Dans l’étude Être grand-parent au Canada, menée en 2000 pour l’Institut Vanier de la famille, les chercheurs Carolyn J. Rosenthal et James Gladstone précisent que dans un scénario idéal, les grands-parents peuvent décider, en accord avec leur enfant, du rôle qu’ils souhaitent assumer auprès de leurs petits-enfants pendant et après les procédures de divorce. Dans certains cas, le divorce de leur enfant sera même l’occasion de renforcer leurs liens avec les petits-enfants, notamment en les voyant plus souvent et sur de plus longues périodes. Malheureusement, ces conditions idéales ne sont pas toujours réunies. Le divorce, loin de se résumer à des procédures juridiques, entraîne souvent les grands-parents dans des conflits interpersonnels qui risquent fort de compromettre cette précieuse relation avec les petits-enfants.
Une saine distance
De nombreuses études ont démontré que le divorce est une transition émotionnelle douloureuse pour les petits-enfants. Il peut créer chez eux un sentiment de tristesse, de nostalgie, d’anxiété, de regret, voire de culpabilité. Dans un tel contexte, le contact avec les grands-parents peut leur être bénéfique, surtout s’il était déjà nourrissant avant le divorce des parents.
Selon la psychologue Paule Lamontagne, il n’y a pas 56 façons de maintenir ce lien intact. «Les grands-parents doivent résister à la tentation de s’impliquer dans le conflit qui mobilise les parents. Ils ne doivent pas prendre partie en faveur de l’un ou de l’autre, et ne doivent surtout pas partager leurs opinions d’adultes avec les petits-enfants, du genre « c’est la faute de ta mère si… »», explique-t-elle.
Loin d’être une recette magique, ce rôle d’observateur bienveillant demande du travail et une volonté à toute épreuve parce que, devant le divorce de leur enfant, les grands-parents sont confrontés à leurs propres croyances et jugements de valeur. Ils sont émotionnellement impliqués, qu’ils le veuillent ou non.
«Certains considèrent le divorce de leur enfant comme un échec personnel. Ils peuvent alors être tentés de couper le contact avec cet enfant qu’ils considèrent fautif, ce qui ne facilitera pas le maintien du lien avec les petits-enfants», poursuit Paule Lamontagne.
D’autres encore ne pourront pas s’empêcher de prendre partie pour l’un ou l’autre des deux parents durant le processus d’attribution de la garde des enfants, surtout si un des deux parents est «blâmé» pour un comportement jugé inapproprié.
Par ailleurs, quand le divorce est suivi d’une nouvelle union, avec un nouveau conjoint et de nouveaux petits-enfants, Paule Lamontagne invite les grands-parents à faire preuve d’ouverture, de tolérance et d’équité à l’égard de tous les membres de la famille recomposée.
Des outils
Des outils
Toutes les situations potentiellement conflictuelles entre les grands-parents et leur enfant engagé dans des procédures de divorce pourront avoir des conséquences sur la qualité du contact avec les petits-enfants. Les grands-parents sont-ils outillés pour faire face à la crise?
«Les grands-parents doivent faire preuve de maturité, pour le bien des petits-enfants, répond catégoriquement madame Lamontagne. J’ai déjà entendu un enfant dire: « Je ne peux pas parler de mon papa avec grand-maman parce qu’elle ne l’aime pas ». C’est inadmissible!»
Pour Paule Lamontagne, la communication est essentielle, tant avec le parent qu’avec le ou les petits-enfants. Les grands-parents ont intérêt à dire clairement à leur enfant qui va se séparer qu’ils n’ont pas l’intention de s’immiscer de quelque manière dans le processus, qu’ils respecteront les décisions qui en découleront et que leur priorité sera toujours le bien-être des petits-enfants.
Il arrive que les grands-parents trouvent difficile de répondre aux questions des petits-enfants à propos de la séparation de leurs parents. L’important est que les grands-parents ne portent pas de jugement négatif sur la séparation, qu’ils ne cherchent pas à donner des explications compliquées et qu’ils fassent attention de ne pas exacerber le sentiment de culpabilité des petits-enfants (il peut être utile de leur rappeler qu’ils ne sont pas responsables de la situation).
Les Éditions du CHU Sainte-Justine proposent d’excellents ouvrages traitant, notamment, de la séparation et de la famille recomposée que les grands-parents (et les parents) voudront peut-être consulter. On peut se les procurer en librairie et le catalogue est disponible en ligne sur le site Internet du centre hospitalier.
Quand les familles se retrouvent dans une impasse parce que les relations entre les grands-parents et l’enfant en processus de séparation se sont détériorées au point de compromettre les liens d’affection avec les petits-enfants, il peut être utile de consulter un psychologue familial.
Mise à jour: avril 2009
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