Et si on profitait des beaux jours d’automne pour pousser spirituellement, comme une fleur au soleil? Des experts éclairent notre chemin vers l’épanouissement personnel.
Au tournant de la vie, quand survient la retraite ou un autre changement majeur, on a tout le loisir de réfléchir. Les interrogations existentielles peuvent alors surgir: «À quoi je sers?», «Quel sens je veux donner à ma vie?» Plus troublante encore: la question de notre finitude. «Une fois le cap de la quarantaine passé, on sait qu’on s’en va vers là», confirme Suzanne Rousseau, théologienne et auteure du livre En-quête de sens – Guide de la dynamique spirituelle contemporaine. C’est alors à nous qu’il revient de choisir entre un vieillissement serein ou amer. «Voilà bien le défi!» Sommes-nous prêts pour un voyage vers la paix intérieure?
Monsieur et Madame Questionnement
Chacun d’entre nous est-il en mesure de réaliser une telle quête? Absolument, répond Suzanne Rousseau: «Qu’on soit croyant, pratiquant ou athée, on a tous des interrogations: “À quoi ça sert de vivre? D’où je viens? Pourquoi suis-je là? Y a-t-il une vie après la mort?” Chez certaines personnes, les questions se posent avec une dimension religieuse, par exemple: “Dieu existe-t-il? Irai-je au ciel ou en enfer?” Mais à la base, la quête de sens est spirituelle.»
Cette quête se déroulerait en six étapes que l’auteure décrit dans son ouvrage, chacune comportant des questions, des rélexions et des exemples concrets sur notre façon d’interpréter la vie et les événements. «En général, les 55 ans et plus se situent entre les étapes 2 et 3, c’est-à-dire qu’ils doutent de l’existence de Dieu ou d’une autre force supérieure, mais qu’ils y font appel en cas de problème. Ainsi, une personne pourrait dire: “Je ne prie pas, je ne vais pas à la messe, mais s’il m’arrive malheur, j’aimerais que quelqu’un ou quelque chose me guérisse de mon cancer ou veille sur la santé de mes enfants.”»
Voyage au fin fond de moi-même
Heureusement, rien ne nous oblige à attendre que le ciel nous tombe sur la tête avant d’agir. À tout moment, une remise en question s’avère utile et favorise notre épanouissement spirituel. Mais par où commencer? Le retour à la source, c’est-à-dire vers soi-même, s’opère en premier lieu quand on prend le temps de s’observer en profondeur. Pour y parvenir, «on s’incarne et on sent bien notre corps, afin de trouver ces moments où on se sent pleinement vivant sur les plans physique, émotionnel, spirituel et énergétique», conseille Nicole Bordeleau, maître en yoga et en méditation. Il peut s’agir d’une activité en groupe, d’une marche contemplative ou d’une séance de méditation: «Ces instants où on apprend à se connaître et à se comprendre donnent un sens à notre vie, nous permettent d’atteindre notre plein potentiel et de continuer à évoluer.»
Mes quatre vérités
Pendant cette introspection, on en profite pour se soumettre à un interrogatoire serré. «On se pose les vraies questions, on regarde nos souffrances et nos limites en face», explique Suzanne Rousseau. Pour se connaître à fond, il est aussi essentiel de sortir des multiples rôles (élève, conjoint, parent, grand-parent, travailleur) qu’on occupe depuis toujours. «Il s’agit ensuite de voir qui on est derrière toutes ces étiquettes, ajoute Nicole Bordeleau. Le “Qui suis-je?” est le travail de toute une vie. Mais être éveillé à cela, c’est déjà beaucoup.»
Pour favoriser l’épanouissement
Nicole Bordeleau nous fait part de quelques réflexions essentielles en lien avec…
• LE MOMENT PRÉSENT On s’interroge sur l’utilisation de notre temps et de notre énergie, plus rare avec l’âge. On se demande quelles activités augmentent notre vitalité et sont nourrissantes pour nous. Mais aussi, à l’inverse, quelles sont celles qui nous vident et nous minent. On s’attarde à nos relations: sont-elles bénéfiques ou épuisantes? Une question à méditer au quotidien: qu’est-ce qui nous fait nous sentir aimé et vivant?
