Les femmes et l’argent: le success story de 4 leaders financières

Les femmes et l’argent: le success story de 4 leaders financières

Par Sophie Stival et Emmanuelle Gril

Crédit photo: Collaboration spéciale

Quatre femmes ayant fait leur marque dans le monde des affaires nous montrent comment la confiance en soi permet de développer notre empowerment en matière d’argent. Monique Leroux, Dominique Anglade, Léa Saadé et Natalie Hotte, par leur leadership et leur dynamisme, tracent la voie et sont des modèles pour toutes les générations.

MONIQUE LEROUX

70 ans
Ex-présidente du Mouvement Desjardins et mentor

Sur les réseaux sociaux, Monique Leroux se présente comme une femme d’affaires et administratrice de sociétés, passionnée par le leadership, la stratégie et le développement des personnes. On la décrit aussi comme une grande philanthrope notamment auprès des jeunes, des femmes d’affaires et dans les domaines des arts et de l’éducation. Les plus hautes distinctions lui ont été décernées : compagnon de l’Ordre du Canada, officière de l’Ordre national du Québec, chevalier de la Légion d’honneur en France, récipiendaire du prix Woodrow Wilson aux États-Unis. Sans compter tous les titres et doctorats honoris causa et prix de diverses universités canadiennes pour sa contribution dans le secteur des affaires, mais aussi communautaire.

À 70 ans, l’ancienne présidente du Mouvement Desjardins de 2008 à 2016 ne chôme pas ! Celle qui préside et siège à de nombreux conseils d’administration au Canada et en Europe avoue aimer particulièrement son rôle de mentor auprès de la relève.

Comme experte-conseil, Monique Leroux apprécie également lorsqu’un PDG ou un membre d’un conseil l’appelle pour partager un enjeu, un problème afin de brasser des idées.

Quel est l’accomplissement professionnel dont vous êtes le plus fière?

Ma plus grande réussite demeure mon élection en 2008 à la présidence du Mouvement Desjardins dans le contexte d’une crise financière complexe. Huit candidats sont en lice et il y a un collège électoral de plus de 250 personnes à convaincre. Cela a été professionnellement et personnellement des moments exceptionnels.

Quels obstacles avez-vous surmontés?

J’ai peu de réactions négatives lorsque survient un problème. Au contraire, je le vois comme une occasion de me remettre en question et d’aller plus loin. Je veux trouver une solution et surtout, résoudre le problème en équipe.

Quelles valeurs avez-vous apportées au monde des affaires?

J’ai la capacité de faire preuve d’humilité en éclaircissant les doutes qui m’assaillent, en demandant des conseils à mon entourage et en étant à l’écoute.

La qualité principale qui fait de vous une leader inspirante?

La confiance est au cœur des relations humaines et de la stabilité du système financier. Le sentiment de confiance qu’on ressent à l’endroit d’une organisation ou de ses collègues de travail demeure essentiel. Cela sous-entend de faire preuve de rigueur et de discipline, mais aussi de respecter les faits et les personnes qui nous entourent. Un vrai leader va inspirer les gens à accomplir de grandes choses en les amenant à partager une vision dont ils sont convaincus que ce sera aussi la leur. On apporte ainsi énormément d’énergie positive dans un monde qui en a grandement besoin.

Votre règle d’or en affaires?

Ma mère me disait: « On récolte ce que l’on sème. » Dans le cas de mon père, c’est plutôt la devise « Fais ce que dois [advienne que pourra] » qui résonne. Dans un environnement où il y a un choc de valeurs et des façons de faire qui ne sont pas alignées sur l’intégrité, le respect des personnes et la rigueur des faits, je préfère m’en aller ailleurs et faire autre chose.

Votre principale recommandation aux femmes afin de mieux maîtriser leurs finances?

Je ne regarde pas seulement le profit du lendemain, mais je me demande après une analyse rigoureuse de la situation comment devenir plus résiliente et penser à plus long terme. Je veux connaître les risques auxquels je m’expose afin de les anticiper et possiblement d’y faire face afin de prendre des décisions éclairées.

DOMINIQUE ANGLADE

51 ans
Professeure associée à HEC Montréal

Dominique Anglade est une véritable boule d’énergie. Avant sa carrière politique, l’ancienne cheffe du Parti libéral du Québec, vice-première ministre et ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation occupe aussi plusieurs postes de direction chez Procter & Gamble, Nortel et McKinsey, avant de devenir PDG de Montréal International. Elle est de plus titulaire d’un baccalauréat en ingénierie de Polytechnique Montréal et d’un MBA de HEC Montréal. Peu de temps avant le terrible séisme de 2010 à Haïti, où elle perd ses parents et plusieurs membres de sa famille, elle cofonde KANPE afin d’accompagner des communautés rurales défavorisées en Haïti.

