Le pouvoir de vieillir x 100

Le pouvoir de vieillir x 100

Par Linda Priestley

Crédit photo: Collaboration spéciale

Des écoliers du primaire dans les années 1970 ont connu l’émission Les 100 tours de Centour, produite avec l’appui du ministère de l’Éducation et du Service général des moyens d’enseignement et diffusée sur les ondes de Radio-Canada. Certains enseignants la présentaient à leurs élèves pour améliorer leur français oral, avec l’aide de Centour, Verbo et Pico. C’était magique (Yé! On regarde la télé en classe!) et, sans que les jeunes auditeurs s’en aperçoivent, éducatif. On voulait le bien de ces travailleurs, dirigeants, inventeurs, penseurs, artistes, soignants, chercheurs et entrepreneurs de demain.

Aujourd’hui, ces écoliers ont grandi et, chemin faisant, ils ont façonné le monde tel que nous le connaissons maintenant. La relève a bien œuvré, comme on l’espérait. Elle se repose désormais, après tous ces beaux efforts, mais pas trop. Parce qu’elle sait très bien qu’elle doit rester active, allumée, éveillée si elle veut profiter au maximum de ses 60 ans, ses 70 ans, ses 80 ans, ses 90 ans…

N’en demeure pas moins que pour certains, elle n’a plus de valeur. Elle est boudée, invisible. Ce tour qu’on lui joue trop souvent porte un nom: l’âgisme. Et c’est très vilain, parce qu’on y perd tous, peu importe notre âge.

Heureusement, les choses changent, les mentalités évoluent. Alors que des employés dans certains domaines se sentent parfois non désirables après un certain âge – parfois aussi jeune que 35 ans ! –, ailleurs, ils défont les idées reçues, se réinventent. S’ils y parviennent, c’est avec l’appui de leur entourage et de leur milieu de travail, qui les apprécient au centuple.

Pour favoriser leur inclusion, la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, a annoncé il y a quelques semaines le lancement d’un nouveau plan d’action, La fierté de vieillir, qui comprend plus de 100 mesures pour améliorer la qualité de vie des aînés. La stratégie du gouvernement se veut très concertée: pas moins de 34 ministères et organismes, incluant ceux de la Santé, des Transports et de la Mobilité durable, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, de la Justice de même que la Société d’habitation du Québec veilleront à assurer notamment l’augmentation des services à domicile et des logements abordables, le déplacement sécuritaire des personnes âgées et leur retour sur le marché du travail sans pénalité financière. Bien entendu, la magie ne s’opérera pas en un coup de baguette. Présentement, le gouvernement doit combler les besoins en soutien à domicile qui représenteraient 183 millions d’heures. Les défis sont nombreux.

Mais bonne nouvelle: les hautes instances ont également dans leur mire la promotion positive du vieillissement et la lutte contre l’âgisme, sans quoi, avouons-le, les efforts mentionnés ci-dessus seraient presque vains. En effet, au lieu d’avoir l’impression de déranger (qui aime essayer de percer le mystère de la caisse automatique à l’épicerie avec une file d’impatients derrière soi?) et d’être ignorés partout où ils vont, les travailleurs, dirigeants, inventeurs, penseurs, artistes, soignants, chercheurs et entrepreneurs qu’on a pris tant de soin à former préfèrent (100 fois plus!) se sentir utiles et appréciés!

 

 

Image tirée de la page couverture du rapport gouvernemental.

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