• LE PASSÉ On s’arrête aux vieux ressentiments, aux rancunes non réglées, aux déceptions qu’on continue de ruminer, toutes des choses qui appartiennent à un temps révolu. «Même si on ne peut pas changer le passé, on peut trouver une façon de s’en défaire et de vivre plus léger sur les plans physique, émotionnel, énergétique et spirituel en se demandant: “Qu’est-ce que je pourrais laisser aller?” Souvent, ça passe par se pardonner nos maladresses et des blessures occasionnées à d’autres, de manière consciente ou inconsciente.»
• L’AVENIR On se demande quelle est notre plus grande peur face aux lendemains. Porte-t-elle sur la maladie, la solitude, nos finances personnelles, le bien-être de nos enfants ou nos relations intimes? Craint-on de rester seul avec soi-même? «L’exercice crée en nous un inconfort profond, mais lever ainsi le voile sur une angoisse logée dans notre inconscient, qui nous mine chaque jour, procure un immense sentiment de libération.»
Je suis, donc je compte
Se voir comme étant une personne valable, malgré notre vulnérabilité, est aussi une démarche essentielle dans la quête de soi, affirme Suzanne Rousseau. Or, même à la retraite, on nous encourage à demeurer actif à tous points de vue. «Comme s’il fallait encore être efficace jusqu’à la fin de nos jours pour se considérer comme valable. Pourtant, le simple fait d’exister est une valeur extraordinaire en soi!»
Se convaincre qu’on vaut plus que ce qu’on fait constitue une étape importante dans notre cheminement. «En se disant qu’on mérite d’exister, le regard qu’on porte sur soi et sur l’ensemble des personnes âgées risque de changer, poursuit la théologienne. On se dit alors: “Oui, j’ai des rides et mon corps n’est plus le même, mais ça ne modifie en rien ma qualité d’être.”»
Et je continue!
Lâcher prise permet de mieux avancer, répètent les guides spirituels. Mais, avouons-le, la chose n’est pas aisée, surtout quand on a toujours été ultraperformant. «C’est pourtant le cours naturel de la vie, rappelle Nicole Bordeleau. En résistant, on risque de créer des tensions dans notre corps, de semer en nous des inquiétudes, alors qu’en trouvant un projet qui nous nourrit intérieurement, sans que ça soit relié à notre travail ou à un autre aspect de notre quotidien, on se retrouve dans l’être et non dans la performance.»
Afin d’assurer une transition en douceur entre le faire et l’être, elle recommande d’y aller progressivement: «On adopte un rythme plus respectueux de qui nous sommes. Ça ne veut pas dire cesser d’être actif, au contraire. Lâcher prise ne signifie pas abandonner. Il est plutôt question de remplacer une idée fixe par quelque chose de plus créatif.» Par exemple, au lieu de courir 10 km par jour comme on l’a fait pendant des années, on pourrait essayer de parcourir 5 km à la course et 5 km en marchant. L’âge ne nous empêche nullement de continuer à participer au mouvement. «Il faut trouver des façons de se réinventer, de se dépasser, sans avoir peur de sortir de notre zone de confort, tout en conservant la flamme, souligne Nicole Bordeleau. Et voir ça comme un beau défi au lieu d’un échec, d’une perte ou d’un deuil.»
Petits gestes, grande action
Exprimer notre gratitude, participer à un projet plus grand que soi – comme une activité de bénévolat – et cesser de se juger, tout en appréciant ce qu’on a accompli jusqu’à présent, sont autant de façons de cultiver notre spiritualité.
Être moi-même
Au bout du compte, la progression vers l’épanouissement personnel consiste avant tout à rester soi-même et à ne pas se considérer comme une victime de la vie, de Dieu, de l’Univers, du hasard ou du karma. «En acceptant ça, on ne peut pas faire autrement que d’être heureux, affirme Suzanne Rousseau. Même s’il nous arrive des pépins ou des malheurs, on demeure convaincu que la vie vaut la peine d’être vécue.»
En avançant dans notre cheminement spirituel, on comprend aussi que l’amour de soi et des autres est à la base de tout. «L’amour constitue d’ailleurs le message fondamental de toutes les religions», note la théologienne. Outre les livres et ateliers de croissance personnelle, les cours de méditation, les savoirs et connaissances pouvant nous servir de guides et d’inspiration dans notre quête, on profite de la compagnie de nos parents et amis. «Se dire, comme chantait Ferland, Une chance qu’on s’a est la plus belle façon de célébrer la vie.»
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