, engourdissement, impression d’instabilité ou d’évanouissement, dépersonnalisation, peur de faire une crise cardiaque, de devenir fou, de perdre le contrôle ou de mourir… Ce ne sont là que quelques-uns des symptômes pouvant accompagner une crise de panique. Mais qu’on se rassure: même s’ils sont intenses et terrifiants, ils ne durent pas et sont sans danger. Normalement, la crise de panique atteint son intensité maximale en moins de 10 minutes.
Que faire si une crise de panique se déclenche?
«Rien! affirme Camillo Zacchia. Fuir n’est pas la solution. L’évitement ne prévient pas les crises de panique. Au contraire, il amplifie le problème. Ce sera très difficile de se retrouver ensuite dans le même lieu ou la même situation si on n’a pas appris à y faire face. Même si c’est inconfortable, mieux vaut rester sur place et affronter sa peur sans lutter, le temps que la crise finisse. Le corps se calmera de lui-même.» En général, si on n’interprète pas les symptômes comme étant dangereux pour nous, la crise restera un événement isolé. Dans le cas contraire, il risque d’y avoir d’autres épisodes.
De l’aide, au besoin
Les symptômes sont parfois si affolants que certaines personnes pensent être en train de faire une crise cardiaque et filent illico à l’urgence! Or, le temps de s’y rendre, la crise de panique sera probablement terminée. Mieux vaut apprendre à gérer les symptômes. Selon Camillo Zacchia, après une crise, certaines personnes appréhendent d’en subir une autre. Elles ont peur d’avoir peur. Elles anticipent la prochaine crise et se créent des scénarios catastrophes.
«Si l’anxiété subsiste après l’épisode de panique, qu’elle est intense et récurrente, qu’elle cause une grande détresse, qu’elle survient sans raison et empêche la personne de fonctionner normalement au quotidien, il faut en parler à un professionnel de la santé», conseille le Dr François Borgeat. L’anxiété se traite notamment à l’aide d’une psychothérapie cognitivo-comportementale, de médicaments ou d’une combinaison des deux.
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