À 51 ans, Dominique Anglade siège à plus d’une dizaine de conseils d’administration en plus d’être professeure associée et coleader à la Direction de la transition durable de HEC Montréal. Son leadership économique, social et politique a été récompensé maintes fois par l’obtention de plus d’une vingtaine de distinctions, souligne le site de HEC Montréal.

Quel est l’accomplissement dont vous êtes le plus fière?

Malgré les nombreuses responsabilités que j’ai occupées, la réussite dont je suis le plus fière, c’est d’avoir permis à mon entourage de réussir en même temps que moi. D’avoir un conjoint qui a pu s’épanouir dans ses fonctions et des enfants qui peuvent le faire dans leur vie, alors que chacun évolue dans sa sphère d’activité.

Quels obstacles avez-vous surmontés?

Les obstacles ne sont que des occasions de mieux rebondir. À 24 ans, j’ai dirigé un département d’une centaine de personnes chez Procter & Gamble en Ontario. J’étais quatre fois une minorité (NDLR par son âge, son sexe, son origine ethnique et sa langue) et j’avais des croûtes à manger. Tu développes alors de nouvelles manières de les convaincre que tu es la bonne personne et de travailler avec eux afin d’obtenir des résultats.

Quelles valeurs avez-vous apportées au monde des affaires?

La résilience. Dans mes nombreux projets, je n’accepte pas de me faire dire non. Les débuts de la fondation KANPE ont été difficiles. On a approché plusieurs personnes pour joindre notre conseil d’administration, solliciter des dons. On a essuyé plusieurs refus, mais on y croyait. Dans ces moments, il faut continuer et trouver des solutions.

Qu’est-ce qui fait de vous une leader inspirante?

Je crois qu’il faut aller au bout de soi-même dans le respect des autres. Quand tu as la capacité de changer les choses, tu as également la responsabilité d’agir. Ma soif d’apprendre m’a aussi amenée à œuvrer dans les secteurs privé et parapublic, à faire de la consultation, de la politique à des échelons élevés sans oublier le monde académique. On me dit que cette capacité d’aller dans différents milieux est inspirante.

Votre règle d’or en affaires?

Je veux m’associer avec les bonnes personnes. J’irais au bout du monde avec des gens respectueux, ouverts, qui ont une éthique de travail et veulent contribuer et avoir un véritable impact.

Votre principale recommandation aux femmes afin de mieux maîtriser leurs finances?

Les femmes ont parfois de la difficulté à reconnaître ce qui leur est dû. Même si on a pris des congés de maternité, on a droit d’être compensée et on a droit à son régime de pension. On oublie qu’il y a un coût financier à la maternité, à la ménopause.

LÉA SAADÉ

41 ans
Vice-présidente régionale, IG Gestion de patrimoine

La feuille de route de Léa Saadé est impressionnante. Diplômée d’un baccalauréat en administration des affaires spécialité finances et entrepreneuriat de l’Université McGill et d’un MBA exécutif de l’UQAM, elle s’est taillé une place au sein d’institutions financières canadiennes d’envergure avant d’être recrutée par la FDP. Détentrice de plusieurs titres professionnels, c’est toutefois celui de planificatrice financière qui, selon elle, lui permet de conjuguer le mieux ses deux passions : les gens et les chiffres. Malgré son agenda chargé, Léa Saadé s’implique régulièrement auprès d’organismes défendant des causes qui lui tiennent à cœur, en plus de siéger au conseil d’administration de l’Institut de planification financière, dont elle est aussi la vice-présidente trésorière.

Outre sa volonté de réussir, son cheminement témoigne également de ce qui a toujours été sa devise : qu’elles soient en couple ou pas, les femmes devraient travailler à bâtir leur autonomie financière, une valeur qu’elle s’efforce d’ailleurs de transmettre à ses deux filles.

Quel est l’accomplissement dont vous êtes le plus fière?

Chaque étape de mon parcours scolaire et professionnel a demandé beaucoup d’efforts. C’est pourquoi je suis fière d’avoir su faire preuve de résilience, de m’être dépassée et d’avoir atteint mes objectifs. Même s’il y a des obstacles, les femmes ont leur place et peuvent exceller en finance ! En 2023, j’ai également reçu le prix Coup de cœur et j’ai été nominée pour le prix Leadership de l’Association des femmes en finance du Québec. Ce sont deux reconnaissances qui me touchent tout particulièrement.

Quels obstacles avez-vous surmontés?

Durant mon parcours professionnel, on m’a déjà dit que j’étais trop jeune pour occuper des postes de gestion. J’ai dû m’accrocher et faire mes preuves pour parvenir là où je suis rendue aujourd’hui. Malheureusement, beaucoup de femmes ont tendance à baisser les bras dès le premier « non », alors qu’au contraire, il ne faut jamais lâcher et faire preuve de persévérance. À mon avis, pour avancer, il faut aussi éviter de se comparer et ne pas laisser la peur du jugement des autres nous paralyser.

Quelles valeurs féminines avez-vous apportées au monde des affaires?

