Appelez-moi par mon nom

Appelez-moi par mon nom

Par Linda Priestley

Crédit photo: iStock

Les jupes fleuries, la pipe au bec, les jeudis soir de bingo et la retraite en mode golf ou bénévolat: bonjour, les clichés sur les 50 à 100 ans!

Pourtant, ce n’est pas nous tous, ça. Dans cette tranche d’âge, aussi vaste que l’incompréhension de certains jeunes face à la vieillesse, il y a autre chose. Il suffit de regarder autour de soi (et soi-même) pour le constater: on fait tout et de tout. Enfin, presque. Et pas toujours à la même vitesse qu’autrefois. Mais on le fait. Camper sous la tente après 80 ans, construire son propre kayak et partir à l’aventure, faire le tour du monde en voilier, travailler au-delà de ses 70 ans, aller en Colombie-Britannique pour acheter un cheval, suivre des cours de guitare pour la première fois, chausser des Dr. Martens, se faire raser le coco pour le look ou arborer une crinière de lion qui descend jusqu’au milieu du dos – zéro teinture –, gars ou fille.

Or, pendant qu’on fait ces choses-là, qu’on continue d’entretenir la petite flamme, d’être des gens passionnés, engagés et déterminés, certains s’entêtent à nous donner des noms ringards et discriminatoires, comme l’a récemment constaté l’Institut de la santé publique du Québec, particulièrement chez les 65 ans et plus. Dans son analyse intitulée Représentations des personnes vieillissantes et du vieillissement dans les médias écrits d’information, on peut lire que les personnes vieillissantes sont souvent représentées comme un tout, l’expression «OK boomer» illustrant notamment cette tendance à généraliser et à uniformiser «toute une génération». Elles sont même souvent qualifiées de «vulnérables», «moins productives» et «malades».

S’il est vrai que le vieillissement devrait être vécu comme une expérience différente d’une personne à l’autre, avec son lot de possibilités, d’aspirations, d’expériences et de défis, comme on peut le lire dans le rapport de l’INSPQ, les mots qui nous désignent devraient alors être à notre image: cool et positifs. Ou encore, qu’ils soient dits avec respect. Le gériatre Réjean Hébert préfère appeler ses patients «vieux ou vieille», des termes qu’il considère plus affectueux et respectueux que «personne aînée», a-t-il dit au journal Le Devoir.

Dans le livre 80-90-100 à l’heure! *, Béatrice Picard (96 ans) soutient pour sa part qu’elle ne s’offusque pas d’être appelée une vieille personne, pourvu que cela soit fait avec bienveillance et gentillesse, parce que dans le mot «vieux», il y a le mot «vie».

Le pouvoir des mots est indéniable. Dites à une personne qu’elle est incompétente, elle le deviendra probablement. Mais dites-lui qu’elle est capable, malgré les obstacles qui se dressent sur son chemin, elle fera tout en son pouvoir pour vous donner raison.

Alors, appelez-nous Simone, Doug, Jean, Christine, François, Caro, Michael, Suzie, Patricia et Normand (D’Amour, le comédien à la longue chevelure dans Stat). Parce qu’on n’est pas juste des vieux ou des vieilles. On est vivants et vivantes, chacun et chacune à sa manière.

Personne vieillissante, âgée, aînée…

À chaque individu sa préférence. Et vous ? Quel terme affectionnez-vous? Ou lequel vous fait grincer des dents? Écrivez-nous votre avis à courrier@lebelage.ca

 

* 80-90-100 à l’heure! 14 octogénaires et nonagénaires inspirants, par Judith Lachapelle et Alexandre Sirois, aux Éditions La Presse.

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