Il y a 10 ans, les fonctionnaires de Melbourne ont invité les citoyens à les aviser de tout problème (maladie, risque de chute) touchant les quelque 70 000 arbres de la ville en utilisant les numéros d’identité et adresses de courriel assignés à chacun d’eux. Les Melbournois se sont plutôt mis à écrire à leur chêne, eucalyptus ou acacia préféré pour lui exprimer leur reconnaissance ou pour simplement donner de leurs nouvelles, du genre: «Comment vas-tu, vieille branche? Moi, ça va bien.»
Les fonctionnaires, d’abord surpris, ont par la suite choisi de répondre aux courriels, en empruntant la voix de l’arbre. L’expérience s’est avérée tellement enrichissante qu’elle a été maintenue. Au fil du temps, elle a encouragé les personnes désœuvrées pendant la pandémie à aller se promener sous les arbres et poussé de nombreux citadins à se reconnecter à la nature.
Si vous êtes de la génération #Jaigrandidanslesannées70 (ou à peu près), même en zone urbaine, des arbres, vous en avez grimpé. Des haricots, vous en avez piqué chez le voisin, des vers de terre, vous en avez goûté (pas vous, mais votre petit frère ou petite sœur, bien sûr). Du gros fun.
Aujourd’hui, on ne touche pas aux chenilles, on ne se frotte pas le nez dans une botte de foin. Selon les experts, on est en général plus souvent branchés sur nos écrans que connectés à l’environnement. On souffre du syndrome du déficit de nature, terme utilisé par le journaliste américain Richard Louv dans son best-seller Une enfance en liberté, et repris par le journaliste François Cardinal, à la lumière d’études menées au Québec.
Pourtant, la connexion au grand dehors est essentielle, avec ses bibittes et ses odeurs de fumier, pour le moral et la longévité. Tellement que des professionnels de la santé, grâce au programme québécois Prescri-Nature, prescrivent désormais à leurs patients des visites au parc en précisant fréquence, durée et activités recommandées.
C’est aussi une question de survie: si la planète se remettra de nos abus, la race humaine, elle, risque d’en pâtir plus sévèrement, voire disparaître, disait David Suzuki dans une entrevue accordée récemment au magazine Good Times (le cousin anglais de Bel âge), en ajoutant qu’il n’est pas trop tard pour agir. Et ça commence par remettre le nez dehors aussi souvent que possible, aller parler aux arbres, parcourir le parc du Mont-Royal ou celui du Mont-Saint-Bruno avec ses enfants ou petits-enfants, laisser une araignée courir sur sa main, traire une vache… Apprendre à connaître la nature, c’est sauver son âme et sa peau.
Des idées pour retourner aux sources
Lisez Walden ou la vie dans les bois, d’Henry David Thoreau, allez voir ce que font d’autres cultures pour rester «branchées» ou visitez la page Facebook Écopsychologie.Québec, un cyberespace de partages et d’apprentissages pour renforcer ses liens avec la Terre.
Merci, Laurence
En janvier dernier, la photographe Laurence Labat est décédée des suites d’un cancer. Outre ses magnifiques photos, nous gardons d’elle des souvenirs heureux et complices. Bon voyage, Laurence. Tu nous manques déjà beaucoup.
Tellement d’accord avec cet article. Le contact avec la nature, et surtout depuis la pandémie, est devenu une nécessité pour nous. Se promener au travers les arbres, respirer le bon air frais, des feuilles mortes à l’automne.
Regarder les oiseaux, les petits animaux se promener aussi. Quel bonheur!
Mon médecin nous a à nous aussi prescrit de sortir dehors, marcher et prendre l’air au minimum 3 fois semaine.
Très d’accord !! Nous aussi, nos vitamines, nos remèdes, notre bien-être, et notre baume pour l’âme…. sont procurés et soulagés par prescription de la nature.
Voilà une chose merveilleuse et essentielle. J’ai connu la traite des vache à 7 ans sur la ferme de mon père. On était 17 enfants et j’ai travaillé le bois et aussi construit des guitares acoustiques. Aller dehors, se tenir proche de la nature et avoir des amis, toujours avoir le contact, est la plus belle aventure sur cette planète.
merci pour cet article tellement pertinent.
La perte d’autonomie graduelle se faisant avec le vieillissement, il faut en profiter pour MARCHER et oui prendre un bol d’air avec la nature tandis qu’on le peut encore. Un jour la difficulté à se déplacer nous empêchera de marcher en nature. Bref, prenons tous les bols d’air qu’on peut, ici, aujourd’hui, maintenant.
Bonjour, je me considère très chanceuse de vivre dans un environnement sain car il y a beaucoup d’arbres autour, le bois à l’arrière et la montagne en avant et beaucoup de fleurs et arbustes. Des oiseaux, grenouilles et autres petites bibittes.
C’est bon pour le corps et l’âme.