L’industrie de la finance est un secteur majoritairement masculin, mais on peut assurément travailler en complémentarité. La touche féminine, à mon avis, c’est l’empathie, l’inclusion, le fait de porter attention à chaque membre de l’équipe et de leur faire sentir que leur avis est important.

La qualité principale qui fait de vous une leader inspirante?

J’ai la capacité de nouer des liens sincères, authentiques et durables, qui constituent à mes yeux la base de toute bonne relation tant personnelle que professionnelle.

Votre règle d’or en affaires?

Budgéter, planifier en amont, être structurée et organisée. Cela aide assurément à atteindre ses objectifs.

Vos recommandations aux femmes afin de mieux maîtriser leurs finances?

De faire un budget ! C’est la seule façon de savoir avec précision ce qu’on gagne, ce que l’on dépense et où va notre argent. Il est essentiel aussi de se fixer des objectifs clairs afin de bâtir notre indépendance financière au fil des ans, et ce, qu’on ait un conjoint ou pas. Attention : les femmes ont une espérance de vie plus longue, il faut donc accumuler davantage d’argent pour vivre une retraite confortable. Dernier conseil : trouver un planificateur financier de confiance qui nous aidera à atteindre nos buts financiers.

NATALIE HOTTE

58 ans
Cheffe de pratique, gestion des risques en savoirs et fiscalité au Centre québécois de formation en fiscalité

Avec plus de 30 ans d’expérience en fiscalité et planification financière personnelle, Natalie Hotte est une véritable référence dans son domaine. Preuve en est qu’après avoir œuvré pour une grande institution financière et pour la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), elle occupe aujourd’hui le poste de cheffe de pratique auprès du Centre québécois de formation en fiscalité, organisme dont RCGT est partenaire.

Généreuse de son temps et de son expertise, elle s’implique activement auprès de plusieurs organismes comme l’Association de planification fiscale et financière et l’Institut de planification financière (IPF). En plus d’avoir donné de nombreux séminaires, conférences et cours tout au long de sa carrière, elle œuvre aussi comme mentor en fiscalité pour l’IPF.

Soucieuse de fournir des solutions pratiques aux enjeux touchant la fiscalité et la planification financière, Natalie Hotte aime aussi la recherche et agit aujourd’hui en soutien aux fiscalistes, lesquels vont à leur tour aider leurs clients. C’est de cette façon qu’elle a le sentiment de redonner au plus grand nombre et de réellement faire une différence.

Quel est l’accomplissement dont vous êtes le plus fière?

Je suis particulièrement fière d’avoir réussi à toujours faire preuve de transparence et d’authenticité. À mes yeux, la chose la plus importante est de donner l’heure juste, et ce, même si ce n’est pas nécessairement facile dans un monde d’argent et de vente. Par exemple, si un produit financier n’est pas avantageux, je ne me suis jamais empêchée de le dire. C’est ainsi que j’ai pu garder la confiance de mes clients.

Quels obstacles avez-vous surmontés?

J’ai parfois eu à prendre des décisions professionnelles difficiles. J’ai dû me questionner sur mes valeurs et tenter d’y rester fidèle, même si cela impliquait des sacrifices.

Quelles valeurs féminines avez-vous apportées au monde des affaires?

Je ne pense pas que cela soit un trait spécifiquement féminin, mais à mes yeux, l’humain et le respect sont au centre de tout. Il faut être capable d’écouter et de comprendre les autres, d’accepter que leurs besoins ne soient pas nécessairement ce qu’on estime être le meilleur pour eux. Par exemple, si un client souhaite avoir une structure fiscale simplifiée, même si ce n’est pas nécessairement ce qui est le plus avantageux pour lui, on doit se mettre à sa place et respecter sa demande.

Quelle est la principale qualité qui fait de vous une leader inspirante?

Je crois résolument que tous ensemble, on est bien meilleurs que lorsqu’on est seul. C’est pourquoi j’aime apprendre des autres et poser des questions. Cela constitue une source d’inspiration pour les techniques et les méthodes de travail. Je suis également une personne honnête, fidèle, loyale et qui tient ses promesses.

Votre règle d’or en affaires?

Vous aurez sans doute compris que c’est de rester fidèle à mes valeurs! À mon avis, on devrait toujours se poser la question et déterminer ce qui est important pour soi. En vieillissant, c’est beaucoup plus facile de le savoir parce qu’on se connaît beaucoup mieux.

Vos recommandations aux femmes afin de mieux maîtriser leurs finances?

Personne n’aime faire un budget, mais c’est une étape cruciale. Établir un plan financier ainsi qu’un plan de retraite et un plan successoral sont également des incontournables. On peut s’informer en consultant les ressources offertes par des sites fiables afin d’améliorer notre littératie financière. Et comme on ne peut pas tout faire soi-même, on peut aller chercher de l’aide et s’entourer de professionnels de confiance : planificateur financier, conseiller en sécurité financière, comptable, notaire, etc.

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